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La traversée de France à vélo - contre le mensonge sur Tchernobyl

Un militant d’un collectif demandant que l’Organisation mondiale de la santé soit libérée de l’influence des lobbies a traversé la France pour manifester devant l’agence onusienne.


Pédaler peut s’avérer un geste militant. C’est en tout cas dans cet esprit qu’un membre nantais du collectif Independent WHO (ou indépendance pour l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé) a relié sa ville d’origine à Genève. Un périple de presque huit cents kilomètres à travers la France, avalé en quatre jours. Arrivé dimanche 18, il a terminé mercredi 21 juillet son tour de garde comme « vigie » du collectif devant le siège de l’OMS. Ses militants se relayent en effet depuis le 26 avril 2007 pour demander que soient dénoncés les accords entre l’organisation et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) empêchant d’enquêter librement sur les retombées d’accidents nucléaires civils.

« J’ai voulu ajouter une épreuve sportive à mon engagement militant », déclare Henri Tendron. Ce secouriste de 63 ans, originaire d’un village aux alentours de Nantes, poursuit : « L’effort physique fourni pour le voyage me permet de participer symboliquement à la souffrance des victimes de la catastrophe de Tchernobyl. »

Ecoeuré par les chiffres avancés par l’OMS dans les mois qui ont suivi l’explosion de la centrale nucléaire ukrainienne, qui faisaient état de trente-deux, puis de cinquante-six morts, quatre cents irradiés et quatre mille cancers dus à l’exposition aux rayons ionisants, le collectif cherche à mettre fin à la « censure » imposée par l’AIEA. Car, selon Henri Tendron, il existe un conflit d’intérêts entre l’information et la prise en charge des victimes par l’OMS d’une part, et les exigences de l’AIEA de l’autre. Un accord en particulier, qui porte le nom barbare de WHA 12-40, lie depuis 1959 les deux agences de l’ONU en leur interdisant de prendre des positions publiques pouvant nuire à leurs intérêts mutuels. « Allez expliquer au million, voire deux, d’enfants souffrant de malformations, de maladies, que la promotion du nucléaire civil interdit qu’on les aide », fulmine le militant cycliste.

Ne pas relâcher la pression, tel est le maître mot des vigiles du collectif. Voilà plus de trois ans qu’ils occupent quotidiennement ce coin de trottoir. Pas question cependant de convoquer la presse pour l’arrivée du marathonien de Nantes. Son voyage est, à l’en croire, plus proche d’un pèlerinage engagé, sans pour autant être complètement dénué de plaisir, reconnaît cet amateur de randonnée cycliste. Lors de la précédente tentative, en septembre 2009, – Henri Tendron ayant dû terminer sa traversée de la France en voiture à cause de mauvaises conditions météo –, la rédaction locale du quotidien Le Progrès lui avait consacré un article lors de son passage dans la région de Bourg-en-Bresse. Sa démarche est pourtant bien reçue dans les localités qu’il traverse sur son vélo flanqué d’un panneau explicatif. Et aux sceptiques qui lui demandent quelle actualité il peut bien y avoir dans les statistiques sur les victimes de Tchernobyl, il répond que le parc de centrales nucléaires vieillissant dans toute l’Europe ne laisse personne à l’abri d’une nouvelle catastrophe.

Départ 21 juillet pour le chemin du retour, passant par Lyon et Auxerre pour rencontrer des membres de l’association Sortir du nucléaire dont il fait aussi partie. Puis ce sera la fin de ses vacances et une nouvelle année passée comme secouriste à Nantes.


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