Retour sur 2020 : l’année des mégafeux et du Covid

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2020, c’est avant tout l’année de la crise sanitaire : aux morts du Covid-19 s’ajoutent l’exacerbation des inégalités sociales causée par le confinement et l’effroi face à l’avenir. 2020 est aussi l’année des incendies ravageurs en Australie, causés par l’intensification du dérèglement climatique. Reporterre revient sur tous les événements marquants de ces derniers mois.
Janvier — L’Australie ravagée par les mégafeux

Près de dix-neuf millions d’hectares ravagés, des milliers d’habitations détruites, des centaines de morts : de juin 2019 à mars 2020, l’Australie a lutté contre les pires incendies de son histoire. En janvier, ils étaient hors de contrôle dans les États de la Nouvelle-Galles du Sud et du Victoria. Un brouillard épais de fumées toxiques enveloppait les gratte-ciels de Sydney, la plus importante ville du pays, et les flammes léchaient ses abords. Des forêts entières ont été réduites en cendre et trois milliards d’animaux, dont des koalas et des souris marsupiales, ont péri. De nombreux scientifiques ont souligné les liens entre l’intensification de ces incendies et le réchauffement climatique. « Les feux en Australie sont un message pour le monde : si votre hypocrisie continue, vous allez tous brûler », a prévenu Glenn Albrecht, un philosophe de l’environnement australien. « Nous ne vivons pas seulement dans l’Anthropocène mais dans le Pyrocène », a déclaré à Reporterre la philosophe Joëlle Zask.
Les autres temps forts du mois :
- Le mouvement social contre la réforme des retraites — une réforme profondément anti-écologique — s’est poursuivi avec plusieurs journées de mobilisation.
- Reporterre a révélé que le gouvernement souhaitait accélérer le démantèlement de l’Office national des forêts (ONF) en modifiant le code forestier et en permettant aux salariés de droit privé d’effectuer des missions identiques à celles des fonctionnaires.
- Apparue en novembre 2019 à Wuhan, en Chine, l’épidémie de coronavirus, favorisée par l’avion et le dérèglement climatique, a continué sa progression.
Février : Le plus grand gestionnaire d’actifs du monde occupé par des écologistes

Lundi 10 février, des jeunes de Youth for Climate, avec le soutien d’organisations écolos et de Gilets jaunes, ont occupé le siège parisien de BlackRock - le plus important gestionnaire d’actifs du monde. « La réforme des retraites va largement profiter à BlackRock, qui a intérêt à ce que l’on passe à un système de capitalisation, et en plus les investissements de BlackRock sont dirigés vers des entreprises polluantes comme Vinci ou Total », dénonçaient les activistes qui, lors de l’occupation, ont tagué des messages dans les locaux. Treize activistes ont été placés en garde à vue, dont deux mineurs. L’action a suscité un déferlement de condamnations dans les médias. « On se doutait que notre action ne ferait pas l’unanimité, a dit à Reporterre Vipulan, 16 ans. On savait qu’on les dérangerait, mais en réalité qui sont les véritables vandales ? BlackRock, qui participe à l’aggravation des perturbations écologiques, ou nous qui dégradons des biens matériels avec des tags ? » Les activistes ont, aussi, été soutenus par de nombreuses personnalités, qui se sont dites « fier-e-s de cette jeunesse déterminée qui relève la tête et porte la tâche immense de réparer un monde dévasté ».
Les autres temps forts du mois :
- Un mois avant les élections municipales, Reporterre a publié un « kit » de ce que peuvent – ou pas – les communes en matière écolo, proposant des leviers pour agir.
- Reporterre a enquêté sur Déméter, la nouvelle cellule de renseignement créée par ministère de l’Intérieur et dédiée aux « atteintes au monde agricole ». Ce dispositif policier et judiciaire risque de servir à surveiller militants animalistes et écologistes opposés à l’agriculture industrielle.
- À Fessenheim, la « doyenne » des centrales nucléaires françaises a arrêté le premier de ses deux réacteurs le 21 février. Un saut dans le vide pour toute une région et les centaines de personnes qui vivaient de cette activité industrielle.
Mars — Une « vague verte » aux élections municipales… sur fond de pandémie

Le 15 mars, malgré une abstention record et la menace d’un report du second tour liée à l’épidémie de Covid-19 — un « confinement national » a été décidé par le gouvernement deux jours plus tard — les écologistes ont réalisé de très bons scores au premier tour des élections municipales. À Strasbourg, l’écologiste Jeanne Barseghian est arrivée en tête, Éric Piolle a très largement devancé Alain Carignon à Grenoble, l’écologiste Grégory Doucet était également premier à Lyon, tout comme Michèle Rubirola à Marseille.
Les autres temps forts :
- Reporterre a mené l’enquête à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et à Béziers (Hérault) sur l’écologie pâle des maires d’extrême droite.
- Langouët, Puy-Saint-André, Faux-la-Montagne... Les petites communes sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans la transition écologique. Souvent à l’origine de projets précurseurs, leurs maires font montre d’un optimisme sans faille… Non sans quelques difficultés.
Avril — La France confinée : le rêve du « monde d’après », la réalité d’inégalités exacerbées

Le « confinement national » a été instauré du 17 mars au 11 mai 2020. Dans son allocution du 16 mars, Emmanuel Macron a affirmé à plusieurs reprises que la France était en « guerre sanitaire » contre le Covid-19. Durant toute cette période, Reporterre a mis en lumière les causes et les conséquences de la pandémie, et interrogé les mesures adoptées par le gouvernement pour l’enrayer.
Comme l’a écrit le 17 mars Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, « la crise du coronavirus a ébranlé le monde d’une manière ahurissante ». Et le confinement a le même effet qu’une grève générale : mise à l’arrêt d’un système qui a failli sur les plans sanitaire et économique, baisse des émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique. Le répit était bienvenu, aussi, pour la faune et à la flore sauvages, dont l’état s’est amélioré.
Le confinement a surtout été une période éprouvante pour les Français, en révélant et en exacerbant les inégalités sociales. Pendant que les plus aisés pouvaient quitter les métropoles pour des résidences secondaires, les plus précaires n’ont pas eu d’échappatoire et ont souffert, en particulier les SDF, les mal-logés, les exilés ou encore les personnes âgées. Les habitants des quartiers populaires, eux, ont subi un double virus : celui du Covid-19, mais aussi celui des violences policières.
Par endroits, des réseaux d’entraide se sont tissés. C’était notamment le cas en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France, où la mobilisation populaire d’associations et d’habitants a atténué la faim de certains foyers. Des paysans et des consommateurs ont organisé des chemins de distribution en circuit court. Celles et ceux qui ont continué de travailler — caissières, livreurs, sous-traitants du nucléaire, ouvriers des stations d’épuration, salariés d’Amazon —, en première ligne face au virus, ont lutté pour obtenir des protections suffisantes. Le mouvement social, confiné mais pas abattu, a tenté de repenser ses modes d’action et multiplié les propositions pour « l’après ».
Pendant ce temps, l’État mettait en place la société de contrôle, au nom du coronavirus. La population française restait cloîtrée, derrière les écrans, et était privée d’accès aux espaces naturels.
Les autres temps forts :
- L’est de la France et l’Europe centrale ont connu un début de printemps dramatiquement sec.
- La « Zad de la dune » a été évacuée le 8 avril, à Brétignolles-sur-Mer (Vendée)
Mai — Une répression judiciaire hors normes contre les antinucléaires de Bure

Dans une enquête commune, Reporterre et Mediapart ont détaillé l’information judiciaire ouverte en juillet 2017 contre les opposants au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires. Cette enquête révèle une machine démesurée de renseignement sur le mouvement antinucléaire : des dizaines de personnes placées sur écoute, un millier de discussions retranscrites, plus de 85.000 conversations et messages interceptés, plus de seize ans de temps cumulé de surveillance téléphonique. Pour cette procédure, l’État a dépensé un million d’euros. La justice a également bafoué les droits de la défense, épluchant des centaines de messages soumis à la confidentialité des échanges entre les avocats et leurs clients. L’un des avocats du mouvement a lui-même été surveillé avant d’être mis en examen.
Les autres temps forts du mois :
- Pour faire face aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, le gouvernement a prévu d’accorder sept milliards d’euros d’aides à Air France. En échange, la compagnie était censée devenir « plus respectueuse de la planète ». Mais les conditions environnementales posées n’étaient ni ambitieuses ni contraignantes.
- Au nord de Paris, les élus ont voté l’agrandissement de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle et le bétonnage d’une partie des terres du triangle de Gonesse. Le 13 mai, des associations écolos ont déposé un recours en contentieux contre cette décision.
- Après avoir obtenu l’abandon du projet de la Montagne d’or, les opposants guyanais à l’industrie minière repartent au combat. La commission départementale des mines a en effet rendu un avis favorable à une nouvelle mégamine d’or à ciel ouvert, nommée Espérance.
Juin — Lutter contre « la réintoxication du monde »

Blocage d’usines de produits phytosanitaires, arrêt des travaux du grand Paris express, invasion de cimenteries, déploiement de banderoles géantes sur une autoroute ou sur le pont du Gard, occupation de jardins contre des projets d’urbanisation, rassemblement contre la destruction d’une forêt... À l’appel de 150 organisations, de nombreuses manifestations et actions de désobéissance civile se sont déroulées le 17 juin pour s’opposer physiquement à « la réintoxication du monde ». Cette journée décisive marquait, après le confinement, le retour des luttes de terrain contre les grands projets inutiles et les industries polluantes, afin d’empêcher que « le monde d’avant ne continue à pourrir celui d’après ». Reporterre s’est rendu en Loire-Atlantique, d’où est parti l’appel. Des collectifs se sont rassemblés devant l’usine Yara, premier fabricant mondial d’engrais chimiques, et contre le projet de bétonnage de 110 hectares de zones naturelles, au Carnet, où le Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire veut étendre ses activités.
Les autres temps forts du mois :
- Le 2 juin, des dizaines de milliers de personnes étaient réunies à Paris pour rendre hommage aux victimes de violences policières. Ce rassemblement, à l’initiative des proches d’Adama Traoré, faisait écho à la mort de George Floyd, un Noir tué par la police aux États-Unis par un plaquage ventral.
- Le 26 juin, une trentaine de militants d’Extinction Rebellion (XR) ont neutralisé la circulation pendant quelques heures à l’aéroport d’Orly, en banlieue parisienne. Ils sont entrés sur les pistes et ont dénoncé le soutien gouvernemental au secteur de l’aérien. Un journaliste de Reporterre a été libéré après dix heures de garde à vue pour « entrave à la circulation aérienne ».
- Au second tour des élections municipales, le 28 juin, les écologistes – à la tête de coalitions de gauche – l’ont emporté à Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Grenoble et Marseille. Ainsi que dans plusieurs villes moyennes, comme Besançon, Tours, Annecy, Poitiers, Colombes.
- Les 150 citoyens de la Convention citoyenne pour le climat ont adopté leurs propositions. Ils en ont remis 149 à l’exécutif. Le 29 juin, Emmanuel Macron a assuré vouloir reprendre « sans filtre » 146 mesures.
Juillet — Sous les fruits et légumes de l’été, des travailleurs migrants exploités

« La plaine de La Crau, c’est l’horreur ! » Reporterre s’est rendu dans des vergers des Bouches-du-Rhône, où sont employés des travailleurs étrangers. Indispensables à l’agriculture française, ils enchaînent bien souvent de longues journées de travail, courbés dans les champs, tout en vivant dans des logements insalubres. Nous leur avons donné la parole, et raconté leurs histoires. Yann Prévost et Frédéric Decosse, un avocat et un sociologue spécialistes du travail agricole détaché, ont aussi détaillé comment, en glorifiant le made in France, « on promeut des marchandises qui ne sont pas produites de manière différente qu’en Espagne ou au Maroc ».
Les autres temps forts du mois :
- Le 3 juillet, l’Élysée a annoncé la nomination du haut fonctionnaire Jean Castex à Matignon. Il a succédé à Édouard Philippe, qui occupait le poste depuis plus de trois ans. Trois jours plus tard, Barbara Pompili a remplacé Élisabeth Borne au ministère de la Transition écologique.
- Le 9 juillet, après treize années de lutte dans les bois de Roybon, en Isère, le projet de Center Parcs a été abandonné. Mais les terres appartiennent encore au géant du tourisme Pierre et Vacances. L’avenir de la forêt des Chambaran reste incertain et mobilise toujours ses défenseurs.
- Le 15 juillet, le Global Carbon Project (GCP), qui veille sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre, a montré que les concentrations de méthane (CH4) dans l’atmosphère ne cessent d’augmenter, accélérant les dérèglements climatiques déjà palpables aux quatre coins de la planète.
- Le 18 juillet, à Beaumont-sur-Oise (Île-de-France) la génération Adama et la génération climat ont marché main dans la main pour exiger vérité et justice pour Adama Traoré. Derrière le mot d’ordre commun « On veut respirer », les militants des deux mouvements se sont engagés à lutter pour une écologie populaire et antiraciste.
Août — Le nitrate d’ammonium provoque le drame à Beyrouth
Le 4 août, deux gigantesques explosions ont ravagé Beyrouth, la capitale du Liban. La double déflagration a tué au moins 171 personnes, et fait plus de 6.500 blessés. Des centaines de milliers de personnes ont perdu leur maison. Un entrepôt situé sur le port de Beyrouth et contenant environ 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées sans précaution depuis six ans, est à l’origine du drame. En 2001, l’usine AZF de Toulouse avait explosé à cause des mêmes substances. Et en Alsace, un entrepôt était dangereusement géré en 2018, comme l’avait révélé Reporterre. Les nitrates d’ammonium sont principalement utilisés pour fabriquer des engrais de synthèse, symboles de l’agriculture productiviste car ils permettent d’augmenter la croissance et le rendement des cultures. « Cette nouvelle catastrophe rappelle une nouvelle fois l’urgence absolue de s’affranchir de notre dépendance à ces substances en redéployant une agriculture moins gourmande en intrants chimiques », ont dénoncé les Amis de la Terre.
Les autres temps forts du mois :
- Durant les douze premiers jours du mois d’août, la France a vécu une période de canicule, avec des températures dépassant parfois les 40 degrés Celsius.
- Le 6 août, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a annoncé la mise en place d’un plan d’aide à destination des producteurs de betteraves, et « une modification législative cet automne » permettant une dérogation, au maximum jusqu’en 2023, pour utiliser des semences enrobées de pesticides (dits néonicotinoïdes).
- La Californie a été en proie à certains des pires incendies de son histoire, près de 240.000 personnes ont été forcées d’évacuer leur domicile. En Oregon aussi, les feux ont ravagé la région de Portland.
Septembre — Les fausses promesses de la voiture électrique

« Il n’a jamais été question de supprimer la voiture, mais de la rendre moins polluante », a déclaré la ministre de l’Écologie Barbara Pompili au cœur de l’été. Selon le gouvernement, la voiture électrique serait le « véhicule propre » par excellence, qui permettrait de conserver le même mode de vie tout en prenant soin de la planète. La réalité est tout autre, comme le montre l’enquête de Reporterre, en trois volets. Émissions de gaz à effet de serre, frénétique consommation de minerais et « révolution » des mobilités sous l’emprise du « big data » et de l’intelligence artificielle, la promesse d’un monde meilleur est surtout celle d’un enfer écologique.
Les autres temps forts du mois :
- Le 25 septembre 2019, l’usine Lubrizol de Rouen explosait, exhalant un nuage de fumées toxiques de 22 km de longueur. Un an après, des Rouennais ont raconté à Reporterre la catastrophe et combien leur vie a changé depuis.
- La loi dite de « simplification » de l’action publique a été discutée fin septembre par les députés. Ce texte poursuit à marche forcée le démantèlement du droit de l’environnement.
Octobre — Des masques potentiellement toxiques distribués aux enseignants

Pour lutter contre la propagation du Covid-19, des masques en tissu de la marque Dim ont été distribués aux enseignants et à de très nombreux fonctionnaires. Le hic ? Ils sont traités à la zéolithe d’argent et de cuivre, un produit biocide et potentiellement toxique pour les humains, comme l’a révélé Reporterre. L’Union européenne a interdit l’usage de ce produit dans les masques. Jouant d’une interprétation juridique, la société Dim affirmait que cet usage reste possible.
Mais à la suite de notre enquête, l’État a retiré ces masques et, quelques jours plus tard, l’Anses confirmait que « dans les conditions réelles de port des masques traités, tout risque sanitaire ne peut être exclu ».
Les autres temps forts du mois :
- Le 3 octobre, à l’appel des associations Alternatiba et ANV-COP21, des centaines de militants ont « marché sur les aéroports » un peu partout en France. L’objectif : dénoncer les conséquences désastreuses du trafic aérien sur le climat et proposer des solutions pour reconvertir le secteur tout en préservant l’emploi.
- La contribution de la France aux émissions mondiales de gaz à effet de serre ne se résume pas à celles produites sur son territoire. Dans un rapport publié le 6 octobre, le Haut Conseil pour le climat montre qu’entre 1995 et 2018, les émissions de gaz à effet de serre liées aux importations ont crû de plus de 78 %, alourdissant considérablement le bilan carbone du pays.
- Suppression arbitraire des subventions, poursuites judiciaires, intimidations… Les attaques contre les militants associatifs se multiplient. Le nouvel observatoire des libertés associatives a publié le 6 octobre un rapport listant une centaine d’atteintes à l’encontre des citoyens engagés ainsi que des propositions pour y mettre un terme.
- En périphérie de Grenoble, 5.000 m2 de jardins au cœur d’un quartier populaire ont été détruits pour faire place nette à un projet immobilier. Sept militants écolos qui voulaient les défendre sont aux prises avec la justice.
Novembre — L’empire Amazon s’étend en France

En France, l’implantation d’Amazon connaît une dynamique exponentielle : la multinationale compte désormais trente-et-un sites logistiques et souhaite, d’ici 2021, doubler ses surfaces de stockage, qui dépassent déjà les 800.000 m2. Reporterre s’est infiltré dans l’immense plateforme logistique de Senlis, dans l’Oise, où les humains travaillent de plus en plus comme des robots — Amazon prévoit d’ailleurs de robotiser toujours plus ses activités. Nous avons également publié la carte actualisée de l’emprise du géant du commerce en ligne.
Et cela n’est pas prêt de s’arrêter. Alors que la Convention citoyenne pour le climat exigeait un moratoire sur la construction de nouveaux entrepôts de commerce en ligne, le gouvernement cherche, au contraire, à faciliter et accélérer leur implantation. Cet automne, il a lancé une mission pour développer des sites logistiques « clé en main ».
Les autres temps forts du mois :
- En juillet 2020, Kéziah Nussier, 21 ans, était violemment passé à tabac par les forces de l’ordre lors d’une manifestation antichlordécone. C’est pourtant lui qui est poursuivi pour de supposées violences envers les agents. Le 6 novembre, Reporterre a révélé que des gendarmes et un policier ont menti dans leurs dépositions.
- Interdiction de diffuser des images de policiers, drones, reconnaissance faciale, pouvoirs accrus des policiers municipaux et des agents de sécurité… Les députés ont examiné, à partir du 17 novembre, la proposition de loi sur la sécurité globale portée par En marche. Plusieurs mobilisations ont été organisées contre ce texte, et ont été durement réprimées par le gouvernement.
- Plus d’une tomate sur huit en France est produite dans une serre chauffée. Pour inonder les supermarchés, la filière s’est organisée, concentrée, et multiplie depuis quelques années les mégaprojets. Reporterre a mené l’enquête.
Décembre — Le gouvernement a dézingué les propositions de la Convention citoyenne pour le climat

Depuis la publication des 149 mesures de la Convention citoyenne pour le climat soumises au gouvernement, l’exécutif n’a cessé de les détricoter alors qu’Emmanuel Macron promettait de les reprendre « sans filtre ». En coulisses, le gouvernement s’est par exemple appliqué, comme le montre un document interne publié par Reporterre, à démonter une proposition forte des 150 conventionnels : la redevance sur les engrais azotés, forts émetteurs de gaz à effet de serre. Le lundi 14 décembre, face aux citoyens — dont certains étaient en colère —, Emmanuel Macron a enchaîné les contre-vérités pour justifier ses reniements. Rejetant la responsabilité de l’action sur « les comportements individuels », il a annoncé un référendum sur l’intégration de la préservation de l’environnement dans l’article 1 de la Constitution.
Les autres temps forts du mois :
- Covid : la pandémie en Europe pourrait être partie d’une contamination par des fermes d’élevage de visons, en Italie. C’est la piste révélée par Reporterre, alors que l’origine de la pandémie reste mystérieuse. Malgré l’importance de cette hypothèse scientifique, les États ne ferment qu’avec réticence les élevages de ces animaux.
- À l’échelle locale, les luttes contre les projets imposés se multiplient. Depuis un an que Reporterre recense des collectifs en lutte, leur nombre a doublé. Nous avons présenté une mise à jour de notre carte des luttes, avec une nouveauté : les victoires démontrent qu’organisation et détermination peuvent faire obstacle au bétonnage.
- La mairie de Calais rase les bois le long des routes et dans les zones de promenade, où les exilés ont l’habitude de camper. Elle empêche ainsi les personnes migrantes de s’installer et les repousse toujours plus loin de la frontière franco-anglaise.
- Les Jeux olympiques 2024 inquiètent les habitants de Seine-Saint-Denis. Des collectifs dénoncent une accélération des projets de destruction, de pollution, d’expulsion et de spéculation, et se mobilisent.
- Cinq ans après l’Accord de Paris, les États ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique.