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Guyane : l’exploration de pétrole a commencé


Shell creuse le premier des 4 forages d’exploration au large de la Guyane. Ces opérations se déroulent si l’on peut dire selon « l’ancien régime ». Le processus d’autorisation avait été initié par le gouvernement Jospin en 2001 et prolongé par le gouvernement Fillon en 2011. Dans son communiqué « Le go-fast de Shell » du 9 juillet 2012, Robin des Bois a dénoncé les conditions d’attribution des autorisations. Le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Guyane vient de demander la suspension de ces opérations.

A la mi-juin 2012, les trois ministres des outre-mer, de l’écologie et du redressement productif ont déclaré que les nouveaux permis de recherche et d’exploitation imposeront des garanties écologiques qui n’existent pas jusqu’alors. Nous y sommes. En effet, quatre nouvelles demandes de permis de recherche d’hydrocarbures sont en cours d’instruction. Elles ont été déposées par TOTAL, Wessex/Saturn et Azimuth entre juillet 2011 et mai 2012. La demande de Wessex/Saturn qui travaille avec Shell, TOTAL et BP au préfet de Guyane est particulièrement désinvolte au regard de l’importance de la sollicitation : « Trouve ci-joint, s’il vous plait, une copie complète de la demande pour un permis pétrolier Papillon dans la mer Guyanaise. (…) Nous espérons pour l’octroi de ce permis plus rapidement ».

La recherche d’hydrocarbures dans le sous-sol marin est effectuée par des canons à air tractés par les navires de prospection. Ils tirent des rafales régulières, espacées de quelques secondes, parfois plusieurs semaines de suite, nuit et jour. Ils déclenchent dans la colonne d’eau des ondes sismiques. Les échos sont analysés par des hydrophones. Ces bruits sont enregistrables jusqu’à 3.000 km de la source sonore. Ils rayonnent dans l’eau et dans les sédiments.

Quel sera le nouveau régime ?

Il devra prendre en compte pour la première phase de recherche sismique les perturbations acoustiques et les ondes de compression subies par la faune marine, crevettes et autres invertébrés, poissons, tortues marines et mammifères marins. Une attention particulière devra être portée aux lamantins et aux dauphins de Guyane puisque les nouvelles demandes de permis de recherche s’approchent des eaux côtières et de la mangrove.

Des études démontrent également que les œufs et les larves des poissons exposés au tohu bohu et au chahut sous-marin sont moins viables et ont une croissance réduite. Le bruit sous-marin est reconnu par l’ONU comme une menace pour la biodiversité marine. Pour le nouveau régime d’attribution des autorisations de recherche d’hydrocarbures au large de la Guyane et dans toutes les eaux sous juridiction française, les ministères concernés pourront utilement s’inspirer des conclusions du groupe de travail sur les mammifères marins du Grenelle de la mer.

Dès maintenant, il convient aussi de prendre en compte les risques liés aux forages d’exploration et d’exploitation qui succèderaient à la phase initiale de prospection sismique ; dans des conditions analogues à l’offshore de Guyane, les forages d’exploitation de Chevron sont suspendus au large du Brésil.

L’industrie du pétrole est pressée et pressante. Cependant, en harmonie avec les impulsions du nouveau gouvernement, aucun nouveau permis ne doit être accordé dans les eaux sous juridiction française tant que la refonte des règles d’attribution des permis de recherche, d’exploration et d’exploitation n’aura pas abouti. Les pollutions sonores, les pollutions des boues de forage, les rejets chroniques de produits chimiques et d’hydrocarbures en phase d’exploitation, l’adéquation des moyens mobilisables en urgence en cas d’incident ou d’accident, sont des points essentiels pour Robin des Bois.


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