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Energie solaire en Afrique... pour l’Europe

Le projet Desertec de grandes centrales solaires dans le Sahara va être annoncé le 13 juillet. Mais ce projet vise à alimenter l’Europe en énergie, alors que l’Afrique manque cruellement d’électricité.

Le 13 juillet, sera annoncé à Munich la création du consortium « Desertec » qui comprendra entre autres la Deutsche Bank, Siemens, l’assureur Munich Re, E.ON,RWE ,des firmes italiennes et espagnoles. Soutenu par le Gouvernement allemand, le Club de Rome, la Commission Européenne, et de nombreux scientifique de renom, le projet vise à construire une gigantesque installation solaire, capable de couvrir 15% des besoins en électricité de l’Europe en investissant un ordre de grandeur de 400 milliards d’euros dont cinquante pour amener l’électricité produite du Sahara en Europe.

Global Electrification estime que si ce projet parvenait à être réalisé, une étape technique décisive serait franchie pour l’approvisionnement de l’humanité en énergie.

Malheureusement, ce projet a pour but d’alimenter l’Europe et plus spécialement l’Allemagne. Dans ce pays la consommation d’électricité est une des plus élevées au monde avec plus de 7100 kWh par an et par habitant, en augmentation de plus de 10% par rapport à l’an 2000.

Or, immédiatement au Sud du Sahara, l’Afrique Subsaharienne souffre d’une pénurie dramatique d’électricité.

Plus de sept cents millions de personnes, en Afrique SubSaharienne ne consomment que 160 kWh par an en moyenne,quarante fois moins qu’en Allemagne, ou correspondant à l’augmentation de la consommation de l’Allemand moyen ( ainsi que de l’Européen moyen) en deux ans. Tous les pays africains au Sud du Sahara, hors la République Sud Africaine consomment ensemble autant d’électricité que l’Union Européenne pour ses frigos et congélateurs.

Dans un rapport remis en mars 2008 au Parlement Européen ( contrat DEVE 2007/45), Global Electrification a décrit les conséquences du manque d’électricité sur le secteur des soins : trois quarts des établissements hospitaliers n’ont pas accès à l’électricité ou subissent des coupures continuelles et imprévisibles. Nous avons chiffré les pertes en vies humaines résultant de cette situation à plus d’un million par an, dont plusieurs centaines de milliers de bébés nés prématurés par an. Au Sud du Sahara, on accouche dans le noir, on opère sous une la lampe tempête, un problème rénal peut être un arrêt de mort. Une simple transfusion est impensable pour des centaines de millions d’habitants. Dans un second Rapport du 18 juin 20081, Global Electrification décrit d’autres conséquences. Ainsi sur l’alimentation en eau : d’innombrables quartiers, ou villes de plus de cent mille ou d’un million habitants sont privés totalement d’électricité ou sont soumis à des dizaines de coupures par mois imprévisibles et de durée aléatoire . En conséquence l’alimentation en eau est coupée , ce qui conduit à des conditions de vie dramatiques. Des émeutes dues aux coupures ne sont pas rares et des lycéens ont été tués en manifestant pour que leurs établissements soient alimentés.

La pénurie d’électricité actuelle en Afrique Subsaharienne est un obstacle incontournable :
- au fonctionnement du système de santé
-à la lutte contre la pauvreté et la faim , en particulier par son importance pour l’eau (dans les villes et l’irrigation)
-au fonctionnement normal du système éducatif
-à un véritable décollage économique

Le projet Desertec , issu des réflexions du Club de Rome, lié au « Plan Solaire Méditerranéen » , projet phare de l’Union pour la Méditerranée, ne peut ignorer les principes de solidarité, de lutte contre la pauvreté inséparables des principes de l’Union Européenne et des Etats qui la composent.

Nous estimons qu’il ne serait pas moralement acceptable s’il n’impliquait pas la fourniture simultanée d’une part notable de l’électricité produite aux populations subsahariennes .

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