Tribune —
La vraie dette
Nouvelles en vrac. On apprenait, le 30 avril, que deux membres du peuple surayaku, au sud de l’Equateur, avaient été blessés par un groupe d’hommes armés - les Surayaku s’opposent à l’exploitation du pétrole sur leur territoire.
Le 30 avril, des manifestants ont protesté à Madrid devant le siège du géant pétrolier hispano-argentin Repsol-YPF contre son projet de prospection pétrolière en Amazonie péruvienne.
Le 5 mai, l’organisation Friends of the Earth (Les Amis de la Terre) publie un rapport montrant que les compagnies européennes investissent massivement dans l’exploitation des sables bitumineux au Canada et ailleurs ; ces sables contiennent du pétrole, dont l’extraction est particulièrement polluante et destructrice de l’environnement.
Le 29 avril, la Norvège et la Russie ont passé un accord sur leur frontière en mer de Barents, afin de faciliter l’exploitation du pétrole dans cette mer arctique.
Le 4 mai, une marée noire provoquée par l’explosion d’une plate-forme pétrolière, le 22 avril, continue à faire sentir ses effets catastrophiques dans le golfe du Mexique.
Que se passe-t-il ? Le pic pétrolier commence à se manifester et de plus en plus de pays producteurs voient diminuer le volume de pétrole qu’ils peuvent extraire de leur territoire. Mais la demande de pétrole se maintient. Alors on cherche du pétrole ailleurs : en Amazonie, sous les mers, en Arctique. C’est-à-dire dans des écosystèmes fragiles, et dans des conditions de plus en plus difficiles. Cela promet des destructions écologiques quasi certaines, sans pour autant garantir de repousser le pic pétrolier global très longtemps.
Trois possibilités s’ouvrent alors : on continue en se disant qu’on verra ce qui arrivera ; on parie que la fée technologie résoudra les problèmes, que nucléaire et éoliennes prendront le relais dans quelques décennies ; on s’organise pour réduire la demande. Le chroniqueur ne croit pas exagérer en estimant que cette dernière possibilité suscite assez peu d’intérêt. C’est pourtant la seule qui permettra d’éviter la grande crise, sachant que le temps est compté. Elle n’exclut pas la technologie, mais elle pose que l’enjeu principal est celui du changement des modes de vie.
Nous avons développé une dette écologique énorme. Pour tenter d’éviter l’épreuve de vérité, nous inventons des « actifs écologiques pourris » : exploitation pétrolière en Arctique et offshore profond, multiplication des déchets et des risques nucléaires, banalisation des environnements. Mais toutes les bulles explosent un jour. Il faut payer la dette, dit-on aux Grecs. Quand paierons-nous la dette écologique ?
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Références :
- Surayaku : http://guylesoeurs.com/2010/05/amaz...
- Pérou : http://www.survivalfrance.org/actu/5899
- Mer de Barents : http://planetark.org/wen/57824
- Sables bitumineux : http://www.foeeurope.org/press/2010...
- Marée noire : http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...