En bref — Grands projets inutiles
Contournement est de Rouen : la région et le département prêts à compenser le désengagement de la métropole

Nouveau rebondissement dans le projet de contournement est de Rouen. Jeudi 11 février 2021, lors d’une conférence de presse, le président de la région Normandie, Hervé Morin, et le président du département de Seine-Maritime, Bertrand Bellanger, ont proposé d’augmenter leurs parts de financement pour que cette portion de 41,5 kilomètres à péage entre les autoroutes A13 et A28 puisse voir le jour, malgré le désengagement de la métropole de Rouen.
Cette annonce fait suite au vote du conseil métropolitain du lundi 8 février au cours duquel avait été voté l’abandon du financement de ce contournement. La métropole s’était pourtant engagée, il y a plus de deux ans, à débloquer 66 millions d’euros sur un budget global de près de 900 millions d’euros. Ce revirement devait être un coup fatal porté au projet, car le préfet de Normandie, Pierre-André Durand, avait annoncé le 26 janvier à la presse que l’État — engagé à hauteur de 245 millions d’euros — « [n’imposerait] pas cette infrastructure ».
« Nous délibérerons lundi [15 janvier], pour une augmentation de 157 millions à 205 millions d’euros, pour permettre de financer la partie que la métropole Rouen Normandie ne veut pas dépenser », a annoncé Hervé Morin jeudi. « Nous passerons de 22 millions d’euros à 40 millions. Cela sera soumis au prochain conseil départemental le 8 avril prochain », a pour sa part déclaré le président du département de Seine-Maritime, David Bellanger.
Le projet du #ContournementEst de #Rouen est un projet d’intérêt général qui doit dépasser la tambouille politique. Il permet de désengorger la métropole rouennaise, d’assurer la continuité du transit européen sans traverser Rouen mais aussi améliorer l’accès au port de Rouen. pic.twitter.com/FZPmDQSB1D
— Hervé Morin (@Herve_Morin) February 11, 2021
« Je ne rentrerai pas dans des polémiques. Le conseil de la métropole Rouen Normandie s’est prononcé, en toute transparence, par une majorité claire. Je n’ai pas bien compris comment la région et le département financeraient ces dizaines et dizaines de millions supplémentaires qu’elles annoncent aujourd’hui, à quelques mois des élections locales. Serait-ce au détriment d’autres projets ? D’autres territoires ? La région réduirait ses financements sur le train ? Le département réduirait ses financements en matière sociale ? Ou alors, en augmentant les impôts locaux ? J’espère que non », a réagi le président de la métropole et maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol.
« Nous ignorions que ces collectivités avaient des réserves de trésorerie aussi importantes et aucun besoin social, agricole, environnemental, sanitaire, éducatif et de rénovation énergétique de l’habitat... Mais au fond, conservateurs, productivistes et alliés des grands groupes économiques, il est assez logique qu’ils financent les grands groupes de BTP avec de l’argent public. Nous considérons que c’est irresponsable d’autant plus que la crise de la Covid va aggraver les besoins et réduire les finances publiques, ont réagi dans un communiqué commun Guillaume Grima, de l’association Effet de serre toi-même, Arnaud Levitre, maire (Parti communiste français) d’Alizay, et Laeticia Sanchez, conseillère régionale (Europe Écologie-Les Verts). Rappelons que ces deux collectivités, si elles venaient à suivre leur président, seraient les deux dernières “bernacles accrochées à leur rocher” puisque ce sont déjà quatre autres collectivités locales qui se sont retirées du financement de ce projet A133-A134 : l’intercommunalité Caux-Vexin, le conseil départemental de l’Eure, la communauté d’agglomération Seine-Eure et la métropole Rouen Normandie. »
« Quoi qu’il en soit, l’État est seul maître d’ouvrage, donc seul décideur. Le gouvernement a indiqué qu’il “n’imposera pas un projet qui ne fait pas consensus parmi les acteurs locaux”. Nous attendons donc la position de l’État », a encore déclaré M. Mayer-Rossignol. Selon la décision du Conseil d’État du 19 novembre 2020, le contournement est un projet d’intérêt général. L’État peut donc l‘imposer. Mais pour l’heure, ni le ministère des Transports ni la préfecture n’ont fait de déclaration.
- Sources : France 3 Normandie et collectif Non à l’A133-A134 (courriel)
- Photo : Hervé Morin et Bertrand Bellanger, le 11 février 2021. Twitter