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Nouvelle menace de bétonnage d’un site vierge de montagne

La pression pour installer une station de ski au Collet d’Allevard, en Isère, s’accentue.


Au cœur d’une des rares zones naturelles encore vierge de tout impact anthropique à proximité de Grenoble, la vallée de Saint-Hugon, au sein de laquelle se sont installés les moines bouddhistes du Karma-Ling, pourrait bientôt faire l’objet d’une dégradation irrémédiable !

Les communes d’Allevard et de La Chapelle du Bard prévoient une extension du domaine skiable et l’installation d’une nouvelle remontée mécanique sur le secteur du Clapier, espace tranquille et isolé, relictuel dans ce secteur des Alpes. L’impact de ce projet engendrera sans nul doute la dégradation voire la destruction de ce milieu naturel fragile et patrimonial dans lequel faune et flore trouvent un refuge.

Aussi la FRAPNA, dont l’objet est la lutte contre toute forme d’atteinte à l’environnement, a-t-elle donné un avis très défavorable sur le projet, dans le cadre de l’enquête publique. L’association a déposé un recours contentieux au Tribunal administratif de Grenoble à l’encontre de l’autorisation d’exécution des travaux et s’apprête à déposer un référé destiné à empêcher le démarrage des travaux.

Elle s’appuie sur des données scientifiques complémentaires qu’elle a recueillie lors des 24 heures naturalistes, rendez-vous emblématique annuel des spécialistes de la faune et de la flore iséroise qui ont analysé finement ce secteur les 28 et 29 mai dernier. Afin d’améliorer la connaissance des sites naturels de Rhône-Alpes, la section isère de la FRAPNA et son réseau d’associations fédérées ou partenaires (LPO, Gentiana, AVENIR …), ont ainsi concentré leurs efforts de prospection sur ce site emblématique situé dans le massif de Belledonne à une quarantaine de kilomètres de Grenoble.

Offrant un spectacle rare de nature sauvage, les deux jours d’exploration ont confirmé la présence d’espèces emblématiques (cerfs, chevreuils, chamois, sangliers, renards, tétras-lyre). Ils ont aussi et surtout, permis d’établir avec certitude la présence d’une source et d’un ruisseau formant une zone humide sur laquelle les deux communes projettent précisément de réaliser une extension du domaine skiable. L’impact de l’installation d’une nouvelle remontée mécanique sur cet espace augure la destruction irréversible de ce milieu naturel fragile aux fonctions essentielles à la fois pour la faune et la flore mais aussi pour la ressource en eau.

La situation du Collet d’Allevard est emblématique d’un clivage social et idéologique entre une nécessité reconnue et proclamée de protéger les espaces et de maintenir la biodiversité et des intérêts économiques qui poussent les autorités locales à aménager de nouveaux territoires pour en dégager des subsides financiers.

C’est pourquoi l’association attire l’attention sur ce cas hautement emblématique des pressions contradictoires entre un des objectifs essentiels du Grenelle de l’environnement, « Stopper le recul de la biodiversité », et une fuite en avant qui se traduit par des comportements de prédation foncière. Cet exemple de gestion locale des espaces est caractéristique de choix faits en dépit des changements climatiques observés et du manque prévisible de neige à ces altitudes dans les années à venir.

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