Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Alerte au mercure

Métal lourd dangereux, interdit en 1998 pour les thermomètres médicaux, le mercure contamine toujours l’environnement.

A la veille de la réunion de Nairobi (16 février) du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement sur les dangers du mercure, France Nature Environnement publie les résultats français de la campagne internationale Zero Mercury. Cette campagne est coordonnée en Europe par le Bureau Européen de l’Environnement (BEE) et au niveau mondial par le Zero Mercury Working Group, un réseau constitué par 75 ONG à travers le monde.

Interdit en France en 1998 pour les thermomètres médicaux, le mercure est toujours utilisé dans la production du chlore et pour les amalgames dentaires. Toxique pour l’homme et la nature, ce métal lourd continue à contaminer notre environnement.

Une campagne européenne

A la demande du BEE, France Nature Environnement a enquêté sur le terrain sur la qualité de l’atmosphère autour des sites chloriers qui emploient toujours une technologie obsolète, l’électrolyse à cathodes de mercure. « En France, FNE était la structure la plus adéquate pour prendre en charge ce dossier, explique Elena Lymberidi-Settimo, chargée de mission au Bureau Européen de l’Environnement. Son réseau associatif lui procure une très bonne connaissance des problématiques locales. Parallèlement, son approche est vraiment transversale, grâce à ses experts dans le domaine de l’eau, de l’air, de la santé et juridique ».

Lors de cette campagne, Marc Sénant, chargé de mission Industrie à France Nature Environnement, a effectué des relevés de mercure dans l’air ambiant à proximité de plusieurs sites chloriers. Il explique la démarche de France Nature Environnement : « Nos mesures révèlent des valeurs instantanées alarmantes pour certains sites. Aussi, nous avons alerté les pouvoirs publics sur ces dysfonctionnements ».

Des résultats troublants

Sur certains sites, FNE a constaté des pics de mercure à 20 761 nanogrammes par mètre cube d’air. Rappelons que le taux naturel de mercure dans l’air ambiant est compris entre 1 et 4 nanogrammes par mètre cube d’air. A cela s’ajoute un bruit de fond continu atteignant, sur certains sites, les 300 nanogrammes par mètre cube d’air.

Les riverains de ces sites sont donc exposés en permanence à des émanations de mercure, et cette exposition chronique au mercure n’est pas sans conséquence. Le mercure s’attaque au système nerveux central et provoque des dégénérescences neurologiques. Il vient s’ajouter à la longue liste des polluants que subissent les habitants des plates-formes chimiques. Alors que cette exposition pourrait être évitée par l’emploi de technologies sans mercure, et beaucoup moins énergivores.

Une réglementation française trop faible

En examinant la réglementation en vigueur pour les rejets de mercure dans l’industrie du chlore, France Nature Environnement a aussi constaté un report de 10 ans sur un engagement initial à abandonner la technologie en 2010.

De plus, en faisant une interprétation stricte de la directive européenne IPPC de 1996, l’arrêt des procédés au mercure dans l’industrie du chlore aurait pu être réalisé dès 2007. Bilan des courses, pas de conversion imposée, mais des objectifs de réduction progressive des émissions. Ainsi, d’ici à 2020, les citoyens vont continuer à subir des émanations de mercure en toute légalité.

La mobilisation du mouvement associatif

Alain Chabrolle, Vice-Président de la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature) : « Cette campagne a bénéficié de la mobilisation de nos associations de terrain en étroite collaboration avec notre fédération nationale. La FRAPNA est complètement engagée pour que cette alerte ne soit pas un coup d’épée dans l’eau. La FRAPNA continuera d’agir pour que les pouvoirs publics et les acteurs économiques passent du discours vert aux actes. L’enjeu est clair : partout en France, nous devons apporter une même réponse à la double crise économique et écologique. Notre credo : une politique environnementale coupée des réalités de terrain n’a aucun sens ».

Et maintenant ? Qu’est ce qu’on fait ?

Pour Sébastien Genest, Président de FNE : « L’urgence, c’est de faire le tri entre les entreprises qui jouent vraiment le jeu du développement durable et les autres. L’urgence, c’est d’éviter une double casse environnementale et sociale. L’urgence, c’est le new deal écologique sur tous les territoires. Rien ne sera possible si les associations ne sont pas entendues ».

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende