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En Italie, un chantier de LGV arrêté. La mafia en tirait les ficelles


Le creusement d’un tunnel de 7 km pour le train à grande vitesse TAV (Treno al Alta Velocità) sous la vielle ville de Florence a pris fin le 17 janvier, à la grande joie des opposants, dans un parfum de scandale et de malfaçon.

Parmi les trente six inculpés figure l’ancien président de la région Emilie Romagne et nombre de responsables de coopératives "rouges" (ex communistes).

La longue enquête a débuté en 2010, par les investigations du corps des Gardes Forestiers (d’Etat) sur la nature des déblais er leur traitement. Les entreprises engagées par les Ferrovie dello Stato [Chemins de fer italiens] auraient déversé des boues directement dans la nappe phréatique autour de la future gare souterraine, ou dans des décharges illicites.

Peu à peu les magistrats ont établi des liens entre ces sociétés et la camorra —branche napolitaine de la mafia ; et de forts soupçons de corruption et collusion entre les cadres de Ferrovie dello Stato et de ces entreprises.

Les inculpés doivent répondre de sept chefs d’inculpation, dont escroquerie, corruption, et association de malfaiteurs. Des dizaines de perquisitions se déroulent dans toute l’Italie. Les écoutes téléphoniques ont révélé des échanges très explicites entre dirigeants des Ferrovie dello Stato et entrepreneurs : « il n’y a qu’à mettre des matériaux de mauvaise qualité, de toute façon là-dessous personne n’y verra rien ».

L’énorme machine du tunnelier, surnommé la taupe, se retrouve sous séquestre, du fait de diverses pièces défectueuses, hors normes voire dangereuses. Le matériau de revêtement du tunnel ne respectait pas les paramètres européens anti-incendie fixés après l’accident tragique du tunnel du Mont Blanc. Et depuis des mois les enseignants du lycée Otonne Rosai, dans le périmètre du chantier, dénonçaient des affaissement structurels du bâtiment et des failles qui menacent leur sécurité comme celle des enfants.

Le gouverneur (président) de la région Toscane, les Ferrovie dello Stato et le maire de Florence insistent sur le caractère « indiscutable » du projet et la nécessité de « se débarrasser des pommes pourries ».

Le Comité contre le TAV souterrain à Florence répète que c’est tout le projet qui est pourri. On ignore depuis des années toutes ses alertes sur les malfaçons. On ne lui a pas davantage répondu sur l’absence du mesure anti-sismique pour la gare sous-terraine, sur la mise en péril de la nappe phréatique, sur le bétonnage désastreux du Mugnone (affluent de l’Arno), et les risques entraînés par le creusement avec un seul tunnelier au lieu de deux —comme c‘est généralement le cas pour des travaux de cette ampleur, etc.

Le Comité demande la démission de ces Messieurs qui persistent à soutenir ce chantier frauduleux et dispendieux. Il rappelle qu’un autre projet de traversée en surface, rédigé par des techniciens et des urbanistes, permettrait en outre de financer pour le même prix, la rénovation des trois quart des transports publics florentins, en piteux état.


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