Tribune —
Cet accord est chou
Durée de lecture : 2 minutes
« Quand François Hollande dit que la part du nucléaire passera de 75 % à 50 % de la consommation électrique, le chiffre important est celui du numérateur, la consommation : 50 % de 475 térawattheures (TWh) (consommation française de 2010) et 50 % de 300 TWh sont deux réalités tout à fait différentes. Autrement dit, une politique résolue d’économies d’énergie impliquerait une baisse plus forte du parc nucléaire. »
C’est le problème des verres remplis à moitié : à moitié pleins ou à moitié vides ? Tel l’accord entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) en ce qui concerne la politique énergétique : il semble rester entre chèvre et chou. Mais, avant de l’examiner, il convient de s’intéresser à ce que disent du sujet énergétique l’UMP et le Front national. Le document présenté par l’UMP lors sa Convention sur le développement durable le 17 novembre invite à « développer le nucléaire »... Quant au FN, son programme juge qu’il « faut conserver le nucléaire à moyen terme ». Du côté de la droite, les choses sont donc claires. Relevons d’ailleurs que l’UMP écrit que « le nucléaire représente pour la France plus de 100 000 emplois directs ou indirects » (voir page 9 de « Notre avenir se prépare aujourd’hui »), soit dix fois moins que ce que prétend le patron d’EDF, Henri Proglio.
Mais revenons à nos chèvres et à nos choux. EELV n’obtient donc pas la formule magique « sortie du nucléaire ». Mais la « fermeture progressive de 24 réacteurs » inscrite dans l’accord correspond bien à un changement radical, puisque « aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié ».
Certes, cette formule peut être interprétée de manière machiavélique : il pourrait s’agir de « projet de construction de réacteurs », ce qui laisserait la possibilité de concevoir un nouveau type de réacteurs. Il pourrait aussi s’agir de « projet de conception de réacteurs », ce qui n’interdirait pas de construire des réacteurs d’un type existant. Socialistes et écologistes devraient préciser ce détail, qui peut cacher un diable tourmenteur.
Un autre point essentiel est l’objectif de « réduire la consommation d’électricité ». Il nous faut ici recourir à des calculs requérant une attention presque insoutenable du lecteur. Quand François Hollande dit que la part du nucléaire passera de 75 % à 50 % de la consommation électrique, le chiffre important est celui du numérateur, la consommation : 50 % de 475 térawattheures (TWh) (consommation française de 2010) et 50 % de 300 TWh sont deux réalités tout à fait différentes. Autrement dit, une politique résolue d’économies d’énergie impliquerait une baisse plus forte du parc nucléaire.
D’où la question essentielle que doivent se poser les citoyens - et les responsables politiques qui ne sont pas aux ordres du lobby électrique : une politique forte d’économies d’énergie ne créerait-elle pas de nombreux emplois tout en diminuant les charges nucléaires et pétrolières ?