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Tribune

L’écologie est un combat

« L’écologie, à vrai dire, n’a jamais avancé par un jeu spontané des institutions politiques – Etat, partis, médias. C’est la lutte tenace de citoyens dévoués sur le terrain qui a fait avancer les choses et les esprits »


L’atmosphère de la campagne électorale ne peut que désespérer les citoyens conscients de la gravité de la crise écologique. Lors de son émission télévisée du 26janvier, François Hollande n’a pas eu un seul mot ou pensée sur un sujet environnemental.

On n’entend pas davantage les autres candidats sur ce thème, comme s’ils avaient tous intégré la parole de M.Sarkozy, le 6 mars 2010 :« Toutes ces questions d’environnement, ça commence à bien faire. » Les candidats, au demeurant, ne sont pas seuls responsables de ce déni. Les journalistes aussi y ont leur part.

Ainsi, lors de l’émission « Des paroles et des actes », le 12 janvier, Jean-Luc Mélenchon a évoqué par trois fois la question écologique. N’aurait-il pas été intéressant de titiller à ce sujet un homme issu de la gauche traditionnelle, allié à un parti historiquement productiviste et nucléariste, le Parti communiste français ? Mais pour les éminences médiatiques, l’environnement ne fait pas partie des questions sérieuses.

Changement climatique, étalement urbain, rôle des produits chimiques sur la santé, plantes transgéniques, transports collectifs, économies d’énergie, déchets nucléaires, autant de thèmes absents du discours politique – et même des programmes.

Par exemple, les « engagements pour la France » de M.Hollande sont lacunaires en ce qui concerne l’environnement, et, pour ce qu’ils en disent, ils pourraient être repris mot pour mot par M.Sarkozy, à la seule différence près du passage à 50 % de la part du nucléaire.

Selon Denis Baupin, élu d’Europe Ecologie-Les Verts, l’aphasie du discours politique s’explique ainsi : « Les politiques classiques veulent annoncer des lendemains qui chantent. Or, l’analyse de la situation écologique, surtout quand on n’a pas de grille de contre-propositions, leur apparaît probablement incompatible avec une bonne campagne. »

Cette explication est convaincante. Mais sans doute partielle : car l’obsession croissanciste et la solidarité avec les intérêts dominants expliquent aussi ce vide politique.

L’écologie, à vrai dire, n’a jamais avancé par un jeu spontané des institutions politiques – Etat, partis, médias. C’est la lutte tenace de citoyens dévoués sur le terrain qui a fait avancer les choses et les esprits. Il en ira de même à l’avenir, et l’on suivra donc avec attention la chaîne humaine contre le nucléaire le 11 mars, et la manifestation du 24 mars contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.


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