« La lutte ne fait que commencer » : vibrante soirée de soutien aux Soulèvements

Pendant près de deux heures, une vingtaine de personnalités se sont succédé sur l’estrade de La Station – Gare des mines, à Paris. - © NnoMan Cadoret/ Reporterre
Pendant près de deux heures, une vingtaine de personnalités se sont succédé sur l’estrade de La Station – Gare des mines, à Paris. - © NnoMan Cadoret/ Reporterre
Durée de lecture : 3 minutes
Luttes Mégabassines Rencontres de l’écologieQuatre médias indépendants, à l’initiative de Reporterre, ont organisé une soirée festive et engagée en soutien aux Soulèvements de la Terre. Tous les invités ont prôné la défense des terres, des libertés publiques et de la justice sociale. À revoir ici en vidéo.
Où sont Les Soulèvements de la Terre ? Partout. Comment sont-ils ? Stratèges, courageux, poétiques, déterminés. Joyeux, surtout. C’est le sentiment que laisse la soirée organisée, le 12 avril, par les médias indépendants Reporterre, Socialter, Blast et la revue Terrestres, en soutien au mouvement de défense du vivant menacé de dissolution par le ministre de l’Intérieur. Pendant près de deux heures, une vingtaine de personnalités – artistes, activistes, juristes, chercheurs, paysans, députés, journalistes – se sont succédé sur l’estrade de La Station – Gare des mines, à Paris. Devant un public survolté, chacun a expliqué les raisons pour lesquelles il soutenait ce collectif. Et invité toutes et tous à se soulever, à leur tour, pour la défense des terres, des libertés publiques et de la justice sociale.
S’improvisant chauffeur de salle, l’anthropologue Philippe Descola a lancé la soirée en tentant de définir ce que sont Les Soulèvements de la Terre. Faire partie de ce collectif, a-t-il défendu, c’est s’élever contre l’inaction climatique de l’État, décriée jusqu’au sein des organes judiciaires français ; c’est s’opposer à l’accaparement des biens communs au profit d’une minorité, tel que le permettent les mégabassines ; c’est, enfin, s’élever contre l’intimidation par les forces répressives « de tous ceux qui ne pensent pas comme le gouvernement », comme ce fut le cas à Sainte-Soline. La police a en effet fait usage de milliers de grenades qui ont blessé des centaines de personnes.

Le constat était partagé par le reste des intervenants, qui ont tour à tour dénoncé la servitude de l’État à l’égard des forces productivistes et la violence qu’il exerce sur les défenseurs de l’environnement, en France et dans le reste du monde.
Pas question, cependant, de s’arrêter à ce sombre constat. « Il reste de la beauté à préserver et des horizons à construire », a promis l’autrice et essayiste Corinne Morel Darleux. Au fil des prises de parole, entrecoupées de « no bassaran » entonnés avec allégresse par la salle, une toile d’espoir s’est tissée. Oui, un autre monde est possible ; un monde « où l’on ne fait plus de monoculture d’humains », a imaginé la comédienne Audrey Vernon ; un monde de paysans heureux et bien rémunérés, libérés des affres du modèle agrocapitaliste, a figuré le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod. Un monde où, pour reprendre les termes d’un slam vivifiant d’Alain Damasio, « la seule croissance que nous supporterons sera celle des arbres et des enfants ».

Comment y parvenir ? « Il ne suffira pas d’enrayer la machine, de faire tomber le pouvoir, a soutenu l’écrivain et réalisateur Cyril Dion. Il va falloir le remplacer. » Pour cela, l’eurodéputé et paysan Benoît Biteau a suggéré d’entrer en désobéissance civile. La journaliste Inès Léraud, de « redoubler d’alliances ». Partout, ont insisté les intervenants, il faut poursuivre, renforcer et démultiplier le combat pour la préservation des communs engagé par Les Soulèvements de la Terre. Quoi qu’il advienne, la lutte ne fait « que commencer », a promis la secrétaire nationale d’Europe-Écologie Les Verts, Marine Tondelier. « On ne peut pas dissoudre un mouvement », a assuré le défenseur des droits humains et représentant des peuples autochtones Juan Pablo Gutierrez. Et de conclure, sous une salve d’applaudissements bientôt muée en marée dansante : « Nous sommes comme l’eau. Nous sommes inarrêtables. »