Tribune —
Hé, les socialistes !
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Le Pôle écologique du Parti socialiste a organisé le 25 janvier un colloque bien intéressant sur le pic pétrolier. On y a entendu des idées nouvelles, exposées par le géologue Bernard Durand.
D’abord que, compte tenu de l’autoconsommation croissante de pétrole par les pays producteurs et de la demande en expansion des pays émergés, « les quantités disponibles sur le marché international vont décroître plus vite que la production mondiale ». Ensuite que « les fortes augmentations du prix du pétrole ont été suivies de récessions sévères dans les grands pays industrialisés ». Conclusion logique de cette analyse : « Il est d’un intérêt stratégique pour les pays européens de diminuer très rapidement et considérablement leur consommation pétrolière. »
Ces vues n’ont pas été contestées. Comme le résume Philippe Tourtelier, député PS présent, « tout le monde est d’accord : le pétrole sera cher ».
Tandis que des socialistes intègrent pleinement le pic pétrolier et le changement climatique dans leur analyse, d’autres promeuvent des projets aux antipodes de cette vision du monde. Jean-Marc Ayrault, député et maire de Nantes (ah, le cumul des mandats...), président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, remue ciel et terre pour voir aboutir le projet d’un aéroport géant au nord de Nantes.
A Notre-Dame-des-Landes, il voudrait installer sur plus de 1 600 hectares de terres agricoles pistes, hangars, parkings, enfin tout le tohu-bohu lié aux mouvements des aéronefs. Mouvements qu’il faudrait d’ailleurs encourager pour garantir l’improbable rentabilité de ces espaces de béton.
Indépendamment du fait que le projet ferait disparaître de nombreuses exploitations agricoles et dégraderait la biodiversité, son succès irait bien sûr à l’opposé de la nécessaire réduction de la consommation de pétrole et des émissions de gaz à effet de serre. En cette bétonneuse matière, le socialiste est soutenu par l’UMP, dans un exemple devenu habituel de cogestion ravageuse.
C’est pourquoi j’ai l’honneur de demander respectueusement aux candidats à la primaire socialiste de l’élection présidentielle, Mmes et MM. Martine Aubry, François Hollande, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn, Manuel Valls, et les quelques autres qui se préparent, de bien vouloir nous informer : soutiennent-ils ou non le projet de Notre-Dame-des-Landes ? Leur réponse permettra de juger de la sincérité de leur discours sur l’écologie.
Amis lecteurs bien introduits, merci de leur transmettre la question, pour être certain qu’ils l’entendent. On fera connaître leur réponse.