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L’association entre athlétisme et nucléaire est contestée

Le Réseau « Sortir du nucléaire » dénonce le financement de l’athlétisme français par l’entreprise Areva.

Action en cours au Palais omnisports de Paris Bercy.


Le Réseau « Sortir du nucléaire » organise actuellement une action de protestation contre le sponsoring par AREVA de l’athlétisme français. Une immense banderole "Le nucléaire tue l’avenir" vient d’être déployée sur les pentes du Palais omnisports de Paris Bercy. Cette action est la première d’une longue série, si la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) ne met pas fin à ce partenariat scandaleux.

Alors qu’Areva matraque intensivement la France depuis un mois avec son tout nouveau spot publicitaire, l’industriel continue son offensive médiatique. L’entreprise parraine en effet les Championnats d’Europe d’Athlétisme en salle organisés à Paris Bercy du 4 au 6 mars 2011, pour la troisième année consécutive et aux frais du contribuables (*). Le Réseau « Sortir du nucléaire » dénonce le financement de l’athlétisme français par AREVA, et le partenariat qui lie la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) et l’industriel, grand champion de la pollution radioactive.

Un message tronqué et mensonger

Areva justifie ce financement en se targuant de valeurs communes entre l’athlétisme et l’industrie nucléaire : « progrès continu, excellence, (…), enthousiasme, énergie ». Une éthique que le leader du nucléaire s’approprie un peu vite. Areva déclare en outre s’attacher à ne financer que des sports non émetteurs de gaz à effet de serre, tels la voile ou l’athlétisme. Areva en grand champion de la lutte contre le changement climatique ? On n’ose y croire.

En agissant de la sorte, l’industriel profite honteusement de l’image positive du sport : il faut rappeler qu’Areva est responsable de contaminations irréversibles de l’homme et de son environnement, contaminations soigneusement passées sous silence. Plus soucieux de sa rentabilité que de santé publique, Areva cherche à exporter à tout prix (**) son EPR, alors même que les experts soulignent les différents défauts de sûreté et de sécurité. Et contrairement à ce qu’Areva se plaît à clamer, l’industrie nucléaire génère une grande quantité de CO2 et est bien loin de son image « propre ». L’entreprise exploite des mines d’uranium au Niger, au mépris des populations locales et dans des conditions sanitaires insupportables. Il est donc bien difficile de trouver des valeurs similaires entre les activités d’AREVA et l’athlétisme.

Un sponsoring aux frais des Français

L’Etat français étant actionnaire à 93% de l’entreprise, les contribuables français financent donc directement cette campagne massive de désinformation : 20 millions d’euros rien que pour le budget du spot publicitaire !

Le Réseau « Sortir du nucléaire » dénonce cette gigantesque opération de désinformation aux frais du contribuable qui entache fortement l’image de l’athlétisme, et presse les dirigeants de la FFA à rompre tout lien avec AREVA.

Une action de protestation est en cours à Paris Bercy : « Nous sensibilisons au fait qu’AREVA sponsorise l’athlétisme car en cas d’accident nucléaire, il ne nous reste plus qu’à prendre nos jambes à notre cou ! », conclut le porte-parole du Réseau « Sortir du nucléaire », Daniel Roussée.

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Notes :

* brève d’Areva

** EDF a confirmé en juillet un retard de deux ans dans la construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville. L’entrée en service commercial de ce réacteur n’aura pas lieu avant 2014. Ce retard s’accompagne d’un surcoût d’au moins 2 milliards d’euros. L’EPR français coûtera donc au bas mot 5 milliards, au lieu des 3,3 milliards annoncés initialement. Par ailleurs, l’EPR en construction en Finlande accuse plus de 44 mois de retard pour un surcoût de 3 milliards, soit un doublement du coût prévu au départ. Au total, ce sont donc déjà 5 milliards d’euros de surcoût qui seront à la charge des contribuables français.


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