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Le Tour de France va saccager l’écosystème du col de Sarenne

Le 18 juillet, le Tour de France va emprunter la route étroite du col de Sarenne, près de l’Alpe d’Huez (Isère). Le biotope est fragile, mais la foule des spectateurs va forcément l’abimer, avec l’autorisation tacite de la préfecture.


Le 18 juillet, le Tour de France doit passer au Col de Sarenne (1 999 m). Les derniers kilomètres d’ascension de ce col bordent une zone humide protégée par un arrêté préfectoral (1) ; ces derniers kilomètres seront accessibles à la foule ; et le maire de l’Alpe d’Huez a déclaré qu’« il y aura certainement beaucoup de monde vers le Col [de Sarenne] ».

L’arrêté préfectoral certifie « que le secteur du Marais du Col de Sarenne abrite diverses espèces animales protégées » et « qu’il y a lieu de réglementer les activités sur [le] périmètre de [la zone] afin d’assurer la préservation et la tranquillité de certains biotopes nécessaires à l’alimentation, la reproduction, au repos et à la survie de plusieurs espèces animales protégées ».

Dans le souci de respecter le repos et la tranquillité de plusieurs espèces animales protégées, l’article 7.3 de l’arrêté stipule que « toute manifestation sportive ou éducative est interdite, sauf autorisation spécifique du Préfet après avis d’une personnalité scientifique qualifiée dans le domaine des tourbières ».

Les opposants au passage du Tour de France au Col de Sarenne ont demandé, à plusieurs reprises, à la préfecture de l’Isère si « une personnalité scientifique qualifiée dans le domaine des tourbières » avait donné son « avis » sur le passage du Tour de France. Nous n’avons jamais obtenu de réponse ! Notre démocratie ne manque-t-elle pas de transparence ?

Les animaux de haute montagne sont soumis tout au long de l’année à de rudes conditions climatiques ; et un stress estival important diminue leurs réserves métaboliques nécessaires pour l’hiver. Le 18 juillet, la foule du Tour de France (qui jusqu’à preuve du contraire n’est pas silencieuse) perturbera « la tranquillité de certains biotopes » et le « repos de plusieurs espèces animales protégées ».

Nous estimons donc que le Tour de France outrepassera un arrêté préfectoral en empruntant la route pastorale de Sarenne (route dont la vitesse est limitée à 20 km/h). La gendarmerie nous a expliqué qu’elle ne serait pas en mesure de faire respecter l’arrêté préfectoral de protection de biotope, car le Tour de France est un lobby trop puissant.

Nous demandons à l’Etat de faire respecter la loi, nous avons écrit au Procureur de la République. Si la loi n’est pas respectée, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS)donnera une suite juridique à l’affaire ! (2)

Depuis octobre 2012, nous exprimons notre opposition au passage du Tour de France au Col de Sarenne. Nous sommes plus de 12 000 à avoir signé une pétition. Les organisateurs du Tour de France ont ignoré nos lettres ouvertes. Ce refus du dialogue est insupportable. Notre budget de communication est de zéro euro ; celui du Tour de France est bien supérieur. Nous faisons remarquer qu’en ce mois de juillet, notre pétition est oubliée par les médias (locaux et nationaux), alors que notre contestation est fondée.

Nous ne bloquerons pas la course, car contrairement aux organisateurs du
Tour de France, nous respectons le dialogue ; car contrairement aux organisateurs du Tour de France, la démocratie est l’idéal que nous défendons.

Nous espérons encore que le Préfet n’autorise pas le passage du Tour de France au Col de Sarenne (un parcours alternatif existe), et nous vous invitons à signer notre pétition.

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Notes

(1) Arrêté préfectoral

(2) http://hpics.li/1ce59c7 et http://hpics.li/0d0633a


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