Tribune —
Croissante propagande
La Formule 1, « une entreprise favorable au changement climatique » ? Mais non ! La Formule 1 est un outil de propagande en faveur du changement climatique. Dans la répétition de ce spectacle d’énormes moteurs où le conducteur jongle avec la mort, il y a bien une héroïsation de l’automobiliste, une célébration du véhicule à pétrole, une incitation à utiliser sans remords un des instruments les plus efficaces pour émettre des gaz à effet de serre, donc accroître le changement climatique.
La Formule 1 est « une action exercée sur l’opinion pour l’amener à avoir certaines idées », selon la définition que donne de la propagande le dictionnaire Robert. Il s’agit d’amener le public à rêver de la voiture en négligeant les cent litres d’essence que consomme chaque bolide aux cent kilomètres.
Le capitalisme excelle à rendre invisibles les ressorts de la domination, à faire passer les opinions fabriquées pour des choix volontaires des individus. A faire oublier, par exemple, que la propagande a été théorisée par Edward Bernays, inventeur de la publicité aux Etats-Unis dans les années 1920 : il expliquait dans son livre intitulé sans fard Propaganda (éd. La Découverte) que « la manipulation consciente et intelligente des masses joue un rôle important dans une société démocratique ».
Une autre illustration de l’action de la propagande ces temps-ci est le thème de la croissance. Il n’y aurait d’autre choix que « l’austérité ou la croissance », répètent en boucle les médias. Cette alternative a été un thème de la discussion du groupe Bilderberg, un des cénacles internationaux de l’oligarchie, qui s’est réuni début juin. La presse française, étonnamment, n’en a pas dit mot, alors même que le groupe est présidé par Henri de Castries, le dirigeant d’Axa. Ces messieurs – six femmes seulement parmi les 145 participants – ont devisé des problèmes du monde, « austérité ou croissance », donc, mais pas de climat ou d’environnement… Il s’agit de nous enfermer dans cette alternative suicidaire.
Récemment, José Tapia Granados, de l’université du Michigan, a publié une étude montrant que l’accroissement des gaz à effet de serre est étroitement corrélé au taux de croissance de l’économie mondiale. Vous voulez la croissance ? Vous aurez le changement climatique. Maîtriser la finance, réduire les inégalités, opérer la transition écologique, comme le propose le collectif Roosevelt 2012 ? Non. Austérité ou croissance !