Des tritons ralentissent le chantier de la LGV
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Le chantier de construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Tours-Bordeaux a dû être interrompu pendant plusieurs jours, dans les Deux-Sèvres, en raison de la découverte d’une mare abritant des tritons de blasius, une espèce rare d’amphibiens.
L’information parue dans les colonnes du Figaro le 17 septembre aurait pu rester dans la rubrique insolite, si le directeur des ressources humaines du consortium Cosea n’avait pas déploré l’impact sur l’emploi – seulement 400 embauches de chômeurs cet été au lieu des 600 prévues – et si le secrétaire général des affaires régionales de la préfecture de Poitou-Charentes ne s’était pas ému des conséquences des lenteurs administratives liées aux mesures de protection de l’environnement en évoquant le possible « arrêt du chantier pendant cinq mois et le licenciement ou la mise au chômage technique de 1.300 personnes ». L’intéressé assure que ces propos sont en réalité ceux du DRH de Cosea. « J’ai simplement dit que je partageais son souci », précise-t-il.
" On préfère les tritons aux chômeurs "
Tout cela tombait d’autant plus mal que le préfet de région et le patron de Cosea procédaient le jour même à l’installation d’un comité de suivi des mesures compensatoires visant à créer ou à restaurer des habitats d’espèces protégées menacés par le chantier. Yves Dassonville et Hervé Tricot se sont donc attachés à déminer la situation.
« L’emploi est très important, mais ça ne justifie pas que l’on prenne des libertés avec la protection de la biodiversité », a fermement déclaré le représentant de l’État. Impossible de ne pas faire le lien avec les propos du secrétaire général de Force ouvrière rapportés dans l’article paru le matin même : « Dans cette affaire, j’ai l’impression qu’on préfère les tritons aux chômeurs ». Le préfet préfère le compromis : « On ne peut pas penser uniquement à l’intérêt économique ou uniquement à la protection de la nature ; il faut s’assurer que l’intérêt général est respecté ».
Le président du groupement d’entreprises chargé de la construction de la LGV avoue que l’inquiétude est réelle alors que de nouvelles autorisations liées à la protection de l’environnement seront prochainement sollicitées pour 1.000 hectares supplémentaires. Il rappelle néanmoins que les contraintes légales étaient connues dès le départ : « Le coût des mesures environnementales a été pris en compte dès l’appel d’offre », explique Hervé Tricot. « Ça fait partie de la vie du chantier et ça ne remet pas en cause le calendrier », ajoute Yves Dassonville.
Les représentants des associations écologistes sont d’ailleurs sortis rassurés de la réunion. « Nous sommes satisfaits de constater qu’un tournant est pris avec la conférence environnementale et nous sommes confiants dans les engagements pris », assure Dominique Aribert, de la LPO. Confiants mais aussi vigilants.