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A Dunkerque, un Grand Projet Inutile de salle de sport. Signé Vinci

L’esprit de la ZAD s’empare de la Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD). Pas pour un projet d’aéroport, non, mais pour un projet de salle de sport Arena [1] de 10.000 places. L’urgence, nous disent nos élus communautaires, est d’offrir rapidement aux deux clubs de basketball et de handball de la ville un « équipement unique, multifonctionnel et adapté […] qui doit permettre aux clubs de franchir une nouvelle étape vers le très haut niveau en se dotant de la première salle de type NBA de France ». Par ailleurs, l’enceinte sera modulaire et permettra d’accueillir des concerts et d’autres spectacles en indoor.

La salle sera construite par Vinci Construction avec l’aide de ses différentes filiales (Sogea Caroni, Dumez EPS, etc) qui a signé un contrat en partenariat public privé (PPP) avec la CUD, d’une durée de 27 ans et qui devrait coûter plus de 260 millions d’euros (prix qui inclut la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance de l’ouvrage).

On ne peut pas vraiment dire que nos élus aient été inspirés sur le coup, tout d’abord en choisissant Vinci (accusé de corruption en Russie, ou encore de ne pas respecter le droit du travail) et ensuite, en privilégiant le PPP, contrat risqué pour les finances publiques et largement critiqué en France (Notre-Dames des Landes, Hôpital Sud Francilien) comme de l’autre-côté de la Manche (le gouvernement britannique freine désormais ce type d’initiative).

Pour que la pilule passe, les acteurs du projet font appel à l’idéologie de la communion sportive, au symbole de la « fête du sport » ou encore à l’image du territoire, qui grâce à cette salle deviendra encore plus attractif.

Mais la pilule reste coincée au fond de la gorge. Le divertissement à tout prix ne fait plus diversion. Le projet Arena a été dessiné par une oligarchie locale qui privilégie grandiose et panache, et oublie l’intérêt et les difficultés de la population locale.

L’urgence en temps de crise, ce n’est pas le sport pour un territoire dévasté par le chômage (12,6% sur l’ensemble de la CUD, 25 % dans certaines villes comme Grande-Synthe) et défiguré par l’industrie sidérurgique et les 14 sites Seveso classé seuil haut.

Il est inutile de nous bercer d’illusions en nous faisant croire qu’avec la zone commerciale qui sera afférente à l’Arena, ce seront plus de 1000 emplois qui seront créés. Ne le seront-ils pas au détriment des commerces du centre-ville de Dunkerque déjà durement affaiblis par la crise ?

A l’heure où l’enquête publique sur la salle Arena a lieu (du 17 juin au 17 juillet) nous nous efforçons en tant qu’ association d’œuvrer pour plus de démocratie et de transparence. Nous travaillons pour informer les citoyens du dunkerquois sur les vraies répercussions de ce projet, et pour proposer des alternatives concrètes qui permettraient à notre territoire d’être vraiment attractif sur le plan social et de l’emploi (transport public gratuit, rénovation thermique des bâtiments, etc).

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Note

[1] Face au prétendu retard de la France en équipements sportifs, une commission « Grand Salle Arena » (Ministère des Sports) a préconisé la construction de sept grandes salles (une de 20.000 places, une de 15.000 et cinq de 10.000 places) avec la création d’un label « Arena » ouvrant les droits à un soutien financier de l’État.

Cette commission comporte 26 membres et a demandé la collaboration d’une trentaine de personnes essentiellement des responsables sportifs, mais aussi quatre élus locaux dont Michel Delebarre, président de la Communauté Urbaine de Dunkerque.


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