Rebondissement dans le match PSG-Grignon : le club abandonnerait la partie, mais... pas le Qatar

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Grands projets inutilesDans le dernier épisode du feuilleton du futur centre d’entraînement du PSG, le club champion de France abandonnerait l’occupation du site de Grignon, dans les Yvelines. En revanche, le château intéresserait toujours les Qatariens, pour en faire un hôtel de luxe. La fin de partie n’est pas encore sifflée.
Le PSG a beau enchaîner record sur record dans le championnat de France, il pourrait concéder une défaite importante en-dehors des terrains. Attachés au site de Grignon (Yvelines) pour y installer le futur nouveau centre d’entraînement du club, les dirigeants parisiens auraient été « singulièrement refroidis par la fronde des riverains et des écologistes », selon le journal Le Parisien daté du 6 mai dernier.
En conséquence, le PSG se rabattrait sur Poissy, où les Terrasses de Poncy sont toujours en attente d’un projet urbanistique. Cette alternative est proposée depuis plusieurs mois et éviterait le massacre promis à l’incroyable patrimoine agricole, fossilifère et historique du site sur lequel vivent actuellement les étudiants en première année d’AgroParisTech et des chercheurs de l’Inra. L’information a depuis été reprise par la presse nationale (comme le JDD, ici, et sportive (L’Équipe, ici, qui annoncent l’officialisation de la décision parisienne pour les prochaines semaines).

Des éléments à considérer avec précaution, tant les retards se sont accumulés dans ce dossier ouvert depuis près de quatre ans. Le choix de l’emplacement final ne cesse d’être reporté, alors qu’il était initialement attendu en mars, puis à la mi-avril. Contacté par Reporterre, David Douillet, le député de la circonscription — et fervent défenseur du projet de Poissy —, indique n’avoir aucune information supplémentaire. Au cabinet du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, on parle de « rumeurs » diffusées par la presse, « impossibles à confirmer ». Le ministère de l’Agriculture, chargé de la vente du domaine de Grignon, garantit toutefois n’avoir reçu aucune offre du PSG — ni d’aucun autre acheteur potentiel. « Ce qui peut être de nature à accréditer l’hypothèse que [les dirigeants du club parisien] cherchent d’autres pistes », admet-on.
Du côté des opposants, on reconnaît « un tournant dans l’affaire » : Frédéric Délaméa, membre du collectif pour le futur du site de Grignon (CFSG) qui fédère l’opposition au projet de vente du site au privé. Mais le collectif reste prudent : « Une hirondelle à Poissy ne fait pas le printemps à Grignon », mettait en garde le CFSG sur son blog Mediapart, il y a quelques jours.
Résidence de prestige pour villégiature de stars
Car ce changement de plan pourrait être une fausse bonne nouvelle : lundi 15 mai, Le Figaro révélait que les Qatariens, propriétaires du PSG, envisageaient de débourser jusqu’à 55 millions d’euros pour racheter le château de Thiverval-Grignon et en faire un lieu d’accueil pour leurs « invités de marque » (lien payant). À peine sauvé des pelouses synthétiques, voici donc que le domaine de Grignon est imaginé en résidence de prestige pour villégiature de stars. Un plan B qui constituerait « une aubaine pour l’État qui pourrait se passer de toute procédure d’appel d’offres », rapporte d’ailleurs un spécialiste dans le quotidien national.

Ces informations sont jugées crédibles par les opposants, pour qui ce risque est « non moins préoccupant » : « Les millions d’euros de la vente de Grignon sont très attendus pour financer Saclay [1], donc c’est une alternative très intéressante pour l’État puisqu’elle est potentiellement moins polémique sur la défiguration du site », avance Cyril Girardin, ingénieur CGT de l’Inra-Grignon. L’intérêt de opération deviendrait plus immobilier que sportif : « Le Qatar bénéficie d’une exonération d’impôts sur toutes les plus-values de ses biens acquis en France ; on peut imaginer les propriétaires revendre chèrement ce bien dans quelques années, après la coupe du monde de football du Qatar prévue en 2022 », pense le trésorier du CFSG, qui énumère les nombreuses propriétés achetées par l’émirat ces dernières années.