LGV Lyon Turin : un conflit d’intérêt au coeur de la commission d’enquête
Durée de lecture : 2 minutes

Les présidents italien et français doivent discuter le 3 décembre du projet de LGV Lyon-Turin. Mais la commission qui a donné un avis favorable à cette infrastructure comprenait des membres liés des entreprises directement intéressées à la réalisation de cette ligne. Voici les preuves.
Lyon Mag
Y a-t-il eu conflit d’intêret au sein de la commission d’enquête publique qui s’est penchée en début d’année sur le projet de ligne grande vitesse ?
C’est ce qu’affirment coup sur coup deux magazines.
La première salve est lancée par Le Canard Enchaîné, dans son édition du mercredi 3 octobre. L’hebdo nous apprend que dans son rapport, favorable au projet de LGV, la commission d’enquête « incite fortement » Réseau Ferré de France, le maître d’ouvrage, à passer un marché avec l’entreprise de travaux publics Truchet TP. Celle-ci propose de stocker « de manière définitive 950 000 m3 de déblais » dans un terrain de 9 hectares, situé dans la zone artisanale d’Arbin, au sud-est de Chambéry. Or, le président de cette entreprise de BTP, Roger Truchet, n’est autre que... le frère de Guy Truchet, l’un des membres de cette fameuse commission d’enquête. Le Canard Enchaîné précise que le terrain a été acheté en 2006 pour 350 000 euros, alors qu’aujourd’hui, « le million de mètres cubes de sable et de gravier contenu dans le site peut générer un chiffre d’affaires de 20 à 50 millions d’euros ».
Après le palmidé, c’est l’hebdomadaire Politis qui, jeudi [4 octobre], renforce la thèse du conflit d’intérêt. Le magazine affirme que le président de la commission d’enquête publique (un certain Pierre-Yves Fafournoux) a été l’associé entre 2004 et 2009 du cabinet Egis (filiale de la Caisse des dépôts), cabinet conseil qui a réalisé les études d’impact de la ligne Lyon - Turin. De quoi donner du grain à moudre aux opposants du projet, qui se sont plaints à plusieurs reprises de n’avoir pas voix au chapitre lors des réunions d’informations organisées par la commission. Et, peut-être, de quoi gêner aux entournures François Hollande, qui s’est déclaré à plusieurs reprises « fan » du projet, et qui doit retrouver Mario Monti en décembre à Lyon pour évoquer le sujet.
Voici par ailleurs, en PDF, la lettre adressée le 14 novembre aux Préfets de Savoie, de l’Ain, du Rhône et de l’Isère détaillant et documentant les conflits d’intérêt qui sont au coeur de la Commission d’enquête publique sur la LGV Lyon Turin :
On y lit notamment que la commission d’enquête publique a « invité » à étudier la proposition de l’entreprise Truchet, dirigée par le frère d’un membre de la commission :

Lien vers le rapport d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique du projet d’accès français au tunnel franco-italien, enquête qui s’est achevée le 19 mars 2012.