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Santé

La canicule a causé 10 000 morts en plus

Les effets conjugués de la chaleur et du coronavirus ont provoqué une importante surmortalité en France cet été.

Santé publique France a compté 10 420 décès supplémentaires en France l’été dernier. Un chiffre en hausse de 6,1 % qui s’explique par les épisodes de canicule, mais aussi par la pandémie de Covid-19.

Les premiers frimas de l’hiver nous feraient presque oublier les épisodes caniculaires de l’été dernier et ses conséquences dramatiques sur la santé. Selon les chiffres de Santé publique France, dévoilés le 21 novembre, les fortes chaleurs auraient entraîné 10 420 décès supplémentaires entre le 1ᵉʳ juin et le 15 septembre. Soit une hausse de 6 %.

Cette surmortalité serait « vraisemblablement due à une exposition de la population à des fortes chaleurs. Mais il y a une interaction entre les vagues de chaleur et l’épidémie de Covid », a expliqué Sébastien Denys, directeur santé environnement travail à Santé publique France durant une conférence de presse. « La chaleur a pu fragiliser les personnes contaminées par le virus. » En effet, sur la même période, au moins 5 735 personnes sont mortes du Covid-19.

L’organisme a comptabilisé plus de 17 000 passages aux urgences et 3 500 consultations auprès de SOS Médecins. Des recours aux soins multipliés par deux pour les urgences et par trois pour les consultations. Sept accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur ont été notifiés par la direction générale du travail. Ils sont survenus principalement dans le cadre d’une activité professionnelle conduite à l’extérieur, dont trois dans le secteur de la construction.

Surmortalité en Bretagne, Grand Est et Île-de-France

Dans les départements touchés par les trois épisodes de canicule, Santé publique France a comptabilisé 2 816 décès supplémentaires, soit une hausse de 16,7 %. Les 75 ans et plus représentent 80 % des morts. Les régions Bretagne (+ 19,9 %), Grand Est (+ 25,7 %) et Île-de-France (+ 20,8 %) ont les excès de mortalité relatifs les plus importants.

« La région Bretagne, de par son climat océanique et sa localisation, a été jusqu’à cette année peu soumise aux canicules. Ainsi, la population résidente est moins acclimatée aux canicules », analyse Santé publique France. La canicule de juillet en Île-de-France a contribué pour plus de 10 % du bilan national avec 325 décès en excès. « Cet épisode, dans une région densément peuplée et urbanisée (îlots de chaleur urbains), a été marqué par des températures ponctuellement très élevées », poursuit l’organisme.

« Ces vagues de chaleur s’intensifient »

Les chiffres publiés se rapprochent des estimations de l’Insee qui prévoyait, en septembre dernier, une surmortalité de 11 000 personnes. Pour rappel, la canicule de 2003 avait entraîné la mort de 15 000 personnes.

« Les coups de chaleur peuvent provoquer des chocs cardiovasculaires voire, associés à la pollution, de graves problèmes respiratoires », expliquait à Reporterre Emmanuel Drouet, enseignant-chercheur à l’Institut de biologie structurale de Grenoble.

Or, « dans un contexte de changement climatique, ces vagues de chaleur s’intensifient », a prévenu Sébastien Denys. L’été 2022 est le second le plus chaud jamais observé en France depuis le début du XXᵉ siècle selon Météo France. « Ce constat doit être un moteur pour accélérer les politiques publiques pour lutter contre le réchauffement climatique et l’altération de la biodiversité. »

Selon une estimation encore incomplète, publiée par l’OMS à l’occasion de la COP27, à Charm-el Cheikh en Égypte, l’Allemagne dénombre au moins 4 500 morts de la canicule, l’Espagne près de 4 000, le Royaume Uni plus de 3 200 et le Portugal un millier.

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