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24 hectares semés à Notre Dame des Landes pour faire reculer le béton

La journée de remise en culture de 24 hectares, à Notre Dame des Landes, samedi 5 octobre, s’est déroulée sous le soleil : les semis collectifs amorcent la replantation des haies et le « contre-remembrement ».


-  Témoignage, Notre-Dame-des-Landes.

Magnifique journée d’automne pour ce rendez-vous très important, samedi 5 octobre, et un réel succès de la mobilisation, malgré une préparation relativement hâtive.

Aux Ardillières, une douzaine de tracteurs sont là, avec des habitants de la zone, des voisins, des militants de longue date contre le projet, munis d’outils et porteurs d’arbres, contents de se retrouver une fois de plus... L’ambiance est excellente dans la manifestation qui va nous mener des Ardillières vers les parcelles à semer, vers les nouvelles haies à planter. Mais si nous ne sommes pas très nombreux au départ, la troupe va enfler tout au long de la journée, créant de longues files de voiture le long de la départementale.

Des prises de parole ont lieu. Marcel Thébault. pour l’Adeca (Association de Défense des Exploitants Concernés par l’Aéroport), présente les enjeux de cette journée : dès le départ de la lutte, dans les années 1970, l’occupation et la mise en valeur des terres menacées a été analysée comme stratégique, d’où les bagarres pour permettre l’installation de paysans. Le fait que les 25 ha concernés par l’action d’aujourd’hui soient restés non cultivés cette année était une écharde pour nous. « Ce problème, nous sommes en train de le résoudre collectivement. Cette action de semis collectifs permet à la fois de partager les risques à assumer (si la récolte est impossible) et nous protège contre le fait que les terres qui se libèrent servent des projets d’agrandissement. »

Marcel Thébault.

Depuis qu’il n’y a plus de flics sur la zone, nous travaillons davantage sur le « vivre ensemble ». Différents modes de culture (classique, sans intrants...) et différentes cultures dans différents projets permettront l’alimentation des bêtes et des humains (légumes...). L’interdiction de semer et de cultiver des terres ridiculise ceux qui la portent, même si nous vivons dans la crainte d’une possible aggravation de la situation.

Les politiques n’ont pas lâché le morceau, et Ayrault cherche le moment opportun pour avancer sur le terrain : il aura bien du mal ! Certains ont pu croire que l’Europe serait le lieu d’enterrement du projet, en fait c’est le lieu où tous les politiques et les lobbys unis sont venus le défendre. On leur a seulement dit « posez des actes et on verra après ». Les pétitions sont toujours ouvertes, la loi sur l’eau doit être appliquée. Les pro-aéroport s’attendaient à prendre une claque, c’est juste qu’ils ne l’ont pas prise et nous, nous on n’a rien perdu !

V. pour COPAIN 44 (Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d’aéroport) fait un point juridique. Il revient sur la répression depuis l’opération César, en octobre-novembre 2012 : plus de 200 arrestations, plus de 50 comparutions : on cherche à transformer les opposants en délinquants, mais R. par exemple, finalement n’écope qu’une amende pour … stationnement gênant de son tracteur. Un autre paysan est convoqué pour occupation illégale de terrain : avec ses ruches ! Encore une mobilisation en perspective pour le défendre.

Plantation des haies

Pour les deux intervenants de la Zad, la recherche de l’autonomie, d’une production de nourriture échappant aux circuits marchants, est essentielle. Elle ne peut se faire sans la transmission des savoirs faite par les paysans, qu’ils remercient. Les cultures sont diverses, le ’contre-remembrement’ est en marche « puisque nous allons planter plus d’un km de haies (il y en a eu 220 000 de détruites dans le bocage breton !). Nous voulons une réflexion collective sur l’avenir et le partage des terres. César est venu, César est reparti, qu’il essaie donc d’y revenir ! Ce que nous allons semer nous le récolterons ! Et nous nous opposerons à toutes les étapes de la réalisation du projet ! »

Sur le semoir

Après les interventions, mélange des graines, remplissage des semoirs... tandis que les labours et les plantations d’arbres sont déjà en cours... A l’avant de l’un des tracteurs, J. souffle à plein poumons dans sa cornemuse, pour encourager les laboureurs.

Couscous et galettes permettront une pause bien venue. Le travail reprend, le nombre des participants grandit, les arbres affluent (assez pour toutes les haies créées...) ; pendant l’arrosage des plantations, quelques yeux se mouillent : non, ce n’est pas la pluie, samedi il faisait beau à Notre Dame des Landes !

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