Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Tribune

Climat : comment éviter le scénario du pire


La température habituelle du corps humain tourne autour de 37°C. Un degré de plus et c’est la fièvre, les premiers symptômes d’un dérèglement qui menace notre équilibre vital. A trois degrés de plus on va très mal et à 5 on est mort.

Ce ne sont pas les mêmes degrés mais ils ont la même importance en ce qui concerne la température moyenne de surface de la terre. Elle est actuellement d’environ 15 degrés celsius. Elle a déjà augmenté de 0,7°C depuis la période pré-industrielle et cette toute petite augmentation a déjà des effets constatables sur le climat, la montée des océans, la fonte de la banquise ou la dislocation des calottes glaciaires. On parle de 300 000 morts annuels déjà causés par le dérèglement climatique... et on n’en est qu’à + 0,7 °C !

Se résigner au pire ?

Au dessus de 2°C, selon les climatologues, le système climatique pourrait s’emballer de façon irréversible. A + 2,5°C, l’effet « runaway climate change » [emballement du changement climatique] fait que le réchauffement s’auto-alimente selon un effet boule de neige incontrôlable.

A +3,25°C selon les projections du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les inondations côtières feraient entre 100 et 150 millions de victimes d’ici 2050, les famines jusqu’à 600 millions et la malaria 300 millions, tandis que la pénurie d’eau pourrait frapper jusqu’à 3,5 milliards de personnes supplémentaires.

Et pourtant... L’accord de « Flopenhague » ne se fixait comme objectif que de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100. Les pays d’Afrique et d’Amérique Latine qui ont refusé de le signer demandent quand à eux que l’objectif soit de limiter cette hausse à 1°C.

Les engagements de réduction de gaz à effet de serre tels qu’ils ont été affichés par les différents pays au début de cette année 2010 - engagements non soumis à évaluation, et encore moins à contrainte ou sanction - conduiraient (dans le cas inimaginable où ils seraient intégralement tenus) à un réchauffement de 3,5° (voir 4,8° selon certaines estimations). Les négociations et déclarations autour du sommet de Cancun montrent que les différentes délégations occidentales se sont d’ailleurs fait à l’idée du +3,5°C.

Si le climat était une banque, il y a longtemps qu’on l’aurait sauvé :

Il n’y a AUCUN signe d’une volonté quelconque de changer de direction avant 2015 comme l’exigent les scénarios du GIEC. On n’envisage même pas de donner à Cancun une suite au protocole de Kyoto qui expire fin 2012. Non, à Cancun, les élites mondiales essaient de trouver de nouvelles manières de spéculer sur les crédits carbone, sur les mécanismes de déforestation, sur les agrocarburants, etc. Plutôt que de s’attaquer aux racines du mal, on veut continuer la fuite en avant en inventant tout un tas de fausses solutions qui non seulement ne permettent pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais en outre aggravent les dégâts sociaux, les injustices, la misère et la marchandisation du monde.

Tous et toutes à Cancon !

Notre société est pleine de batailles d’importance. Certaines peuvent se perdre aujourd’hui et se regagner demain. Mais celle du climat ne se jouera qu’une fois. Si on la perd aujourd’hui (dans les années actuelles), le dérèglement climatique causé sera irréversible. Comment pourrons nous expliquer aux générations de 2050 que nous n’avons rien fait, rien tenté pour éviter le pire ?

Alors l’heure est à la mobilisation et la mise en place des vraies solutions : samedi 4 décembre, tous et toutes au contre-sommet de Cancon, dans le Lot-et-Garonne, pour exiger une transition sociale et écologique !

Changeons le système pas le climat !


📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende