EELV lance un observatoire des violences contre les écologistes

Les écolos, oiseaux de mauvais augure ? Autrefois, on clouait des chouettes sur les portes pour éloigner le mauvais sort... - © Red !
Les écolos, oiseaux de mauvais augure ? Autrefois, on clouait des chouettes sur les portes pour éloigner le mauvais sort... - © Red !
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Luttes LibertésL’Observatoire aura pour but de mesurer le niveau de violence contre les activistes écologistes. « Nous espérons pouvoir aussi faire de la prévention », avance le sénateur Thomas Dossus.
Un Observatoire des violences contre les militants écologistes ouvrira d’ici à l’été 2023. Il va documenter les faits et accompagner les victimes juridiquement et psychologiquement. Pour Thomas Dossus, cofondateur du projet et sénateur écologiste, sa création est essentielle.
Reporterre — Les violences contre ceux qui dénoncent la crise écologique s’intensifient. Quel est le rôle de votre initiative dans ce climat de tensions ?
Thomas Dossus — C’est en rentrant de la manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline avec Marine Tondelier (patronne d’EELV et cofondatrice de l’Observatoire) que nous avons eu l’idée de créer l’Observatoire des violences contre les militants écologistes. Nous avons assisté là-bas à un déferlement de violences. Nous avons aussi pris connaissance d’autres actualités, comme la prise à partie de la présidente de Sea Shepherd (Lamya Essemlali) par des marins du Guilvinec devant son domicile personnel. Deux jours plus tard, le siège de l’Office français de la biodiversité est attaqué à Brest. Il y a toute une liste de faits avérés.
Dans les rangs de notre parti, nous avons déjà eu des élus et des militants qui se sont fait attaquer pour leur engagement environnemental. Toutefois, nous savons que c’est quelque chose qui ne touche pas que notre organisation.
En tout cas, nous avons de plus en plus de témoignages. En mettant la lumière sur ces faits, nous espérons pouvoir aussi faire de la prévention.
La voiture de Morgan Large, journaliste enquêtant sur l’agrobusiness, a été sabotée pour la deuxième fois. Paul François, un agriculteur en lutte contre Monsanto a été capturé, ficelé et menacé à son domicile. Comment l’Observatoire va-t-il prendre en charge et accompagner ces victimes ?
Nous souhaitons proposer un accompagnement juridique pour les victimes, dont les journalistes. L’idée est de mettre en relation les personnes concernées avec des avocats, voire les faire bénéficier d’un suivi psychologique dans les cas les plus graves.

Notre idée est d’avoir un site internet sur lequel les gens peuvent témoigner et demander de l’aide. Nous voudrions avoir une personne qui puisse collecter et quantifier ces déclarations. Je suis en lien avec des organisations qui subissent des violences et qui peuvent témoigner, mais n’ont pas d’endroit pour le faire. Nous ne souhaitons pas relayer uniquement la parole de personnes, mais aussi d’organisations. Ce travail débouchera sur un rapport annuel, dont le premier sera publié à la fin de l’année 2023, sauf contretemps.
Nous n’avons pas encore de mode opératoire. Pour l’instant, nous cherchons les personnes qui voudraient intégrer la gouvernance de cet Observatoire, que nous avons ouverte à plein de personnes. Il y aura des membres de notre parti, mais aussi des personnes extérieures telles que le monde associatif, des juristes et des militants écologistes. Ces personnes sont concernées par ce sujet. Certaines d’entre elles ont même subi des violences. C’est par l’échange que l’on arrivera à monter une méthode de travail efficace. L’Observatoire ouvrira d’ici à l’été.
Les pouvoirs publics établissent déjà un recensement des violences. Pourquoi créer un observatoire en plus ?
Nous avons du mal à avoir des réponses des pouvoirs publics. Ces derniers font parfois partie des personnes qui mettent la pression sur certains écologistes. Nous devons être indépendants de l’État pour être sûr d’être objectifs.