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La France refuse le gaz de schiste sur son sol, mais voulait le développer en Algérie


Alors que le voyage officiel du Président de la République en Algérie touche à sa fin, plusieurs sites d’informations révèlent que la France aurait conclu un accord avec l’Algérie dans le but d’expérimenter des techniques alternatives à la fracturation hydraulique utilisée pour extraire les gaz et huiles de schiste [1]. Les Amis de la Terre condamnent vigoureusement cet accord et exigent des explications du gouvernement.

François Hollande réalise depuis mercredi 19 décembre son premier voyage présidentiel en Algérie, accompagné de plusieurs de ses ministres. D’après le Premier Ministre algérien, cette visite devrait se conclure par la signature de « 7 à 8 accords touchant plusieurs secteurs dont la défense, l’industrie, l’agriculture, la culture, l’enseignement et la formation  ».

Nous apprenons jeudi 20 décembre que l’un de ces accords pourrait concerner l’expérimentation de techniques permettant d’exploiter les gaz et huiles de schiste. Alors que le Président de la République ne cesse de clamer haut et fort que ce dossier ne serait pas rouvert d’ici la fin de son quinquennat, cette annonce se révèle des plus scandaleuses.

Pollution des nappes phréatiques et des sols, émanation de produits toxiques dans l’atmosphère, réchauffement climatique... Les impacts environnementaux et sociaux de l’exploitation des gaz et huiles de schiste ne sont hélas plus à prouver, comme en attestent les fréquents accidents dénoncés aux Etats-Unis et au Canada où l’exploitation est la plus importante [2].

De l’aveu même du gouvernement, aucune technique alternative certifiée non nocive pour l’environnement ne serait aujourd’hui sur le point de voir le jour. Mener des expérimentations grandeur nature dans le désert algérien serait une décision insensée, en négation du principe de précaution.

La France doit cesser de considérer l’Algérie et ses anciennes colonies comme ses laboratoires d’expérimentation en jouant à l’apprenti sorcier au détriment des conditions de vie des populations locales et de la préservation de leur environnement. Rappelons qu’entre 1960 et 1966, la France a réalisé de nombreux essais nucléaires dans le désert algérien, refusant pourtant encore aujourd’hui de reconnaître sa responsabilité dans la catastrophe environnementale et sanitaire dont elle est à l’origine.

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[1] lepoint.fr

[2] Positionnement de 40 ONG européennes


Complément d’information :

Delphine Batho, la ministre de l’écologie, a démenti le 21 décembre l’accord entre la France et l’Algérie sur le gaz de schiste, contredisant le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius.


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