En Inde, la grande marche des paysans s’est ébranlée à Gwalior
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« Ce sera la plus grande action non-violente jamais organisée en faveur du droit à la terre, à l’eau et à la forêt »
Des milliers de personnes venues de toute
l’Inde ont déjà rejoint la place Mela Ground
de la ville de Gwalior (Madhya Pradesh). A
partir du 2 octobre ils devraient être
quelques dizaines de milliers, et se mettre
en route pour Jan Satyagraha, une marche
d’une durée d’un mois jusqu’à Delhi pour
réclamer leurs droits d’accès à la terre et
aux ressources naturelles.
Parallèlement à la mobilisation en cours pour cette action
non-violente de masse, d’intenses
négociations sont en cours avec le gouvernement. Pendant les dix derniers jours, les
discussions se sont intensifiées, avec plusieurs réunions entre PV Rajagopal, fondateur et
leader du mouvement social Ekta Parishad, et différents ministres, parmi eux le Premier
Ministre de l’Inde lui-même, Manmohan Singh. Les négociations portent essentiellement sur les
réformes agraires et le droit au logement, et les institutions nécessaires à leur mise en application. Le résultat de ces différentes phases de réunion est l’ébauche d’un accord écrit.
Le sens de la marche
En 1930 le Mahatma Gandhi et des centaines de marcheurs ont parcouru 250 km jusqu’à la mer afin de dénoncer l’injustice de l’interdiction coloniale de produire du sel. Cette action directe, mais non-violente, a marqué le début du mouvement qui a finalement mené à l’indépendance de l’Inde face au joug anglais.
En 2007, inspirés par l’exemple de Gandhi, Ekta Parishad et d’autres organisations partenaires ont mobilisé 25 000 personnes, pour la plupart des paysans sans-terres parmi les plus pauvres, des adivasis et des dalits, pour une marche de 350 km de Gwalior à Delhi qui a duré 27 jours. La marche fut nommée “Janadesh – le jugement du peuple”.
Son but était de dénoncer les profondes injustices des lois liées au contrôle des terres et de souligner l’urgence de réformes sur ce sujet en Inde. Les revendications des marcheurs ont été prises en compte sur le papier, mais après 3 ans la mise en oeuvres de ces réformes est loin d’être satisfaisante.
Une nouvelle marche, “Jan Satyagraha – Marche pour la justice”, est prévue pour 2012 et va rassembler plus de 100 000 paysans pauvres, adivasis, dalits, sans-terres, de plusieurs états indiens. Ce sera la plus grande action non-violente jamais organisée en faveur du droit à la terre, à l’eau et à la forêt. Les marcheurs vont parcourir 350 km de Gwalior à Delhi pour présenter au gouvernement les revendications suivantes :
• Mettre en application des engagements pris par le Gouvernement Indien en 2007 concernant les réformes du droit à la terre
• Mettre en application effective et rapide du “Forest Rights Act 2006”
• Reformuler les politiques concernant les populations les plus pauvres dans un sens qui leur soit plus favorable, rendre le gouvernement responsable des politiques et programmes concernant les populations marginalisées
• Répondre aux doléances des personnes déplacées ou dépossédées, en portant une attention particulière au sort des femmes
• Mettre en lumière le rôle de l’émancipation des femmes dans le processus du développement durable
• Demander une décentralisation effective du pouvoir de contrôle sur les ressources naturelles
• Passer d’un développement industriel à grande échelle à une économie rurale centrée sur les personnes
• Interdire les transferts massifs de ressources naturelles aux entreprises au mépris de la survie des plus pauvres.