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Apple invente le packaging insoutenable

Pas facile d’être vert quand on construit son image sur le marketing. Et pour une entreprise comme Apple, qui mise plus que d’autres sur l’innovation, c’est du « un pas en avant, un pas en arrière ».

Apple, plus que d’autres, est littéralement harcelée par Greenpeace, qui publie régulièrement son « guide de l’électronique verte ». Dans la dernière édition en date, Apple a reculé d’une case et figure désormais au 11e rang de ce classement des fabricants de matériel électronique, très loin derrière Nokia, Samsung et Sony Ericsson.

Apple fait des efforts, notamment pour éliminer toute une série de substances chimiques dans ses produits, et recycler les ordinateurs en fin de vie. Et l’entreprise diffuse aujourd’hui une fiche environnementale pour la quasi-totalité de ses ordinateurs, baladeurs et téléphones. Succinte, mais au moins elle existe : aucun autre industriel ne donne autant d’information sur ses produits, ce qui explique par exemple qu’Apple soit très représentée dans la base de données des empreintes carbone lancée le 30 juin dernier par Effets de Terre.

Mais là où ça se gâte, c’est qu’en dépit des efforts de l’entreprise pour regrimper dans le classement de Greenpeace, ses inventeurs innovent vers l’absurde. J’en veux pour preuve la demande de brevet pointée jeudi par TreeHugger, qui avait pêché l’info sur Apple Insider. La firme de Steve Jobs se propose de breveter le concept de packaging actif : en gros, l’emballage des téléphones, par exemple, est connecté à une source électrique pour que les appareils puissent rester chargés à bloc et recevoir des mises à jour logicielles quant ils sont suspendus sur les étalages des magasins. Connexion filaire ou, comme c’est dans l’air du temps, une connexion électrique sans fil, sorte de wifi enrichi d’une fonction d’alimentation électrique. (1)

Alors bien sûr, le consommateur serait épaté par la performance, et ravi de ne pas devoir se taper une mise à jour de son appareil comme c’est souvent le cas avec les ordinateurs. D’un point de vue technologique, ça ne pose pas trop de difficulté puisqu’il est aisé d’imprimer des circuits électroniques et des antennes sur le plastique d’un emballage. Mais franchement, ce « confort » vaut-il qu’on alourdisse encore la spectaculaire dépense d’énergie nécessaire pour fabriquer les appareils à puces électroniques ? Mérite-t-il que les appareils restent sous tension quand ils sont installés dans les étals ?

Franchement, les innovateurs nous imaginent souvent des trucs dingues. Mais il faudrait aussi qu’ils recoivent quelques cours sur l’état de la planète. Ils pourraient apprendre à laisser des brevets bien enfouis dans les oubliettes de l’histoire.

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(1) Pas mal d’entreprises travaillent là-dessus. Par exemple pour recharger les téléphones portables, les baladeurs ou alimenter des imprimantes. Le Wireless Power Consortium regroupe la plupart des industriels qui bossent là-dessus. On y trouve par exemple Philips, Olympus, Logitech, Texas Instruments ou Duracell.

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