Tribune —
Pétrole : aller plus loin
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Des grèves dans les raffineries à la transition post-pétrole
Depuis le Camp Action Climat (CAC) qui a eu lieu entre le 22 juillet et le 1er août, de nombreux contacts ont été pris avec les travailleurs de la zone industrielle et leurs syndicats. Aujourd’hui, alors que le mouvement social contre la réforme des retraites s’amplifie, le lien entre crise sociale et crise climatique nous apparaît plus clairement encore.
Les crises sociale et écologique actuelles sont toutes deux le symptôme de l’impasse capitaliste. Pour maintenir la croissance économique, il faut utiliser toujours plus de ressources naturelles. Leur exploitation ne crée pas plus de bien-être (il n’y a jamais eu autant de personne affamées dans le monde et la population des bidonvilles représente plus du tiers de la population urbaine), mais elle produit toujours plus de marchandises inutiles à destination des consommateurs solvables (qui, d’ailleurs, ne gagnent pas en bonheur en consommant plus). Le problème, c’est que les ressources comme le pétrole se font de plus en plus rares et chères à extraire. Face à la récession annoncée, le seul moyen pour les entreprises de continuer à augmenter leurs profits est donc de réduire les salaires et toutes les charges sociales. Les pauvres devront payer !
Face à ces crises, nos gouvernements imposent de prétendues « solutions » qui n’ont en fait pour but que de faciliter la vie aux grandes entreprises. La crise environnementale est instrumentalisée pour leur permettre de s’approprier des ressources supplémentaires et de surfer sur de nouveaux marchés. Les agrocarburants, les semences OGM adaptées au changement climatique, le nucléaire ou le marché du carbone sont autant de fausses solutions qui ne répondent en rien à l’urgence climatique, mais ouvrent de nouvelles perspectives de profits. De la même façon, la prétendue nécessité de réformer le système des retraites vise avant tout à faire payer plus les salariés et moins les détenteurs de capitaux.
Face à ces deux problèmes, nous avons la solution : il faut partager les richesses. Il est possible pour nous toutes et nous tous sur terre d’avoir une vie décente tout en préservant les sols, les eaux, le climat et la biodiversité si les richesses sont justement réparties et utilisées pour répondre aux besoins fondamentaux (alimentation, logement, chauffage, etc). C’est pourquoi nous parlons de « justice sociale et climatique ».
Nous sommes solidaires du mouvement social autours des retraites, mais nous appelons à élargir le champ de vision de la solidarité. Ici, c’est sur les retraites que l’on rogne, là-bas, en Colombie, en Indonésie, au Congo ou en Ukraine, ce sont les terres, les eaux et les semences des populations qui sont pillées par les multinationales pour produire des marchandises revendues au Nord. Le mouvement pour la justice climatique vise à reprendre le contrôle sur les ressources localement, par les populations elles-mêmes. La relocalisation de l’économie et la décentralisation du pouvoir sont nécessaires non seulement pour gaspiller moins de ressources, mais aussi et surtout pour que les besoins de toutes les populations soient satisfaits.
Les travailleurs du secteur pétrochimique montrent dans le mouvement social des retraites qu’ils sont détenteurs d’un pouvoir énorme. Nous les soutenons et les encourageons à aller jusqu’au bout pour faire reculer le gouvernement au sujet des retraites. Mais pourquoi s’arrêter là ? Ils sont aussi capables, s’ils le souhaitent et s’ils parviennent à dépasser les intérêts particuliers, de faire basculer le système capitaliste qui repose sur le pétrole. Ils sont capables, s’ils le souhaitent, d’amener à cette transition dont nous avons besoin pour sortir de l’impasse.