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Les Verts allemands doutent des éoliennes

Selon Der Spiegel, les Grünen doutent que les éoliennes réduisent les émissions de gaz carbonique, en raison du fonctionnement du marché du carbone.

L’hebdomadaire d’investigation allemand Der Spiegel s’est fait une spécialité de révéler les informations et discussions confidentielles des institutions établies. Dans son article du 10 février 2009, ce sont les réflexions confidentielles des Gruenen qu’il divulgue.
La conclusion : « En dépit du boom européen des énergies éoliennes et solaires, les émissions de CO2 n’ont pas été réduites, ne serait-ce que d’un gramme ». Ainsi, les 15% d’électricité renouvelable dont l’Allemagne se targue « ont simplement permis à l’Europe de polluer davantage ».

La cause : le mécanisme d’échange de permis d’émission. Chaque fois qu’une éolienne supplémentaire est mise en service et qu’elle produit de l’énergie, la production d’une centrale thermique allemande est économisée ; or cette centrale dispose d’un crédit de CO2 qu’elle cède alors sur le marché, généralement au bénéfice d’une installation d’Europe de l’Est à moindre rendement et plus polluante ! Selon un échange de courriels révélé par Der Spiegel entre deux experts énergétiques du parti Vert : « Cher Daniel, désolé, mais la Loi (EEG) sur l’Energie Renouvelable ne changera rien pour le changement climatique, de toute façon ».

Selon les Verts, le mécanisme européen n’est pas incitatif, car il raisonne à objectif d’émission donné : la contribution d’une installation non émettrice de CO2 ne modifie pas la quantité de permis disponibles, et donc les émissions effectives de CO2. Et ce raisonnement s’applique évidemment à l’éolien, au solaire, mais aussi à l’hydraulique ou au nucléaire. Les Verts allemands proposent de retirer des permis d’émission en circulation au fur et à mesure de la mise en service d’installations éoliennes ou solaires ; ce à quoi s’opposent évidemment les grandes compagnies d’électricité qui ont été attributaires de ces permis.

Et la mise en service de nouvelles installations non émettrices de CO2 a même un effet pervers : elle entraîne la baisse du prix du CO2 émis, puisqu’elle rend des certificats disponibles à la vente. Ce serait pour les Verts l’explication de l’effondrement du prix des certificats d’émission (10,15 €/t début février 2009, alors que les experts s’attendaient à un prix d’équilibre supérieur à 40 €/t).

Der Spiegel rappelle les conclusions d’une étude commandée par le syndicat allemand des énergies renouvelables à MacKinsey : le coût à la tonne de CO2 évitable par l’éolien (en l’absence du mécanisme pervers dénoncé) est supérieur à 50 € ; et il s’établit entre 300 et 500 € pour le solaire : les Verts cités par Der Spiegel concluent « Pensons-nous, nous les Verts, que le problème (du changement climatique) va se résoudre en vissant seulement des panneaux solaires sur nos toits ! ». La mesure la moins coûteuse, selon ce rapport, est la rénovation des bâtiments, qui, dans 90 % des cas, donne un coût nul à la tonne de CO2 évitée.

Sauvons le Climat (SLC) constate avec satisfaction que les Verts allemands se rapprochent des points de vue de SLC :
-  Ils semblent enfin percevoir l’intérêt d’un raisonnement rationnel pour limiter les émissions de CO2, comme le propose Sauvons le Climat ;
-  et que leurs estimations du coût de la tonne de CO2 évitable par l’éolien et le solaire, même si elles restent exagérément optimistes, sont plus du double des hypothèses de l’étude d’impact du Grenelle de l’environnement.

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