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La contestation du projet inutile d’Arena, à Dunkerque, se renforce

Un grand stade fait par Vinci, sur une zone inondable, à proximité d’usines dangereuses, détruisant des plantes protégées, et qui va endetter Dunkerque pour des années : des citoyens ont à nouveau manifesté samedi contre ce « moyen projet inutile et imposé ».


-  Dunkerque, correspondance

Après le succès de la manifestation du 8 février dernier, à l’issue de laquelle une pétition avait été déposée à la sous-préfecture de Dunkerque, les associations membres du collectif Stop ARNA (Amis de la terre, Adelfa, Arena non merci !) ont organisé un rassemblement sur la place du théâtre de Dunkerque le samedi 15 mars.

Elles ont, à nouveau, exprimé leur opposition au projet de la grande salle ARENA de 10 700 places unissant le maître d’ouvrage, la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) et la multinationale Vinci chargée de la construction et de la gestion de la salle.

Rappelons que, selon les acteurs du projet, cette salle, la plus grande au nord de Paris, pourrait accueillir les concerts de chanteurs populaires (Johnny Hallyday par exemple), les plus grands opéras du Monde ainsi que les matches des clubs locaux de Basket et de Handball.

C’est un contrat de partenariat public privé (PPP) signé avec Vinci qui a été finalement retenu. Bien que voté par les élus de la CUD, ce projet fut accueilli avec beaucoup de circonspection par les associations écologiques qui, dès le début de l’année 2013, ont organisé la riposte.

Signé en octobre 2012, le contrat définit le montant du financement à hauteur de 112 millions d’euros, somme à laquelle il convient d’ajouter un loyer annuel de 6,6 millions d’euros à la charge des habitants de la CUD pendant 27 ans, période au terme de laquelle le maître d’ouvrage deviendra définitivement propriétaire de la salle. Au total, près de 300 millions d’euros seront déboursés, une dépense colossale aux yeux des opposants à ce projet pharaonique.

Le président de l’association Arena non merci ! réclame, au nom de la transparence, une consultation du contrat PPP afin d’apporter à la population concernée par ce chantier toutes les précisions indispensables. Il constate amèrement que la demande déposée, à ce sujet, auprès des services de la CUD est demeurée sans réponse.

Les associations hostiles à ce projet qualifié d’inutile et ruineux, sont également préoccupées par la construction d’un hypermarché « Grand Nord » à proximité de la salle des sports ARENA. Jean Sename, Président de l’Adelfa, souligne que cette grande surface - la quatrième sur une agglomération comptant environ 200 000 habitants – mettra gravement en péril les commerces de proximité dans l’ensemble des quartiers du dunkerquois. « Un emploi créé dans la grande distribution, c’est cinq emplois détruits dans le commerce local » rappelle-t-il.

Le choix du site de construction pose des problèmes évidents de sécurité publique, liés à la combinaison de la proximité d’usines à risques et de la situation d’enclavement du terrain. La salle se situerait dans un « cul de sac », entre l’autoroute A16, la voie ferrée Dunkerque-Calais, un canal et une zone industrielle.

« Ce site, s’insurge Jean Sename, serait une véritable souricière pour les 10 000 personnes appelées à le fréquenter. Un accident, même banal, pourrait se transformer en catastrophe en cas d’évacuation rapide. »

Par ailleurs, en dépit des propos tenus par les dirigeants de la CUD et qui se veulent rassurants en matière de protection de l’environnement, les opposants ne décolèrent pas. Les recommandations de la CUD ne sont à leurs yeux qu’un vernis destiné à masquer la réalité écologique. Des richesses floristiques ainsi que des espèces protégées seront détruites.

De plus, le terrain sur lequel sera érigée la grande salle est inondable. Un tel édifice aurait exigé des fondations spéciales, plus robustes dont le coût exorbitant aurait, de toute évidence, alourdi la pression financière sur la population dunkerquoise. « La CUD prétend être exemplaire sur les questions environnementales, mais ce n’est qu’un leurre ! » déclare Nicolas Fournier pour les Amis de la Terre.

Malgré le recours gracieux déposé auprès du Tribunal administratif de Dunkerque par l’Adelfa le 16 décembre 2013 à l’encontre de l’arrêté en date du 24 octobre 2013 accordant le permis de construire à Vinci, les travaux ont été entamés. Un autre recours, cette fois contentieux, a été déposé par les mêmes plaignants.

Avant la dislocation du rassemblement, un citoyen dunkerquois a pris la parole pour déclarer : « La seule solution réaliste et crédible pour empêcher ce double projet est de casser, par les recours que nous avons engagés, les autorisations de construire obtenues de manière très contestable. C’est aussi la seule chance pour la Communauté urbaine de sortir du piège du partenariat public privé avec Vinci et de reprendre son indépendance. »

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