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Tribune

Et le soleil vint


On a connu des périodes plus joyeuses. Entre les ministres indignes, le temps pourri, des footballeurs déplaisants et un journal qui s’apprête à la vente, on a du mal à rester optimiste. Et voici que l’hebdomadaire scientifique Science en rajoute une louche. Dans son numéro du 18 juin, il consacre un dossier aux océans.

Que disent les chercheurs de ce qu’ils ont trouvé ? Que ça va mal. Ces masses énormes d’eau qu’on pensait inaltérables aux coups de griffes de l’activité humaine, voilà qu’on sait qu’elles sont, comme tout écosystème sur cette Terre, fragiles et mal en point. Des myriades de bouts de plastique jonchent le Pacifique et l’Atlantique, les polluants industriels « altèrent fondamentalement la chimie de l’océan », le niveau des mers s’élève plus rapidement qu’on ne l’imaginait il y a encore cinq ans, les bateaux font un ramdam d’infrasons dans ce Monde du silence qu’avait découvert Jacques-Yves Cousteau, l’acidification explose : « Mis à part la mort des dinosaures du fait de l’impact d’un astéroïde, le monde n’avait probablement jamais vu ce qui est en train d’infuser dans l’océan. » C’est un journal scientifique qui l’écrit, pas un magazine à sensation !

Quant aux effets du changement climatique, ils sont maintenant observés dans tous les écosystèmes océaniques. « C’est comme si la Terre fumait deux paquets de cigarettes par jour », explique un des chercheurs, Ove Hoegh-Guldberg, à l’agence Reuters.

Pendant ce temps, des pseudo-élites s’achètent pour 12 000 euros de cigares. Et n’ont qu’un rêve : la croissance. M. Blanc, amateur de havanes payés par la République, a écrit un livre intitulé La Croissance ou le Chaos (Odile Jacob, 2006). Son occupation actuelle consiste à chercher à étendre davantage la mare de béton de l’agglomération parisienne, comme si c’était la panacée.

Pessimiste, moi ? Non ! Une lumière nous vient d’ailleurs - et aujourd’hui même, le soleil revient ! C’est un livre de l’économiste Tim Jackson, Prospérité sans croissance. La transition vers une économie durable (De Boeck, 248 p., 17 euros). Il explique, avec un solide appareillage d’analyse économique, combien le système actuel est bloqué. Il montre que la crise financière découle de l’endettement - on le savait -, mais que cet endettement forcené découlait de la recherche obsessionnelle de la croissance, seul moyen trouvé pour maintenir un équilibre instable. Il explique qu’on peut en revanche concevoir une économie prospère sans détruire la biosphère. Bien sûr, cela suppose de changer les principes du système. C’est la seule chose qui peut nous rendre optimiste : la volonté de changer.


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