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Climat

2020, l’année la plus chaude jamais enregistrée en Europe

Selon le dernier rapport sur l’état du climat européen, l’hiver 2020 marque un nouveau record, avec une température hivernale supérieure de plus de 3,4 °C à la moyenne saisonnière. Autre phénomène remarquable : la crise sanitaire a permis d’infléchir l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère.

Les années se suivent et se réchauffent. 2020 est ainsi l’année la plus chaude jamais enregistrée en Europe, selon le nouveau rapport sur l’état du climat européen publié ce 22 avril. Le dernier record est encore tout chaud : en 2019, le sud de la France expérimentait des températures inédites, jusqu’à 45,9 °C dans le Gard. Mais les éditions annuelles du programme européen d’observation terrestre Copernicus ne sont pas là pour qu’un gros titre sur de nouveaux extrêmes climatiques chasse l’autre. Ces rapports détaillent la rapidité des changements sur le continent, qui confirment les scénarios des climatologues. Depuis l’ère préindustrielle (1850-1900), la planète a enregistré une hausse de la température moyenne de 1,2 °C, augmentation qui atteint 2,2 °C en Europe et jusqu’à 3 °C en Arctique.

L’année 2020 a ainsi été l’année la plus chaude, à cause d’un hiver et d’un automne les plus chauds jamais enregistrés en Europe. La température moyenne du continent cet hiver a été supérieure de plus de 3,4 °C à la moyenne de 1981-2010. Le vieux continent connaît aussi le plus grand nombre d’heures d’ensoleillement depuis le début des relevés par satellite en 1983. La tempête Alex à l’automne a également amené son lot de records. Freja Vamborg, autrice du rapport et chercheuse au Service pour les changements climatiques Copernicus (C3S), expliquait – lors d’un point presse – qu’« il est tombé dans certains endroits du sud de la France et du nord de l’Italie trois fois plus en vingt-quatre heures que les précipitations moyennes pour l’ensemble du mois d’octobre ».

À Breil-sur-Roya, dans les Alpes-Maritimes, le 5 octobre 2020, lors de la tempête Alex.

« Le trou dans la couche d’ozone observé en mars était sans équivalent depuis 1979 »

Le rapport détaille aussi des phénomènes qui pourraient être masqués par des moyennes, comme la transition très brusque entre un hiver humide et un printemps sec. En février, une large partie de l’Europe a ainsi souffert de pluies très violentes, alors que le nord du contient expérimentait ensuite un des printemps les plus secs depuis quarante ans. Des extrêmes qui affectent les écosystèmes, pointent les auteurs du rapport.

Une partie du texte est consacrée à l’Arctique, car 2020 est de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée pour la Sibérie arctique. Les températures hivernales minimums étaient 9 °C plus chaudes que la moyenne. Et la sécheresse estivale a entrainé de larges incendies de forêt dans la toundra sibérienne. Phénomène inédit dans l’hémisphère nord : la diminution record de la couche d’ozone [1]. « Le trou dans la couche d’ozone observé en mars était sans équivalent depuis 1979 », commente Freja Vamborg, qui fait référence au trou au-dessus de l’Antarctique. En cause, un vortex polaire particulièrement fort. Le vortex est une grande dépression d’altitude qui dépend de l’écart thermique entre l’équateur et les pôles.

L’Agence internationale de l’énergie alerte sur une augmentation de près de 5 % des émissions de GES liées à l’énergie en 2021.

Après les effets, les causes. Le rapport montre que les concentrations moyennes de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère ont continué à augmenter. Et sont — sans surprise — à leurs niveaux annuels les plus élevés depuis au moins 2003, date du début des mesures par satellite. La hausse du dioxyde de carbone augmente tout de même moins vite cette année, montrant que la réduction des activités humaines — crise sanitaire oblige — a des effets directement mesurables dans l’atmosphère. En revanche, le méthane continue de croitre plus rapidement que les années passées et les chercheurs n’ont pour l’instant pas d’explications.

Impossible pourtant de se réjouir de l’inflexion des émissions de CO2. Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié le 20 avril alerte sur une augmentation de près de 5 % des émissions de GES liées à l’énergie en 2021. La hausse de la demande mondiale en énergie est en effet estimée à 4,6 %, la portant au-dessus de son niveau d’avant-crise en 2019. C’est un « avertissement sérieux » pour l’agence : la reprise économique post-Covid est « tout sauf durable pour notre climat ».

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