Col de Sarenne, dans les Alpes : une première victoire
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Les travaux sur le Col de Sarenne, près de l’Alpe d’Huez, seront très limités. La défiguration de ce lieu alpin exceptionnel devrait donc être évitée. Il reste à empêcher le passage du Tour de France - et des foules piétinant l’écosystème fragile du site.
Grâce à Mountain Wilderness et à la FRAPNA, nous avons gagné une bataille : les travaux seront nettement moins importants que prévus. Le 7 juin 2013, le Président de la Communauté de Communes de l’Oisans a ainsi déclaré : « Lorsque le projet de faire passer le Tour de France au col de Sarenne avait été imaginé, on avait, c’est vrai, envisagé de faire des travaux importants. (...) ces travaux ont bien été abandonnés. »
Il nous faut encore gagner la seconde bataille : le Tour de France ne doit pas passer au Col de Sarenne !
Pour la grande étape du 100e Tour de France (qui fait déjà l’objet de publicité sur des radios nationales : « les deux ascensions de l’Alpe d’Huez », les responsables locaux attendent deux millions de spectateurs entre le Bourg d’Oisans (710 m) et le Col de Sarenne (1999 m). 2 000 000 de spectateurs sur 21 km !
Les trois derniers kilomètres du Col de Sarenne sont raides (il y a des passages à 10%) ; une grande partie du spectacle aura lieu dans ce secteur. C’est pour cette raison qu’en octobre dernier, le Maire de l’Alpe d’Huez a déclaré : « il y aura certainement beaucoup de monde vers le col [de Sarenne] ».
Sur le plan faunistique, la prospection de la ZNIEFF de type 1 des pentes de Sarenne est jugée insuffisante par des spécialistes. Toutefois, malgré ce déficit de connaissances, des animaux fragiles et emblématiques (tétras lyre, lagopèdes et aigles royaux) sont déjà répertoriés dans l’inventaire de la ZNIEFF (zone dont les extrémités sont à moins de 750 mètres de la route pastorale). Un couple d’aigles royaux vit à proximité du Col de Sarenne, et la période d’envol des aiglons coïncide avec le passage du Tour de France (et de ses hélicoptères). La faune de Sarenne est remarquablement riche : dans les alentours, d’après le Conservatoire Botanique National Alpin, on dénombre 100 espèces animales protégées !
Afin de préserver au mieux cet environnement exceptionnel, la Préfecture et le Président de la Communauté de Communes de l’Oisans ont été respectueusement informés, par l’Association de Protection des Animaux Sauvages (association 100% indépendante, reconnue d’utilité publique, affiliée au Bureau Européen de l’Environnement), que si l’accès à la zone humide protégée de Sarenne n’est pas interdit au public du Tour de France, il sera donné une suite juridique à cette affaire.
Ainsi, l’Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope du Marais de Sarenne certifie « qu’il y a lieu de réglementer les activités sur [le] périmètre de [la zone] afin d’assurer la préservation et la tranquillité de certains biotopes nécessaires à l’alimentation, la reproduction, au repos et à la survie de plusieurs espèces animales protégées ». L’article 7.3 atteste que « toute manifestation sportive ou éducative est interdite, sauf autorisation du Préfet après avis d’une personnalité scientifique qualifiée dans le domaine des tourbières ».
La petite route pastorale de Sarenne doit être préservée, et ne doit faire l’objet d’aucune spéculation médiatique. N’oublions pas qu’un parcours alternatif existe. Il ne faut surtout pas que ce premier passage du Tour de France au Col de Sarenne « offre beaucoup de possibilités pour le futur » (comme l’a déclaré le Maire de l’Alpe d’Huez). Le Tour de France ne doit pas passer à Sarenne, ni par le versant d’Huez ni par le versant du Ferrand, ni cette année ni dans le futur. Remettons le Tour de France à sa place, la nature n’est pas un stade !
Envoyez une lettre au Préfet de l’Isère