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Eau et rivières

Les océans étouffent sous le plastique

La pollution plastique est omniprésente dans les océans, alerte le WWF dans un rapport. Résultat : 88 % des espèces marines sont affectées par cette contamination. La Méditerranée a notamment atteint la limite de quantité absorbable.

À la veille de l’ouverture du One Ocean Summit à Brest, le 9 février, le WWF a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Les océans étouffent sous la pollution plastique et les eaux atteignent un point de saturation qui menace la biodiversité marine, alerte l’ONG dans un imposant rapport rendu public le 8 février.

Ce document compile plus de 2 500 études scientifiques et donne un aperçu exhaustif du danger. Entre 19 et 23 millions de tonnes de plastiques arrivent chaque année dans les eaux de la planète et se retrouvent ensuite, pour une bonne partie, dans la mer. « Cette contamination atteint toutes les parties des océans, de la surface aux grands fonds marins, des pôles aux côtes des îles les plus isolées, du plus petit plancton à la plus grosse baleine », précise le rapport. Au total, 88 % des espèces marines seraient affectées par cette pollution sévère au plastique.

Certaines d’entre elles finissent par ingérer ces déchets. C’est le cas de 90 % des oiseaux marins et de 52 % des tortues. Les poissons sont également touchés. Sur 555 espèces testées en 2021, 386 avaient ingéré des morceaux de plastique. Qui se retrouvent ensuite dans nos assiettes. Toute la chaîne alimentaire est affectée.

Selon le WWF, un cinquième des sardines en conserve contiennent des particules de plastiques. Un tiers des cabillauds pêchés en mer du Nord aurait aussi des microplastiques dans l’estomac. Côté harengs, le WWF indique que l’on a retrouvé du plastique dans 17 % d’un échantillon pêché dans la mer Baltique. Les données manquent encore pour évaluer précisément les répercussions sanitaires sur les humains que pourrait provoquer l’injection de ces produits aux composants chimiques.

Éviter une « crise planétaire »

La situation est inquiétante, tant la pollution plastique est omniprésente. Le fonctionnement de certains écosystèmes comme les mangroves ou les récifs coralliens pourrait en être bouleversé. Des zones ont déjà atteint la limite de la quantité de microplastiques qu’elles pouvaient absorber, comme la mer Jaune, la mer de Chine orientale, la Méditerranée ou la banquise arctique, avertit le WWF.

Le phénomène est similaire à celui du réchauffement climatique. Une fois un seuil franchi, les événements risquent de s’emballer. Pour éviter « cette crise planétaire », la marge de manœuvre reste néanmoins étroite.

Les polluants que l’on retrouve dans les mers sont pour une bonne part des plastiques à usage unique qui constituent entre 60 et 95 % de la pollution marine. Ils se dégradent au fur et à mesure dans l’eau, devenant de plus en plus petits, jusqu’au « nanoplastique ». De sorte que, même si plus aucun plastique n’arrivait dans l’océan, le nombre de microplastiques devrait y doubler d’ici à 2050.

Or, selon les estimations citées par le WWF, la production de plastique dans le monde devrait, au contraire, doubler d’ici à 2040. Ce qui risque donc d’entraîner une multiplication par quatre des déchets plastiques dans l’océan.

Le WWF appelle donc les États à s’engager rapidement vers un traité sur les plastiques. Les dirigeants du monde pourraient profiter du One Ocean Summit et de l’assemblée environnement de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui se déroulera du 28 février au 2 mars prochain à Nairobi, au Kenya, pour poser les premières bases d’un tel accord.

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