Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Dans les Alpes, des travaux ravageurs commencent pour le Tour de France

Le 13 mai, la route pastorale de Sarenne devait être mise en chantier pour le Tour de France. Sur le plan écologique, c’est une aberration ! Les organisateurs de l’épreuve ont refusé le dialogue avec 10 500 opposants.


Le 18 juillet, le Tour de France doit passer sur la route pastorale du Col de Sarenne (qui est située en amont de l’Alpe d’Huez). Nous sommes 10 500 à nous y opposer.

Deux millions de spectateurs sont attendus sur la montée de Bourg d’Oisans à Sarenne ! Fermée huit mois sur douze, cette route est très peu fréquentée (une voiture toutes les dix minutes), et a un caractère très singulier. Elle traverse un site d’une richesse environnementale exceptionnelle. On n’y dénombre 758 espèces végétales et 100 espèces animales protégées ; parmi lesquelles le tétras lyre, l’aigle royal, le lagopède, le circaète Jean-le-Blanc, le milan royal, l’apollon, l’azuré du serpolet (en danger d’extinction), le bruant ortolan (en danger d’extinction)…

Le Conservatoire Botanique National Alpin atteste que la Vallée du Ferrand est l’une des « plus riches régions de France sur le plan botanique » et que la faune y est « remarquable ».

Cet environnement est très fragile : les animaux de montagne ont une vie rude, et un stress prolongé peut lourdement impacter leur survie. La foule du Tour de France et les travaux perturberont ce vaste écosystème. Il est inacceptable que de tels dommages soient justifiés par un événement sportif éphémère, et non par un intérêt public majeur !

Pour le passage du Tour de France, 500 000 euros de travaux sont engagés sur la route pastorale de Sarenne. Ces travaux d’intérêt privé sont maquillés par un intérêt public « bidon ». Nous avons la preuve que si la route est refaite, c’est à la demande des organisateurs du Tour de France, et non pas à celle de la population locale. L’objectif de ces travaux est d’offrir du confort aux véhicules du Tour, et de permettre aux coureurs de descendre à 100 km/h une route pastorale qui est limitée à 20 km/h !

Sur le plan légal, le passage du Tour de France à Sarenne peut être contesté. L’arrêté préfectoral de protection de biotope interdit toute manifestation dans le périmètre de la zone humide. Or, cette zone jouxte la chaussée et sera piétinée par la foule du Tour de France !

La route pastorale se confond avec l’emblématique chemin de randonnée du Tour des Ecrins. A l’instar de nombreux cyclistes, beaucoup de randonneurs voient d’un très mauvais œil ces travaux (qui induiront une augmentation du trafic automobile touristique). La mise en chantier de la route pourrait être le prélude d’investissements plus importants destinés à étendre le domaine skiable de l’Alpe d’Huez (en 2006, un projet a été posé sur la table). L’étau se resserre trop autour de l’Oisans sauvage qui est déjà suffisamment exploité par les stations de ski !

Nous en avons assez de voir nos montagnes recouvertes de voitures et de remontées mécaniques ! Nous voulons préserver et transmettre ces grands et beaux espaces où règnent toute la beauté et toute la quiétude de la nature ! Accepter une atteinte, c’est ouvrir la porte à d’autres atteintes ; il faut préserver Sarenne de toute pression économique !

Il n’est pas tolérable qu’un site naturel aussi exceptionnel soit durablement impacté pour quelques minutes de télé ! A l’échelle de la planète, ces deux derniers siècles, la vitesse d’érosion de la biodiversité a été multipliée par un facteur compris entre 100 et 1000 : où sont les freins ?

Visiblement, la parole de 10 500 personnes compte pour du beurre ; les organisateurs du Tour de France n’ont pas répondu à nos lettres ouvertes ! Ils ont refusé le dialogue alors que des solutions alternatives existent ! Que devons-nous faire pour être entendus ?

La pétition

PS : Je pense qu’il faut donner tort à ceux qui font l’amalgame entre militantisme et non-respect de la démocratie, mais le fait que les organisateurs du Tour de France ne soient pas à l’écoute de 10 500 personnes mériterait d’être sanctionné ! Plus d’infos.


Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende