Inondations à Nancy, le changement climatique suspecté
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On ne peut affirmer que les pluies diluviennes qui ont noyé Nancy la nuit du 21 au 22 mai sont l’effet du changement climatique. Mais globalement, les modélisations des effets du réchauffement prédisent une augmentation globale des précipitations et des phénomènes extrêmes, en particulier des inondations.
Soyons sérieux, il n’est pas possible d’incriminer le réchauffement climatique dans les phénomènes météorologiques ponctuels. En revanche, les modélisations des effets du réchauffement prédisent une augmentation globale des précipitations et des phénomènes extrêmes, en particulier des inondations. Avec un paradoxe : il devrait y avoir plus de pluies mais moins d’eau.
L’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, du fait des activités humaines, aboutit à une augmentation des températures moyennes à la surface de la planète. Cette augmentation induit plus d’évaporation d’une part et une plus grande capacité de l’air à contenir de la vapeur d’eau. De ce surplus d’eau dans l’atmosphère devrait résulter une augmentation des précipitations. Le phénomène est encore assez mal connu, mais de nombreuses études visent à comprendre comment cet excès de précipitations se répartit sur le globe et sur l’année, si les épisodes de pluies durent plus longtemps, ou s’il pleut davantage dans des laps de temps plus courts entraînant des épisodes de déluges.
Selon le Docteur Kevin Trenberth, chef du département d’analyse du climat du NCAR (National Centrer for Atmospheric Research), pour chaque augmentation d’un degré Celsius, la capacité de l’atmosphère à contenir de la vapeur d’eau, augmente de 6 à 7% (1). En moyenne, depuis les années 1970, la vapeur d’eau au-dessus de l’Atlantique a augmenté de 4% et quand celle-ci se retrouve piégée dans un phénomène de tempête, elle a tendance à en augmenter la vigueur.
Selon Trendberth, on considère que l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes (et des inondations qui peuvent en résulter) font partie de la variabilité naturelle du climat, mais il faut se rendre à l’évidence qu’il y a une influence systématique de l’accroissement de la quantité d’eau dans l’atmosphère sur les phénomènes météorologiques (2).
Toujours selon Trenberth, il faut s’attendre à des épisodes pluvieux plus violents avec des périodes sèches plus longues. Ce qui nécessitera de repenser nos systèmes de drainage et de récupération des eaux pluviales. Mais quand l’eau arrive en grande quantité dans des temps très courts, il est généralement très difficile de la conserver.
Pour les mêmes raisons, davantage de précipitations se feront sous la forme de pluie et moins sous la forme de neige. Ce qui signifie moins de réserves d’eau pour les périodes estivales, et ce d’autant plus que les neiges devraient également fondre plus rapidement.
Ainsi Tim Barnett, chercheur à la Scripps Institution of Oceanography, a montré (3) que les glaciers de la Sierra Nevada pourraient fournir 30 à 40 % moins d’eau aux Californiens et que globalement l’ouest des Etats-Unis devra faire face à une crise de l’eau qui a déjà commencé. Son modèle s’applique aux autres régions du monde, dont une bonne partie de l’Europe, avec des conséquences majeures sur l’agriculture. Ainsi le risque d’avoir trop d’eau quand nous n’en avons pas besoin et pas assez quand nous avons besoin devrait s’accroître.
Les modèles climatiques montrent également que les pays arrosés devraient l’être davantage alors que les pays les plus secs devraient recevoir encore moins d’eau, faisant parfois dire que le réchauffement climatique enrichit les riches et appauvrit les pauvres.
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Notes :
(1) Water Cycles and Climate Change, Kevin E. Trenberth.
2) Exclusive interview : NCAR’s Trenberth on the link between global warming and extreme deluges, Climate Progress, juin 2010.
3) Human induce changes in the hydrological cycle in the western United States