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Tribune

Court terme, long terme

Des Jeux olympiques à Annecy en 2018 ? Une idée fantaisiste qui témoigne, une fois de plus, que les édiles locaux ont courte vue.


« Une candidature portée par une immense ferveur populaire », annonce le Comité de candidature d’Annecy aux Jeux olympiques d’hiver de 2018. « C’est tout un territoire qui vibre pour cette candidature et qui s’offre à l’idéal olympique. Ce puissant élan populaire s’étend progressivement à toute la France. » Bon sang ! J’ai hiberné trop longtemps ! Je n’ai rien senti de cette « ferveur populaire », vraisemblablement noyée dans le flux continu de nouvelles sportives qui encombrent les ondes soir et matin.

Donc, les édiles d’Annecy, de la Haute-Savoie et de la région Rhône-Alpes se mobilisent pour quinze jours d’éclat fugitif en 2018. La candidature sera déposée le 11 janvier. En fait, elle patauge : Edgar Grospiron - dont nul n’ignore qu’il fut champion de ski acrobatique - s’est retiré en décembre 2010 de la direction du comité de candidature. « Le budget est trop faible », s’est-il plaint. Pour promouvoir sa candidature, Annecy ne dispose que de 20 millions d’euros, face aux 40 millions de Munich (Allemagne) et aux 120 millions de Pyeongchang (Corée du Sud), ses rivales. Pourquoi autant d’argent est-il nécessaire pour emporter le morceau ? Si vous répondez sans employer le mot « corruption », vous avez gagné.

Tous les arguments qu’avaient employés les opposants à la candidature de Grenoble à ces mêmes Jeux restent valables pour Annecy - et ils le font savoir : bétonnage, gâchis d’argent public, retombées économiques discutables, perversion de l’idéal sportif, etc. Dans un contexte de changement climatique, l’idée de développer les sports de neige apparaît tout à fait fantaisiste. L’OCDE expliquait dans un rapport de 2007 sur les "Changements climatiques dans les Alpes européennes, que « les Alpes sont très sensibles aux changements climatiques et (que) le réchauffement récent y est à peu près trois fois supérieur à la moyenne mondiale ». Une phrase du rapport est très éclairante, quoique un peu lourde : il faut faire « un choix entre les mesures d’adaptation qui tendent à préserver le statu quo aussi longtemps que possible en dépit de conditions climatiques défavorables, et celles qui facilitent une transition moins brutale vers les nouvelles réalités qu’imposent les changements climatiques ».

Hélas, constatent les experts : « L’accent est mis pour l’instant sur le maintien du statu quo, et non pas sur l’aménagement d’une transition. » Pourquoi ? Parce que celle-ci « pourrait se révéler coûteuse aussi bien économiquement que politiquement à court terme ». Court terme contre long terme, éternel débat. Aménager la transition, c’est faire en sorte qu’Annecy ne soit pas retenu pour 2018.


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