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Des élus dinosaures veulent la Formule 1 en région parisienne

Crise économique, changement climatique, besoin de nature ? Pour les brillants élus des Yvelines, cela n’existe pas. Ils ne rêvent que d’une chose : un circuit de béton pour faire tourner leurs petites voitures…

Une cinquantaine d’organismes (agriculteurs, associations environnementales, riverains, municipalités, organisations politiques, etc.) ont décidé d’unir leurs forces au sein du collectif « Flins sans F1 » pour dénoncer un projet qui a tout d’un non-sens économique, écologique et social. En effet, le Conseil général des Yvelines souhaite à tout prix la construction d’un circuit de Formule 1 sur les communes de Flins-sur-Seine et des Mureaux. Le fait que les terrains soient situés sur le deuxième plus grand captage d’eau potable d’Ile de France et qu’ils devaient servir à la mise en place d’un grand projet d’agriculture bio n’a visiblement pas été pris en compte par Pierre Bédier, Président du Conseil général 78. Pour s’y opposer, la résistance s’organise : 8 recours gracieux et 1 contentieux ont été déposés, et le collectif « Flins sans F1 » appelle la population à une manifestation, samedi 17 janvier, encadrée par les tracteurs des agriculteurs chassés par la F1.

Samedi 20 décembre, à la Mairie de Mézy-sur-Seine, riverains, associations et politiques annoncent à la presse la création du Collectif « Flins sans F1 ». Ils sont encore abasourdis par la décision du Conseil général 78 de préempter les terres de Flins et des Mureaux1. Et pour cause, cette décision est une injure au bon sens. En effet, le département souhaite construire un circuit de Formule 1 et est prêt à débourser 122 millions d’euros avec l’argent du contribuable local alors que la Formule 1 est en crise. La plupart des Grands Prix de F1 sont déficitaires et Max Mosley, Président de la Fédération Internationale de l’Automobile, a récemment lancé un cri d’alarme sur la viabilité économique de la F1. Pourquoi alors imposer à la population locale une telle pollution atmosphérique et sonore pour ce qui s’annonce être un véritable gouffre financier ? Pour créer des emplois ? Temporairement dans le BTP, sans doute, mais quand on sait le peu d’emplois pérennes générés par les circuits de F1 fonctionnant beaucoup avec des saisonniers, cet argument ne tient pas la route. De même, concernant le dynamisme de l’automobile : il est difficile de comprendre comment l’installation d’un circuit de F1 à Flins fera avancer la recherche française sur la conception de voitures plus économes préparant l’après pétrole. La volonté du collectif est de promouvoir une activité économique pérenne notamment dans le secteur de l’automobile et donc de dénoncer un projet totalement aberrant. Sur le plan écologique, les terrains choisis sont en partie non constructibles d’après le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) dernièrement adopté. Ils sont situés en bordure de Seine et sur un champ de captage alimentant une des plus grosses usines d’eau potable des Yvelines participant à l’approvisionnement en eau de près de la moitié des Yvelines et de la moitié de Hauts-de-Seine. La protection de l’eau devrait donc y être un enjeu prioritaire, non seulement pour des raisons écologiques mais également économiques.

(…) Enfin, avant que le Conseil Général ne mette le grappin sur ces terres, 3 jeunes agriculteurs venaient d’y être installés. En effet, après 7 mois de travail, de réunions et de négociations, la SAFER, organisme chargé de l’aménagement et du développement de l’espace rural, avait attribué mi-octobre les terrains à 1 céréalier et 2 maraîchers dans le cadre d’une dynamique régionale de développement de l’agriculture biologique. Cette décision avait été accueillie comme une excellente nouvelle en Ile de France où le foncier se fait si rare. Dans de telles conditions d’urbanisation, il sera difficile d’atteindre en 2012 les 6% de production bio prévus par le Grenelle de l’Environnement (l’Ile de France n’en compte actuellement que 0.78%).

Ce projet de circuit de Formule 1 s’avère donc incohérent à plus d’un titre et le Collectif s’étonne qu’il ait reçu le soutien de Christine Lagarde et de François Fillon. Où en sont les bonnes résolutions prises lors du Grenelle de l’Environnement ?

 

 

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