Des munitions à uranium appauvri bientôt livrées à l’Ukraine

Un immeuble ukrainien visé par la Russie en mars 2022. - Pexels/CC/Алесь Усцінаў
Un immeuble ukrainien visé par la Russie en mars 2022. - Pexels/CC/Алесь Усцінаў
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Ukraine ArméeEn visite à Kiev le 6 septembre, le secrétaire d’État étasunien, Antony Blinken, a annoncé une nouvelle aide d’un montant d’1 milliard de dollars à l’Ukraine (932 millions d’euros) pour l’acquisition de matériel militaire. Il a également promis la livraison de munitions contenant de l’uranium appauvri.
L’utilisation de ces armes est controversée. Si ces munitions sont efficaces pour percer les blindages des chars d’assaut et même si elles restent légales sur le plan du droit international, elles demeurent très toxiques pour l’environnement et peuvent avoir des conséquences sanitaires sur le long terme chez les populations civiles.
Les obus en uranium appauvri ont été massivement utilisés lors des guerres du Golfe en 1991 et 2003 ainsi que dans les Balkans, en Serbie et au Kosovo. Durant les deux guerres du Golfe, 480 tonnes de munitions de ce type ont été utilisées en Irak. À l’époque, elles avaient été vivement décriées, expliquait Reporterre en février. Des médecins et experts en santé publique ont ainsi avancé l’hypothèse que l’uranium appauvri pourrait être à l’origine de la hausse sans précédent des cas de malformations congénitales et de cancers observés dans les régions d’Irak où les combats ont été les plus violents.
4,5 milliards d’années pour diviser par deux la radioactivité
Comme le souligne la Commission canadienne de sûreté nucléaire, « le principal risque [...] n’est pas la radioactivité, mais bien la toxicité chimique. [Cela peut] nuire au fonctionnement des reins. Si une personne inhale de grandes quantités de petites particules pendant une longue période, la principale préoccupation pour la santé sera l’augmentation du risque de cancer du poumon ».
En février, Reporterre rapportait la livraison de chars occidentaux capable de tirer des munitions à uranium appauvri. Les alliés affirmaient alors ne pas vouloir entrer dans des détails techniques sur la composition des munitions utilisées.
« Utiliser des armes en uranium appauvri serait aberrant, expliquait alors Bruno Chareyron, du laboratoire de la Criirad. Si un obus composé de ce métal explose, cela va forcément disperser des particules qui vont contaminer les sols et la chaîne alimentaire durablement, puisqu’il faut attendre 4,5 milliards d’années pour que la radioactivité de l’uranium appauvri soit divisée par deux. »