Tribune —
Et si l’éolien individuel n’était pas irréprochable ?

L’enfer est pavé de bonnes intentions, qui peuvent prendre la forme de petites éoliennes individuelles...
Militant naturaliste depuis plus de trente ans, et professionnel de l’écologie depuis vingt ans, j’avais comme tout un chacun un a priori favorable aux développement des énergies renouvelables en général, et de l’éolien en particulier.
J’étais certain que les solutions étaient simple pour « sortir du nucléaire ». Jusqu’à ce que...
Jusqu’à ce que je découvre comme directeur d’un parc naturel régional les dérives d’un développement incontrôlé : absences de planification, mauvaises gouvernances, dérogations à toutes précautions environnementales imposées aux autres activités. J’initiais une demande de moratoire.
J’étais alors certain que la solution résidait dans le développement et la consommation des énergies renouvelables dont l’éolien, mais localement et associés aux économies. Jusqu’à ce que...
Jusqu’à ce que mon voisin installe une éolienne sur sa façade aveugle, à trois mètres de la limite séparative, à hauteur de la fenêtre de la chambre à coucher. Dans un lotissement auparavant tranquille. A lui les recettes, à moi les mouvements et sifflements jour et nuit (not in my back yard, dit-on). C’est que, après la mode au photovoltaïque, les promoteurs démarchent désormais les particuliers par téléphone pour leur promettre des gains conséquents grâce à l’installation d’une machine sur chaque maison.
Ainsi aucun particulier ne peut ouvrir une fenêtre sur sa façade ou bâtir un garage sans autorisation, mais il peut ériger une éolienne sans aucune consultation du voisinage, ni même une simple déclaration en mairie, pourvu qu’elle ne dépasse pas 12 mètres de haut (un petit immeuble !). Comme cela avait été le cas pour l’éolien industriel, le législateur n’a pas anticipé les problèmes qui ne manqueront pas de surgir.
Les conflits vont fleurir. Les avocats s’enrichir à tenter de démontrer les troubles anormaux de voisinage, les assureurs payer... Jusqu’à ce que...
Jusqu’à ce que le législateur prenne les mesures qui s’imposent pour que de braves gens ne soient plus victimes d’une vision dogmatique et technocratique de l’écologie. Car le bruit est la première pollution ressentie par les Français qui ont besoin de pouvoir se reposer après une journée de travail, écologie ou pas.