L’opposition aux nouveaux TGV devient européenne
Durée de lecture : 4 minutes
Dans plusieurs régions europénnes, les écologistes s’opposent à de nouveaux TGV, prônant la réanimation du réseau de chemin de fer existant. Ils ont remis leur argumentaire au Parlement européen le 18 mai.
Notre collectif interrégional né en janvier 2010 de l’Union de associations et comités de citoyens/riverains s’opposant à la branche Sud [de la ligne LGV Rhin-Rhône], s’inscrit désormais dans une alliance d’ampleur nationale et internationale (Allemagne, Espagne, Italie, France…), partageant les mêmes valeurs d’un projet de société plus écologique dans le domaine des transports. Cette alliance avait abouti le 23 janvier, à Hendaye, à une Charte, qui a été remise à la présidente de la Commission Transports et aux députés européens le 18 mai à Strasbourg. Une délégation d’une trentaine de militants, de responsables associatifs et d’élus du Collectif des 3 Régions a participé à cette rencontre.
Après avoir rappelé leur attachement au développement prioritaire du ferroviaire, les délégations ont souligné devant les députés présents (1) les points suivants :
1) CES PROJETS NE CORRESPONDENT PLUS AUX PRIORITES ET AUX CAPACITES FINANCIERES DE L’EUROPE EN CRISE
Dans la situation de crise financière, d’endettement et d’étranglement budgétaire dans lesquels se trouvent les pays de la Communauté Européenne et les collectivités régionales, l’endettement français de RFF (Réseau Ferré de France) et la carence de la SNCF dans l’entretien du réseau « secondaire », il est irresponsable de s’engager plus avant dans des projets dont le coût global serait de plus de 30 milliards d’euros (celui annoncé pour la branche Sud, de 3 milliards d’euros risquant de se multiplier par deux à l’instar de la branche Est passée de 1,2 à 2,5 milliards).
Or, contrairement à la propagande, il n’y a aucun financement européen d’assuré, pas plus que de financement des Etats contraints à une cure « d’austérité ». Personne aujourd’hui ne peut affirmer que la branche Sud « se fera ».
C’est la fin de l’âge d’or des TGV et LGV dont RFF ET la SNCF sont aujourd’hui obligés de réduire « le train de vie » car la grande vitesse se fait au détriment des autres lignes et des villes moyennes et ne correspond plus aux besoins et aux moyens de la très grande majorité des usagers !
2) UN DETOURNEMENT DES PROCEDURES DEMOCRATIQUES ET LE NON RESPECT DE LA CONVENTION D’AARHUS
RFF, les décideurs et des élus utilisent des procédures voulant faire croire à une concertation, mais les débats publics sont fondés sur des dossiers grossièrement manipulés : surestimation des trafics, sous-estimation des coûts, absence d’études sur les capacités des réseaux existants, etc. C’est un détournement de démocratie, et les délégations ont demandé l’application de la Convention d’Aarhus, signée par l’Europe, qui exige que les citoyens soient consultés lorsque toutes les options sont encore possibles, sur la base d’informations fiables.
Sur ce point, nous avons obtenu des assurances unanimes.
3) UN ENGAGEMENT SOLIDAIRE A POURSUIVRE NOS COMBATS ET A PROPOSER DES ALTERNATIVES
Bien évidemment, le développement des transports ferroviaires est toujours pour nous la priorité et nous souhaitons qu’ils soient privilégiés de préférence au réseau routier ou au transport aérien dont les impacts sur l’environnement sont considérablement plus négatifs. Notre proposition reste celle, réaliste, d’une optimisation des lignes existantes conjuguée à une maîtrise des déplacements de personnes et marchandises. Nous avons conscience que les intérêts de lobbies très puissants espérant capter des marchés ferons obstacle à la démocratie et à l’intérêt général et lançons un appel aux syndicats à participer à nos combats.
4 ) L’OBJECTIF DE NOTRE ALLIANCE EUROPEENNE EST L’ABANDON DE TOUS LES PROJETS ALLEMANDS, ESPAGNOLS, FRANÇAIS ET ITALIENS
Aussi, concernant la France et ses projets, nous exigeons dans l’immédiat :
- la publication du Schéma National des Infrastructures de Transports (SNIT) ;
- une expertise actualisée de l’utilité publique des LGV, capable d’apporter les éléments qui manquent actuellement tant au plan environnemental qu’économique ou social et de répondre prioritairement aux enjeux ci-dessus évoqués ;
- des études techniquement approfondies et chiffrées de la modernisation du réseau des lignes existantes et de l’extension/connection de dessertes de proximité ;
- une position claire et argumentée sur la part réservée au fret ferroviaire dans les projets européens, nationaux et régionaux.
......................................
Notes :
(1) Outre des député(e) italiens (soutenus pas une forte délégation anti-mafia..), espagnols, irlandais, allemands, les députés français étaient représentés par Sandrine Bélier, José Bové et Catherine Grèze, solidaires de notre démarche.