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Le Sommet de la Terre de Rio en 2012 se prépare

Vingt ans après le Sommet de la terre à Rio en 1992, dix ans après le Sommet mondial du développement durable à Johannesburg en 2002, les Nations unies organisent la conférence internationale Rio + 20, qui se tiendra à Rio au Brésil du 4 au 6 juin 2012.


En 1992, le Sommet de la Terre de Rio aboutissait à l’adoption du programme Action 21, soit environ 2 500 recommandations et trois grandes conventions - la Convention sur la diversité biologique (CDB), la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD). 20 ans plus tard, force est de constater que ces différents engagements n’ont été que partiellement appliqués.

S’agissant de l’érosion de la biodiversité notamment, les objectifs sont loin d’être atteints. 2010, qui a été l’année internationale de la biodiversité, s’est en effet achevée sur un constat d’échec ; l’objectif visant à stopper la régression de la biodiversité d’ici 2010 n’ayant pu être atteint. D’autre part, les négociations climatiques qui se sont déroulées dans le cadre de la CCNUCC se sont soldées par le « non accord » de Copenhague et laissent sceptiques aujourd’hui sur l’avenir du Protocole de Kyoto, dont la première période d’engagement expire fin 2012 sans qu’une « suite » ne se dessine. Rappelons que le protocole est à ce jour l’unique instrument juridique imposant des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à 37 pays développés. Enfin, les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) sont encore très loin d’être atteints. Environ 1,4 milliard de personnes vivent toujours dans des conditions de pauvreté extrême.

Qu’attendre de Rio + 20 ?

Cette conférence, qui rassemblera acteurs publics, privés et société civile, pourra-t-elle relancer la dynamique internationale sur les questions de développement durable ? Plusieurs crises ont surgi ou se sont accélérées au cours de la décennie écoulée : climat, biodiversité, énergie, denrées alimentaires, eau, crise financière internationale... Les préoccupations ont donc changé depuis 20 ans. La prise de conscience, l’expertise et les solutions « vertes » aujourd’hui identifiées peuvent faire de Rio un sommet de transition vers une économie plus soutenable… à condition que les décisions politiques suivent.

Pour l’heure, les Nations unies, qui attendent entre 35.000 et 50.000 participants et 100 à 120 chefs d’Etat à Rio, ont fixé pour objectifs d’assurer le renouvellement des engagements internationaux envers le développement durable et d’évaluer les progrès réalisés au cours des vingt dernières années - un rapport, publié en mai 2010, fournit déjà une évaluation des progrès et des lacunes dans la mise en œuvre du Sommet de Rio depuis 1992. Deux grands sujets seront abordés : l’économie verte dans le contexte du développement durable et l’éradication de la pauvreté, la gouvernance et le cadre institutionnel pour le développement durable.

Le rapport du PNUE publié en février dernier intitulé « Pour une économie verte » a évalué les investissements nécessaires au plan mondial entre 1,05 et 2,59 billions (mille milliards) de dollars, soit moins d’un dixième du total de l’investissement mondial annuel. Ce scénario vert serait donc possible avec l’équivalent de 2% du PIB (1.300 milliards de dollars par an) investis dans dix secteurs clés entre 2010 et 2050. Reste que les Etats décideront ou non de faire ces choix et de lancer les financements innovants pour les pays en développement.

L’Europe prône la réglementation et le marché

Au niveau européen, la Commission a présenté le 20 juin dernier sa feuille de route pour Rio + 20, qui expose les conditions et les moyens nécessaires à la transition vers une économie verte. Elle plaide pour « la mise en place, à l’échelle de la planète, des conditions de marché et de l’environnement réglementaire adéquats ». La Commission propose également des écotaxes, la suppression des subventions nuisant à la protection de l’environnement et, plus classiquement, la mobilisation de financements publics et privés. Coïncidence : c’est le Danemark qui présidera l’UE au moment de Rio, comme ce fut le cas pour le sommet de Copenhague...

En France, deux comités s’organisent : d’une part le comité « officiel » Rio +20 qui réunit les différentes parties prenantes sous la tutelle des ministères de l’Ecologie et des Affaires étrangères, et d’autre part le « collectif Rio +20 », qui rassemble les ONG sous la houlette de Pierre Radanne (ancien négociateur lors du Sommet de Copenhague). Comme pour les autres Etats, les travaux sont à peine lancés, explique Brice Lalonde, ex-ministre de l’environnement et coordinateur exécutif du sommet Rio+20. « L’ONU attend des propositions, des initiatives, le processus est très participatif, a –t-il assuré lors d’une conférence du Comité 21. Il n’y aura pas, cette fois, de texte de 300 pages décidé à l’avance et que tout le monde fait semblant de découvrir... Nous laisserons le processus de négociations ouvert ». Un « document politique » devrait, quoi qu’il en soit, être adopté à l’issue du sommet. « Ne pensez surtout pas que des tas d’initiatives sont en train d’être lancées par les gouvernements pour préparer l’événement, c’est faux. Ils n’ont pas avancé sur le sujet », a également fait savoir Brice Lalonde, appelant à la mobilisation de la société civile et rappelant que 2012 serait également l’année des élections présidentielles aux Etats-Unis et en France, ce qui ne simplifiera pas le contexte.


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