Tribune —
Entrez dans la vie ! Le gouvernement vous offre la précarité
Durée de lecture : 6 minutes
Le revenu de solidarité active banalise la précarité. Il habituerait les jeunes à considérer les emplois à temps partiel et sans garantie comme la norme.
Récession économique, faillites, éclatement des bulles spéculatives, le système capitaliste vit une crise historique que les classes dominantes, fidèles à leurs habitudes, entendent faire payer aux travailleurs-euses en CDI, précaires ou privé-e-s d’emploi. Pour continuer à augmenter leurs profits, elles précarisent, licencient, baissent les salaires, augmentent les prix et nous forcent à travailler toujours plus pour gagner toujours moins.
La précarité continue de se développer… Une nouvelle étape est franchie avec le RSA !
Le gouvernement vient de faire passer son projet de Revenu de Solidarité Active (RSA). Son principe consiste à inciter les chômeurs/euses à accepter des emplois à temps partiel en augmentant leur revenu avec la prime du RSA jusqu’à hauteur du SMIC. Ce dispositif a parfois été présenté comme une mesure de gauche (taxation du capital, objectif affiché d’aider les travailleurs pauvres, continuité avec la Prime Pour l’Emploi). En réalité…
• Le RSA est une aubaine pour le patronat : ils peuvent payer leurs salarié-e-s à temps partiel, l’Etat se charge de compléter le revenu minimum !
•Avec le RSA, les bénéficiaires des minima inscrits à l’ANPE se verront soumis au même régime que les chômeurs/euses : leurs allocations seront supprimées au bout de deux refus d’offre d’emploi !
•Le RSA durcit les discriminations à l’égard des étranger-e-s : en droit commun il leur faut désormais un titre de séjour de 5 ans minimum autorisant à travailler pour avoir droit aux minima, au lieu du titre d’un an requis pour le RMI !
•Les jeunes de moins de 26 ans, les étudiant-e-s et les apprentis, sont toujours exclus des minima !
•Un contrôle des bénéficiaires des minima est instauré, les allocations pourront être suspendues s’il est estimé que l’allocataire vit « au dessus de ses moyens » !
•Les versements sont régionalisés : une inégalité supplémentaire est créée selon que l’on dépend d’un département correctement doté ou sacrifié.
•Les contrats ne seront plus systématiquement traités par l’ANPE mais pourront être « sous-traités » par le privé.
•Le RSA creuse les inégalités salariales en encourageant le développement des « petits boulots » et des services à la personne, des emplois structurellement précaires, à temps partiel, dévalorisés et sous-payés, où il est plus difficile qu’ailleurs de s’organiser collectivement – les femmes étant les cibles favorites de ce type de contrats.
•Le RSA est dans la continuité des politiques de baisse du coût du travail (PPE, exonération de charges sociales…), qui considèrent celui-ci comme la cause du chômage - au contraire c’est la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée, et la compression du pouvoir d’achat en résultant, qui nuisent à l’activité économique et à l’emploi !
Et la jeunesse dans tout ça ? Une attaque globale…
Aujourd’hui, un quart des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté, sans accès à aucune garantie de revenu minimum. Avec le développement ces dernières années de l’intérim et des contrats précaires, on a vu émerger un nouveau sous-salariat précaire, flexible, et licenciable à souhait. Difficile de s’organiser collectivement pour défendre ses droits lorsqu’on est sur un siège éjectable ! Les stages sous-payés sont la norme, c’est une forme de travail gratuit. En parallèle, universités et lycées sont ouverts aux intérêts privés et l’éducation est mise au service du marché. Au lieu d’être un lieu d’émancipation, de réflexion et d’acquisition de savoir, le pouvoir veut les réduire en usines à main d’œuvre « prête-à-employer ». Pour lui, les travailleurs/euses en formation d’aujourd’hui sont les précaires de demain, les diplômes n’étant plus une garantie en terme de salaire et de conventions collectives.
Les jeunes des quartiers exclus du système scolaire ou relégué-e-s dans des filières sans avenir sont du coup d’autant plus touché-e-s par la précarité et le chômage, en raison des politiques de l’emploi de plus en plus libérales accentuées par les discriminations racistes au travail.
Avec la récession économique et l’aggravation des inégalités sociales, le gouvernement va en profiter pour accélérer les réformes libérales, en essayant de nous diviser pour éviter tout mouvement social d’ensemble. Pourtant, la lutte contre le CPE, il y a deux ans, a montré que les mobilisations massives de la jeunesse et des travailleurs/euses peuvent faire reculer le gouvernement. La précarité n’est pas une fatalité !
Ensemble, défendons notre droit à un avenir !
- Pour un revenu garanti à partir de 16 ans, assurant des conditions convenables de vie,
- Pour l’interdiction des contrats précaires,
- Pour un emploi stable pour tous, et le partage du travail contre le chômage,
- Pour une augmentation générale des revenus de 300 euros net, le SMIC à 1500 euros net,
- Pour la rémunération des stages au SMIC minimum, dès le premier mois,
- Pour une hausse des bourses et du nombre de logements sociaux,
- Pour un accès garanti dès 16 ans à l’assurance chômage et à la Couverture Maladie Universelle (CMU),
- Contre toutes les discriminations racistes et sexistes à l’embauche et au salaire.
Étudiants, lycéens, jeunes travailleurs et précaires, mobilisons nous contre la précarité !
Dans les assemblées générales, dans le mouvement social, convergeons pour la manif du 6 décembre à l’appel des organisations de chômeurs et précaires :
Samedi 6 décembre à 14 h métro République (à Paris).
Manifestation contre le RSA et la précarité