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Gaz de schiste : en Roumanie, le village de Pungesti sous étroite surveillance policière

A Pungesti, en Roumanie, la multinationale Chevron démarre ses activités, tandis que la population est harcelée par la police.


A Pungeşti, les villageois sont poussés à bout, depuis l’assaut donné lundi 2 décembre par un millier de policiers anti-émeute contre le camp de résistance au forage d’exploration de gaz de schiste mené par Chevron. Ils lancent un appel aux autorités pour dénouer cette situation et menacent de mettre le feu à leurs maisons si on continue de les empêcher de circuler sans être en permanence filmés et contrôlés par les force de l’ordre à chaque fois qu’ils sortent de leur maison.

Comme le journal « La Vérité » le rapportait hier, la situation est loin d’être revenue au calme à Pungeşti. Même si les camions ont déjà amené sur place le matériel permettant à la compagnie Chevron de mettre en route le premier forage roumain d’exploration visant du gaz de schiste, des troupes de policiers sont toujours sur place, bien qu’il y ait aussi sur place une compagnie de sécurité embauchée par la compagnie américaine.

« Les gens ne peuvent sortir de leurs maisons sans être filmés, qu’on leur demande un acte d’identification, et qu’ ils soient interrogés. Ils ne peuvent plus mener leurs animaux aux champs ou aller toucher leurs allocations, car ils sont surveillés sans cesse. On fait appel aux autorités de l’état pour qu’elles interviennent et aplanissent la situation. Les villageois menacent d’incendier leurs maisons si on n’intervient pas afin de calmer les esprits. Jusqu’où peuvent donc aller de tels comportements abusifs ? » demande Zîna Domintean, une activiste du camp occupé par les résistants. Les habitants de Pungeşti se plaignent de ne même pas pouvoir pas aller chercher de l’eau à la fontaine librement.

En termes concrets, quiconque traverse la zone doit s’arrêter à la demande des gendarmes et montrer sa carte d’identité – qu’il soit simple pékin, journaliste, ou transporteur routier privé.

Les employés de Chevron sont arrivés le 2 décembre sur le périmètre de 8 000 m2 loué par le maire de Pungeşti qu’ils ont aussitôt ceint d’une clôture de sécurité. Les camions de la compagnie sont arrivés durant la nuit, accompagnés de fourgons remplis de centaines de gendarmes de plusieurs unités provenant de différentes régions.

Les villageois, mobilisés depuis déjà le 16 octobre dans le camp improvisé près du périmètre en question, ont vainement essayé de barrer le chemin aux camions amenant le matériel d’extraction : les gendarmes les ont évacués afin de libérer la voie.

Les employés de Chevron sont revenus à Pungeşti quinze jours après la promesse de Tom Holst, le patron de Chevron en Roumanie, de ne commencer l’exploitation qu’après avoir convaincu les villageois des avantages du projet.

« Il y a deux ou trois semaines, des jeunes sont venus dans les hameaux appartenant à la commune. Ils prétendaient être des journalistes, et demandaient aux gens de signer des papiers, afin de recevoir gratuitement les journaux locaux. En signant, ils ont en fait donné leur accord pour l’exploration des réserves de gaz de schiste », affirme Monica Focşa, conseillère municipale locale.

Du point de vue légal, les représentants de Chevron ont reçu tous les avis et les autorisations nécessaires, et ont le droit de commencer l’exploitation à Pungeşti.

Le 3 octobre, Chevron a reçu l’autorisation de travaux pour l’installation, dans le département de Vaslui, de la première foreuse destinée à l’exploration visant du gaz de schiste en Roumanie, après avoir reçu des autorités roumaines tous les avis nécessaires pour la prospection du sous-sol dans le périmètre de Siliştea.

Le commandant de l’Inspectorat Régional de la Gendarmerie (Inspectoratul Judeţean de Jandarmi – IJJ) du département de Vaslui, a affirmé que la seule personne habilitée à faire des déclarations sur le sujet est Modoranu, porte-parole de l’IJJ, mais ce dernier n’a pas pu être joint.

Toutefois, la Gendarmerie Roumaine a émis lundi un communique de presse qui se contentait d’expliquer la présence des gendarmes à Pungeşti, mais pas d’éclaircir la question des contrôles abusifs de toute personne qui transitent dans le secteur.

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