Tribune —
La gauche perd quand elle est au centre
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En Allemagne, Angela Merkel a remporté les élections du 27 septembre, pendant que le SPD s’effondrait. Die Linke et les Verts progressent, mais le pays a voté à droite.
En Allemagne, la défaite du SPD est sévère et légitime.
Elle était prévisible. Toute alliance avec la droite nourrit la droite. La « troisième voie » est une voie maudite. Déjà perdante le 7 juin dans toute l’Europe, elle reperd spectaculairement le 27 septembre en Allemagne. Les vieux schémas SFIO, alliance au centre ou à droite des années 50, tant vanté par les Valls, Peillon, cie perdent encore et toujours.
Pour gagner, car il y a deux camps, il faut construire, renforcer, unifier le camp du salariat contre celui de l’actionnariat. Celui qui brouille les frontières entre les deux camps, embrouille son camp. Les alliances de la gauche avec la droite sont contre-nature : en Allemagne avec la CDU, en France avec la droiteUDFmodem.
C’est donc le prix de la trahison qui vient d’être payé par le SPD qui a gouverné carrément avec la droite sur des bases de droite pendant cinq ans. Pourtant aux dernières élections allemandes, la gauche avait plus de voix que la droite : SPD, Verts et Die linke étaient majoritaires ensemble. Faute de s’être uni pour gouverner à gauche, c’est le choix de la « grande coalition » CDU-SPD qui a conduit le pays là où il est, chômage, misère, inégalités. Il est arrivé ce qui devait arriver : finalement les électeurs de droite ont préféré l’original à la copie, les électeurs de gauche se sont découragés et divisés.
La participation cette fois a été historiquement au niveau le plus bas, c’est comme si la gauche avait tout fait pour donner le pouvoir à Angela Merkel. Résultat : à la fois division, démobilisation et radicalisation de l’électorat de gauche. 22 %, le pire score du SPD en 60 ans, il perd 10 millions d’électeurs, et puis 10 % pour les Verts, alors qu’avec 12 %, Die linke progresse, traduisant l’impatience de ceux qui résistent. C’est parfaitement lisible : les responsables du SPD sont légitimement sanctionnés, l’abstention à gauche est énorme, Die linke capte fort justement les aspirations de gauche et passe même devant les Verts. Mais le total des voix ne progresse pas et Merkel est au pouvoir pour cinq ans de plus.
C’est seulement maintenant que le dirigeant du SPD Frank-Walter Stenmeier affirme qu’il « est temps de construire une véritable opposition ». Hé, oui, mais tout cela est de sa faute…
Jean-Luc Mélenchon appelle la gauche Française à méditer les résultats allemands : il a raison. Si l’on veut éviter le même résultat, il faut travailler sans tarder à unir TOUTE la gauche contre TOUTE la droite : sinon 2012 est connu d’avance.
Plus que jamais la gauche du PS a la responsabilité d’influer sur le cours de ce parti, elle doit se dynamiser comme elle a commencé à le faire ce week-end dans son assemblée générale des Landes, elle doit s’unifier elle-même davantage pour peser sur la majorité de Martine Aubry.
Elle a montré la voie en réunissant la Gauche unitaire, le NPA, les Verts, le PCF, le MRC, le PG… On a vu qu’un programme commun de toute la gauche était possible…
En fait, à la tribune, à Vieux-Boucau, on parle tous le même langage sur le fond, on peut bâtir une unité de toute la gauche, et pas seulement une petite gauche. Le cœur d’un programme commun saute aux yeux : l ! (C’était le titre de la contribution de D&S au dernier congrès de Reims) : la redistribution des richesses.
Pour redistribuer les richesses, le moyen le plus simple, direct, évident c’est d’augmenter massivement les salaires. C’est de réduire la durée du travail pour travailler tous, moins, mieux, 35 h. C’est donner la priorité au travail des jeunes et de défendre la retraite à 60 ans. C’est une révolution fiscale juste : priorité aux impôts directs et progressifs sur le revenu et les sociétés, suppression des taxes indirectes et proportionnelles injustes. Pour faciliter cela, il faut lutter contre la mondialisation libérale, rétablir des règles de l’échange. C’était le sens de la conclusion de Benoit Hamon en notre nom à tous.
Les médias sarkozystes, méprisants et méprisables, ont boycotté cette réunion de l’espoir à gauche : alors qu’ils valorisaient Marseille et Montpellier, ils ont ignoré Vieux Boucau. C’est la preuve que l’union du PS avec le Modem, c’est ce que veut Sarkzoy pour gagner comme Merkel en Allemagne. Et que la voie vers l’union de toute la gauche, c’est ce que la presse sarkoziste veut étouffer.
Allez, au travail : construisons partout des rencontres unitaires de toute la gauche, agissons en commun aussi, comme le 3 octobre pour défendre la Poste