Tribune —
Hollande et le revenu maximal : un bon pas
« Quant aux hyper-riches qui menaceraient de quitter le pays, s’ils sont tellement attachés à l’argent, c’est qu’ils ne sont pas des citoyens très utiles à la société. Je ne doute pas qu’émergeront de nouveaux talents, moins cupides et plus soucieux de l’intérêt général : c’est de cette nouvelle génération que nous avons besoin pour transformer le monde. »
Le projet de François Hollande de taxer à 75 % les revenus dépassant un million d’euros est louable, et j’approuve que le candidat du PS se rapproche en cela des propositions de Front de gauche, des écologistes d’EELV, du syndicat du Trésor SNUI et de nombreux autres intellectuels et économistes.
Cependant, cette mesure indispensable – dont on peut discuter le plancher : un million d’euros, ou 500.000 euros, ou moins ? – n’a pas de sens si elle est prise de façon isolée.
1 – Elle doit s’intégrer dans une réforme générale de la fiscalité, visant à rétablir une progressivité réelle de l’impôt, à simplifier et à rendre lisible le système (par la suppression de nombre de niches et d’exceptions fiscales), et intégrant une dimension écologique forte.
2 – La lutte contre l’évasion fiscale doit être vigoureusement renforcée. Si des hyper-riches résidant en France menacent de quitter le territoire pour échapper à cette tranche d’impostion, la loi doit leur signifier qu’ils ne pourront plus travailler ni percevoir de revenus en France.
3 – Cette nouvelle politique peut être lancée en France, mais doit être accompagnée d’un effort soutenu pour convaincre nos amis européens d’aller dans le même sens. Et la règle européenne de l’unanimité pour les votes relatifs à la fiscalité doit être remise en cause, puisqu’elle favorise un dumping fiscal nuisible à tous les Européens.
Quant aux hyper-riches qui menaceraient de quitter le pays (voir à ce propos l’interview que j’ai faite de M. Cicurel, président de la Compagnie financière Edmond de Rotschild, ici : http://www.reporterre.net/spip.php?article2677), eh bien, voyez le point 3 ci-dessus. Et sur le fond, on peut dire ceci : s’ils sont tellement attachés à l’argent, c’est qu’ils ne sont pas des citoyens très utiles à la société. Je ne doute pas qu’émergeront de nouveaux talents, moins cupides et plus soucieux de l’intérêt général : c’est de cette nouvelle génération que nous avons besoin pour transformer le monde.