Tribune —
Solidarité écologique
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Un trait important de la lutte qui s’organise autour de Notre Dame des Landes est la solidarité qui en jaillit. L’intention du pouvoir était de diviser les "jeunes", habitants sans titre de la zone où un aéroport est projeté, des "historiques", opposants avec titre - que l’on comptait expulser plus tard, au terme des recours juridiques. Michel Tarin, « historique » qui a fait une longue grève de la faim au printemps, explique : "le Préfet parlait de zadistes, de zonards, d’activistes, et même de ’terroristes’. Mais on est tous restés soudés, c’est pour ça que la zone a tenu. »
Avant l’opération policière lancée le 16 octobre à Notre Dame des Landes, il y avait déjà une entraide entre les historiques et les zadistes. "On avait aidé des arrivants pour les travaux dans les maisons, pour débroussailler, pour apporter du fumier sur les jardins. Quand des agriculteurs sont montés à Paris avec leurs tracteurs, en 2011, des jeunes s’étaient occupés des vaches en leur absence". Mais la résistance depuis le 16 octobre a renforcé la solidarité : "Des liens humains se sont créés qui n’existaient pas avant".
La Vacherie, un grand hangar au coeur de la zone appartenant à Sylvain Fresneau, habitant "légal", s’est transformée en refuge pour les expulsés, dont les logis étaient détruits par les pelleteuses. Une cuisine y sert 250 repas par jour, on y stocke des vêtements, de la nourriture. Le boulanger a été réinstallé ailleurs. Marie Jarnoux, habitante « légale » raconte : « Les occupants n’avaient plus rien. La solidarité a été pratiquement immédiate, des gens apportaient des vêtements, prenaient le linge pour aller le laver, ils apportaient des choses en passant à travers les champs. »
Cette solidarité s’est aussi traduit dans la lutte : quand la police était là, dit Michel Tarin, « on a été avec les jeunes sur les barrages, parmi eux, dans les maisons, cela empêchait la police de charger".
Du maintien de l’union entre ces différentes cultures de lutte, et de son articulation politique, dépend le succès de cette bataille comme de celui des autres combats écologiques. Un aspect intéressant est son élargissement géographique. Jean-Marc Ayrault, qui se rend à Bayonne le 21 novembre, y sera accueilli par le mouvement Bizi, qui protestera contre sa politique à Notre Dame des Landes et dans le domaine écologique. Le premier ministre comprendra-t-il qu’on ne peut pas parler de transition écologique une matraque à la main ?
Post-scriptum du 18 novembre
Ayrault évite Biarritz - Jean-Marc Ayrault n’a pas envie de se confronter à Bizi et aux écologistes, il annule sa venue au pays basque.