Comment Camille et Geneviève ont quitté Notre Dame des Landes
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Les parents de Camille Lauran et de Geneviève Euvrard, les deux filles du Puy en Velay qui ont fugué à Notre-Dame des Landes, ont transmis un communiqué qui relate les circonstances de la récupération de leurs deux filles. Les deux familles s’interrogent sur la discrétion de la justice et trouvent « scandaleux » que les forces de l’ordre n’aient pu intervenir pour des raisons politiques. Elles tiennent cependant à remercier les médias qui ont diffusé les photos de leurs enfants et le travail des policiers.
Camille : une récupération mouvementée
"Camille a appelé ses parents samedi 29 décembre aux alentours de 13 heures. Le commissariat de police du Puy en Velay a immédiatement été prévenu. Parents et frère ont immédiatement pris la route pour voir Camille. Pendant le voyage, le SRPJ de Clermont Ferrand a pris en charge la suite des évènements. Camille nous a contacté plusieurs fois le long de la route pour être sûre qu’on arriverait à rejoindre la ZAD sans embûche. Une fois sur place, nous avons eu le temps de discuter avec des militants accueillants nous proposant même de nous ravitailler. Camille nous a rejoint rapidement. Après s’être enlacés, et avoir discuté, et d’accord sur le fait qu’elle repartait avec nous, elle est allée chercher son sac. En revenant, une personne est venue lui parler ne nous invitant pas à écouter. Camille et sa mère ont à nouveau parlé en marchant pour rejoindre la voiture.
"C’est là qu’ont surgi des individus cagoulés armés de bâtons et d’une pelle. Nous avons décidé de quitter le lieu très rapidement. Camille est montée toute seule sans contrainte dans la voiture à l’arrière gauche. Mon épouse est montée à l’arrière droit, et c’est à ce moment là que tout a dérapé. Un homme caché derrière bonnet et écharpe a hurlé ’Alerte ! Enlèvement d’enfant !’. Très rapidement, une bagarre violente a éclaté entre ces hommes cagoulés et notre famille. Voyant qu’ils ne pouvaient pas ouvrir la portière arrière gauche pour extraire Camille de la voiture, plusieurs personnes se sont dirigées du côté droit de la voiture, ont ouvert la portière arrière, ont voulu sortir violemment ma femme de la voiture. Voyant ça, mon fils est passé du côté droit afin de protéger sa mère. Un des agresseurs a asséné un coup de pied dans le thorax de ma femme.
"Nous avons réussi à rentrer une première fois dans la voiture, mais hélas un des agresseurs a ouvert la portière du côté de Camille qui s’est mise à crier ’Ce sont mes parents, je ne veux pas qu’on tape ma famille’. Je suis ressorti pour fermer la porte et ai crié à mes agresseurs, ’Le premier qui touche à ma fille, je le tue !’. J’ai pu alors remonter dans la voiture et partir. Nous avons entendu des bruits violents, et un projectile a été lancé sur la voiture avant que l’on arrive au barrage de gendarmerie 300 mètres plus loin environ."
Il apparaît très probable que les auteurs des coups aient pu croire, dans le feu de l’action, à un enlèvement de Camille, même si leurs coups ne plaident pas en leur faveur. En tout état de cause, une plainte reste déposée devant le TGI de St Nazaire pour violences volontaires et dégradations.
Geneviève : des retrouvailles plus sereines à Nantes
"Geneviève a téléphoné à sa maman le 1er janvier pour lui donner de ses nouvelles, et a accepté un rendez vous à Nantes dans un endroit connu des deux le 2 janvier. Une fois sur place, Geneviève était accompagnée de deux personnes de la ZAD. Ce n’est pas sans mal que Sylvie a pu avoir un moment en privé afin de parler avec son enfant. Elle n’a pu la convaincre de rentrer à la maison qu’après de longues discussions. L’un des accompagnants de Geneviève a émis plusieurs objections à son départ prétextant vouloir lui laisser son libre arbitre et lui faisant noter dans un calepin qu’elle était d’accord pour rentrer avec sa mère. Geneviève est rentrée cette nuit (du 2 au 3 janvier 2013) au Puy en Velay. Elle est en bonne santé, quoique très fatiguée."