L’Europe subventionne le secteur pétrolier
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Des milliards d’euros pour les compagnies pétrolières européennes. Vive l’effet de serre !
Un nouveau rapport des Amis de la Terre - Europe met en évidence que des milliards d’euros de fonds publics européens sont utilisés chaque année pour subventionner le secteur pétrolier, et contribuent donc massivement à aggraver les changements climatiques. La cohérence avec la lutte contre les changements climatiques impose de mettre fin à ces soutiens publics, issus principalement de la Banque européenne d’investissement et des agences publiques de crédit à l’exportation (la Coface en France).
Selon le rapport des Amis de la Terre - Europe, durant les cinq dernières années (2004 à 2008), les compagnies pétrolières européennes ont bénéficié de 6 milliards d’euros sous différentes formes de soutien public, tandis que le Parlement européen a approuvé le 6 mai dernier un soutien supplémentaire à ce secteur de 2,5 milliards d’euros dans le cadre du plan de relance européen. Le Parlement a pourtant adopté en novembre 2007 une résolution visant à stopper tout financement public aux projets d’énergies fossiles.
Pour Gwenael Wasse, chargé de campagne pour la responsabilité des entreprises, « Il est hypocrite pour l’Union européenne de déclarer d’un côté vouloir s’attaquer aux changements climatiques, et de l’autre verser des milliards d’euros publics aux compagnies pétrolières européennes. En pleine crise économique, il est scandaleux qu’un secteur industriel aussi polluant et richissime continue à recevoir des fonds publics ».
Ce sont les investissements de la Banque européenne d’investissement (presque 70 % du total) et les garanties des agences de crédits à l’exportation (15 %) qui représentent les plus grosses formes de soutien public aux compagnies pétrolières. Suivent les subventions au captage et stockage du carbone (CSC). Or, cette technologie qui consiste à capturer le dioxyde de carbone issu de la combustion des énergies fossiles pour l’injecter sous terre, ne fait l’objet d’aucun consensus scientifique et détourne des ressources financières publiques qui seraient utilisées bien plus efficacement à améliorer l’efficacité énergétique et à développer les énergies renouvelables.
Pour Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre : « Les compagnies pétrolières ne doivent plus bénéficier de soutien publics : chaque euro public ainsi engagé aggrave en effet notre dépendance aux énergies fossiles, et amoindrit nos chances de limiter les changements climatiques à 2 °C d’augmentation, ce que demande pourtant l’Union européenne ! L’incohérence est totale. L’argent public doit être utilisé non sur la base du « principe pollueur payé », mais pour accélérer la sortie de l’économie fossile. Les compagnies pétrolières investissent des milliards dans les sables bitumineux, dont l’impact climatique est trois fois pire que les pétroles conventionnels, mais ni la banque publique de l’Union européenne ni les agences publiques de crédit à l’exportation comme la Coface ne s’en soucient : elles n’imposent aucun critère climatique pour leur soutien ».