Tribune —
Le changement climatique, un génocide en cours
Durée de lecture : 22 minutes
"ENTRER EN RÉSISTANCE.
Appel sur la destruction du climat de la terre et le génocide qui en
résultera"
Le texte qui suit n’a pas été écrit pour vous faire plaisir. Le texte
qui suit remet en cause votre vision du monde. Le texte qui suit ne vous
fera pas bien voir en société. Le texte qui suit est trop long pour
vous. Le texte qui suit, en un mot, est un texte de résistance. Vous
êtes libre de vous arrêter ici.
Demain, vous recevrez une liste de citations, avec le nom de leurs
auteurs et leurs sources, explicitant le fait que les Français, en
détruisant le climat de la terre à l’aide de machines telles que l’avion
ou la voiture, procèdent en toute connaissance de cause à la préparation méthodique, scientifique, d’un génocide.
Les personnes citées sont des journalistes, des scientifiques, des
militants, etc., qui affirment qu’il s’agit d’un génocide mais oublient
encore, pour l’instant :
1) leur propre tendance à plus s’appesantir sur le sort de la grenouille à dos mordoré du Costa Rica que sur celui de millions d’enfants, de femmes et d’hommes poussés cyniquement vers un génocide, via la destruction du climat qui leur permet de se nourrir ;
et ces auteurs cités oublient également :
2) la question centrale : s’il y a génocide, par définition, il y a des responsables. En 2009, il y a des gens qui, de par leur mode de vie, préparent ce génocide. Ce sont principalement les habitants des pays dits « riches », dont la France.
Aujourd’hui, le texte qui suit présente un argumentaire logique
décrivant les 3 principales étapes de ce génocide. Elles sont évidentes,
et les preuves nécessaires pour parvenir à cette conclusion vous sont
connues. Il n’y a nulle part de complot. Cependant, l’énormité du crime,
et le fait que c’est notre société qui le commet, les gens que nous
connaissons qui y participent, rendent la connection dans votre cerveau
inacceptable. Mais il y aura un moment où la logique et la morale de
base feront céder les murs mentaux qui caractérisent le débat sur le climat.
Bien que cela demande plus de développements, il vous est proposé ici
une version relativement courte, sous la forme d’une description aussi
lucide que possible de la situation actuelle, suivie d’une anecdote
historique.
Tout d’abord, comment répondriez-vous à la question suivante : "S’il
était possible de décrire - de manière ramassée et claire - la situation
de la France en 2009 par rapport à la destruction du climat de la terre,
quel mot choisiriez-vous ?" On peut aborder la chose de la manière
suivante, en commençant par le résultat, puis en remontant le cours
chronologique des choses.
1. Si une population n’a plus de quoi se nourrir, physiologiquement
parlant, les hommes, femmes et enfants meurent. Or, selon les Nations
Unies, en 2009, un milliard d’êtres humains manquent de nourriture et
sont donc déjà en situation de « pré-famine ».
2. Si des extrêmes climatiques - pour faire court, sécheresses et
inondations - détruisent les récoltes, une population n’a plus de quoi
se nourrir.
3. La destruction du climat de la terre entraîne des extrêmes
climatiques. La grande majorité des études scientifiques en attestent (1).
4. Battez des bras très fort, soufflez fort : vous n’aurez pas d’impact
sur le climat. Pour détruire le climat, il « faut » utiliser des machines,
appelées par exemple « avion » et « voiture ». Les transports sont
responsables à eux seuls d’un quart de la pollution du climat. En y
ajoutant la construction industrielle desdites machines et
l’infrastructure qu’elles nécessitent, cela représente près de la moitié
de la pollution en question.
5. Est-ce que la destruction du climat est le fait de méchants petits
hommes verts débarqués de Mars ? Non. Est-ce que c’est Dame Nature, qui fait un caprice ? Non. Ce sont des êtres humains qui détruisent le
climat. Notez le « des » : des êtres humains. En effet, l’un des mensonges
les plus grossiers que l’on entend actuellement consiste à faire croire
« qu’on est tous responsables ». En fait, la pollution climatique
engendrée par un Français est sans commune mesure avec celle de la
majorité de l’humanité. Mettre sur un plan d’égalité la responsabilité
d’un Français et d’un Malien, ou d’un Indien, constitue un mensonge.
C’est donc une petite partie de l’humanité qui utilise, sciemment, des
machines qui détruisent le climat de la terre.
Remettons maintenant ces enchaînements logiques dans l’ordre
chronologique et résumons :
1. Une minorité d’humains - dont les Français - utilise des machines
ostentatoires qui détruisent le climat de la terre.
2. Cette destruction du climat entraîne des aléas climatiques qui vont
détruire les récoltes de la majorité des habitants de la planète.
3. Parmi le milliard d’êtres humains déjà en situation de stress
alimentaire, ces pertes de récoltes vont avoir pour résultat la mort de
millions d’êtres humains.
Il y a dans la langue française un mot, précis, pour décrire ce que fait
la minorité de personnes décrite plus haut. Ce mot est : génocide (2).
Même d’un point de vue juridique, c’est une évidence, bien que la
législation internationale contre le génocide ait été écrite à une
époque où il était difficilement imaginable que des humains
assassineraient d’autres humains en masse, en détruisant leur climat à
l’aide de machines (3).
De quoi ? Comment ? La France de 2009 est une société génocidaire ?
Quelle blague ! Nous sommes tous très gentils, moi, ma famille, mes
amis, mes voisins ne sont pas des génocidaires !
Pour vous faire comprendre l’inanité d’une telle réaction, un petit
morceau d’histoire. Début 42 commence le génocide « industriel » des
Juifs. On peut dire ce que l’on veut de la population allemande de
l’époque, qu’elle était immorale, etc., mais on ne peut pas dire qu’elle
était « bête » - malheureusement, sinon il aurait été plus rapide de se
débarrasser du nazisme. La population allemande de 1942 est l’une des
plus éduquées, des plus avancées techniquement au monde.
Or, à ce moment crucial, Goebbels va faire quelque chose qui éclaire
singulièrement la situation dans laquelle nous nous trouvons en 2009. Il
va s’adresser à la population allemande, et à ce peuple "éduqué et
avancé techniquement" qui est en train de participer, à différents
niveaux, à un génocide, il va dire la chose suivante. Il va dire qu’il
faut lancer un concours national... de politesse. Authentique (4).
Il semble donc que l’esprit humain soit capable d’un tel niveau
d’auto-intoxication qu’un peuple éduqué et avancé techniquement puisse se livrer à un concours de politesse... en même temps qu’il massacre des enfants dans des chambres à gaz. En fait, il y a là, à l’oeuvre, une certaine logique. Si nous sommes tous en train de parler de la manière d’améliorer le niveau de politesse dans le pays, il serait grotesque de prétendre que nous sommes, en même temps, en train de procéder à un génocide.
En 2009, en France, un peuple éduqué et avancé techniquement utilise des machines qui, clairement, préparent le génocide de millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Ce peuple-là ne fait pas de concours de politesse.
Mais nous avons l’équivalent idéologique : des « responsables » lui
expliquent qu’il faut fermer le robinet quand on se brosse les dents.
La « normalité » autour de vous ne constitue pas un argument rationnel
pour prétendre que la France ne se livre pas, en ce moment, à la
préparation d’un génocide. S’il n’y avait pas eu les aviations alliées,
l’Allemagne génocidaire de 1942 aurait été un pays où les gens vont
acheter leur pain, mettent leurs enfants à l’école, prennent un verre
dans un café... ou s’adonnent à des concours de politesse. Dans La
supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, une
témoin raconte qu’elle a "compris que, dans la vie, des choses
horribles se passent de façon paisible et naturelle..." (5).
En d’autres termes, présenter la destruction du climat comme un problème écologique, c’est être en retard d’une guerre. C’est ne rien comprendre au monde autour de nous, non pas parce que l’on est bête, mais parce que la réalité est quelque peu gênante à admettre.
Oubliez les petits oiseaux, les baleines, etc., nous n’en sommes plus
là. La France de 2009 a commencé un génocide à une échelle jamais vue
dans l’histoire de l’humanité. Mais, dites-vous, il y a tout de même un
point qui reste ambigu. Contrairement aux génocides commis dans
l’histoire de l’humanité, les Français ne veulent pas explicitement la
mort de millions d’autres êtres humains. Là encore, l’inanité de
l’argument est patente. Jamais au grand jamais un peuple génocidaire n’a dit, en substance : « Nous sommes des salauds, et nous prenons plaisir à assassiner en masse ». A chaque fois, les génocidaires expliquent qu’ils sont des pauvres petits qui ne font que défendre leur propre peuple. Les Allemands « défendaient » la pureté de leur race contre les méchants banquiers juifs anglo-saxons, les Hutus ont génocidé les Tutsis pour se « défendre » durant une guerre civile, etc.
Le génocide que planifie et met en oeuvre la France au jour
d’aujourd’hui ne déroge pas à la règle du genre. Ainsi, officiellement,
le président ne relance pas la fabrication de machines qui détruisent le
climat dans le but avoué d’assassiner des millions d’êtres humains -
même si c’est là l’effet principal -, mais juste pour « défendre » la
croissance face à la « crise ». Un système idéologique de malades en
remplace un autre, mais les monceaux de cadavres sont les mêmes.
En conclusion, en tant qu’adulte, vous êtes responsable de vos actes. Le
fait d’utiliser certaines machines - avion et voiture par exemple - a
pour effet de provoquer un génocide via la destruction du climat de la
terre, aussi clairement que 2 + 2 = 4. Aucune excuse ne tient. Il n’y a
pas d’excuse pour participer à un génocide. En conséquence de quoi, si
vous utilisez ou souhaitez continuer à utiliser malgré cela ces
machines, vous participez en toute connaissance de cause à un génocide (6). Il est possible dès à présent de cesser d’utiliser la machine
génocidaire appelée « avion », et il est possible à courte échéance,
collectivement, de s’organiser pour vivre sans cette autre machine
génocidaire appelée « voiture ».
Que faire ? Il est toujours possible de refouler ces faits dans un coin
de son cerveau, comme le fit la majorité de la population française
durant l’occupation. Et il est possible de faire ce que fit un Jean
Moulin ou une Lucie Aubrac. Nous vous proposons d’entrer en résistance.
Entendons-nous bien. Les exaltés qui croient que la violence peut
résoudre les problèmes du XXIe siècle nous répugnent. Les références à
la Résistance sont voulues, mais elles s’entendent d’un point de vue
intellectuel et spirituel (7). De même qu’il fallut du courage à un de
Gaulle pour désobéir, il vous faudra du courage pour voir que nous
vivons effectivement dans une société génocidaire, et tout autant de
courage pour en tirer les conséquences qui s’imposent en termes de
combat politique. Il est clair qu’il est plus confortable de dire que le
PDG de Total est très, très méchant, mais d’utiliser son kérosène, avec
cette hypocrisie dégoulinante de bonne conscience qui caractérise une
partie non négligeable des mouvements environnementalistes actuels.
L’une des caractéristiques du Parti de la Résistance sera de commencer
par se libérer du « Qu’en dira-t-on ? ». Nous nous fichons de passer pour
des fous ou des clowns ou des extrémistes. Les résistants durant la
seconde guerre mondiale n’étaient-ils pas traités de terroristes ? Nous
nous soucions de ce qui est juste et vrai. Après, libre aux Français de
voter ou pas pour notre vision politique, mais au moins ils leur sera
proposé une option sérieuse qui n’insulte pas leur intelligence.
Ainsi, l’avion est actuellement la machine la plus « efficace » à détruire
le climat, alors que ladite machine est utilisée par une ultra-minorité
à la surface de la terre. Or il ne s’agit que de machines. Dès lors que
l’on pense que la vie d’êtres humains est plus importante, on comprend
qu’il faut interdire l’aviation, et cela immédiatement.
Le même raisonnement, peu ou prou, vaut pour cette autre machine appelée « voiture ». Si les classes moyennes chinoise et indienne peuvent se « développer » et rouler en voiture comme le font les Français, on peut arrêter de parler du climat de la terre. Donc, à moins d’être raciste et de penser que nous seuls pouvons utiliser cette machine, il faut interdire la voiture en France. Oser parler de « voiture verte » dans ce contexte international est grotesque.
Parmi les quatre premières mesures que le Parti de la Résistance mettra
en oeuvre, nous proposons donc :
- l’interdiction immédiate de l’aviation ;
- l’interdiction progressive, en un an, de la voiture individuelle (on
garde bien entendu des véhicules pour les pompiers, des ambulances...) ;
- l’interdiction progressive, en deux ans, de toute importation de biens
ou de services qui peuvent être produits ou réalisés en France (ce qui
permettra de réduire significativement le transport par camion) ;
- l’instauration d’un Revenu moral maximum (RM2) de 3000 euros net par
mois (grosso modo trois fois le SMIC), qui s’appliquera aux 10 % de
Français qui dépassent cette somme, mais qui les maintiendra, au niveau mondial, parmi les plus riches des plus riches.
Ces mesures peuvent sembler surréalistes. En réalité, elles sont très
simples, comparées à celles voulues par les résistants de la première
heure, durant la seconde guerre mondiale. A l’époque, comme le racontait le résistant Serge Ravanel dans des entretiens à France Culture, il fallait une certaine dose d’optimisme béat pour prétendre qu’il était encore possible de renverser le cours des choses et vaincre la machine nazie. Aujourd’hui, interdire l’utilisation de quelques machines
ostentatoires est, en comparaison, un but politique raisonnable. Quant à
la « rapidité » apparente de la mise en oeuvre de ces mesures, peut-on
parler de « rapidité » alors qu’il s’agit de l’interdiction de machines
génocidaires ? Et si vous hésitez encore, méditez ces paroles de Romain
Gary :
" Je suis sans rancune envers les hommes de la défaite de 40. Je
comprend fort bien ceux qui avaient refusé de suivre de Gaulle. Ils
étaient trop installés dans leurs meubles, qu’ils appelaient la
condition humaine. Ils avaient appris et ils enseignaient la « sagesse »,
cette camomille empoisonnée que l’habitude de vivre verse peu à peu dans notre gosier, avec son goût douceureux d’humilité, de renoncement, d’acceptation " (8).
En définitive, nous vous proposons d’entrer en résistance. D’ici un
mois, nous allons réaliser l’acte fondateur du Parti de la Résistance
(9). Votre aide est cruciale. Ne pensez pas que les habitants du
tiers-monde vont mettre longtemps à vous traiter de génocidaire, avec
raison. En fait, cela a déjà commencé (10).
Vous pouvez :
1. Faire suivre cet appel par e-mail à un maximum de gens. Même quelques e-mails, envoyés par chacun, peuvent permettre une large diffusion de ces informations.
2. Nous envoyer vos coordonnées à snowhobbes (at) gmail.com ; ainsi, nous resterons en contact, vous informerons du développement de cette
initiative, et pourrons vous proposer de joindre la Résistance dès que
nous aurons mis sur pied une structure adéquate ; et nous vous tiendrons au courant de la manière dont vous pouvez participer à ce combat.
Entrez en résistance.
Fraternellement
..........................................................
Notes :
(1) Compendium sur la science du changement climatique, PNUE, 2009.
(2) Parmi les famines qui ont été le plus médiatisées sur les étranges
lucarnes occidentales, il y a bien sûr les famines du Sahel, dans les
années 70. Or, la " véritable origine du désastre du Sahel a été révélée
en novembre 2003, quand des climatologues du Centre national pour la
recherche atmosphérique à Boulder, au Colorado, publièrent une étude
méticuleuse « qui montrait qu’ » une seule variable climatique était
responsable pour une grande partie de la baisse des pluies : les
températures de la surface de la mer en hausse dans l’Océan Indien, qui
résultaient d’une accumulation de gaz à effet de serre. "
Le biologiste Tim Flannery note que " malgré l’importance des
implications morales de cette étude, il semble qu’elle soit passée
inaperçue dans les médias internationaux « . Il ajoute que le »
changement climatique du Sahel est emblématique de la situation à
laquelle le monde fait face en général (...) " (Les faiseurs de temps,
Tim Flannery, 2005).
De plus, selon l’ancien secrétaire des Nations Unies, Kofi Annan, déjà
300 000 personnes meurent chaque année du fait de la destruction du climat.
(3) La France est signataire de la Convention pour la prévention et la
répression du crime de génocide, du 9 décembre 1948. Cette Convention s’applique, y compris « en temps de paix » (art. 1). La notion de génocide n’est pas limitée à des caractères raciaux, puisque le génocide s’entend, entre autres, comme l’intention de détruire « un groupe national », y compris « en partie » (art. 2). Ainsi, dans les pays du tiers-monde, même si les classes aisées peuvent éventuellement s’en sortir, cela ne permet pas d’assassiner impunément la population générale...
De plus, l’acte de génocide est « commis dans l’intention de détruire »
des êtres humains. Ici, on voit à l’avance les arguments nauséeux qui ne
vont pas manquer d’être avancés. Si la France développe la production de machines qui détruisent le climat - telles qu’avions et voitures -, ce
n’est pas dans l’intention de détruire des populations entières. Cet
argument est spécieux et ne tient pas à l’analyse. On sait qu’utiliser
des machines qui détruisent le climat... détruit le climat. Et on sait
tout aussi clairement que détruire le climat... détruit des êtres humains.
S’il fallait accepter une telle défense, alors un meurtrier qui plante
son couteau dans le coeur de sa victime peut affirmer le plus
sérieusement du monde qu’il n’avait pas l’intention de la tuer, il
voulait juste vérifier que son couteau de cuisine est bien aiguisé. Si
l’on utilise une machine dont le principal résultat consiste à
assassiner des populations entières, le fait que cette machine serve
aussi à prendre ses vacances à une minorité d’humains peut difficilement
être considéré comme une bonne raison de procéder au massacre.
Enfin, d’après la Convention, le procédé utilisé par les génocidaires
peut consister en la " soumission intentionnelle du groupe à des
conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale
ou partielle " (art. 2, c)). Clairement, le fait de détruire le climat
qui permet à un groupe de cultiver ses champs, et donc de se nourrir,
constitue un acte de génocide.
(4) Pour les germanistes, la version originale est encore plus
impressionnante, particulièrement du point de vue des euphémismes
employés, un autre parallèle avec l’époque actuelle. Der Spiegel
rapporte ce fait historique en précisant que Goebbels trouvait que " die
allgemeine Reizbarkeit deutlich zugenommen hatte « ( »l’irritabilité
générale avait clairement augmenté").
(5) Zoïa Danilovna Brouk, inspecteur de la préservation de la nature,
dans La supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, Svetlana Alexievitch, 1997.
(6) Il est presque drôle, quelque part, de se rendre compte à quel point
cette notion de génocide est finalement évidente, et déjà présente en
filigrane dans le discours de nombreuses personnes traitant de ce sujet,
mais nous ne voulons pas le voir. Et cette auto-critique est tellement
insupportable que soit la responsabilité de ce génocide n’est pas
évoquée, soit l’épouvantail habituel - George Bush - sert de bouc émissaire.
Ainsi, et cette liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut, Michel
Rocard, au détour d’une phrase, parle d’" assassinat collectif de la
planète " ;
les journalistes britanniques Mark Lynas et George Monbiot
parlent, respectivement, de " crime, plus innommable que même le plus
cruel des génocides « pour lequel il n’y a pas d’excuse car » comme
l’ont établi les procès de Nuremberg après la guerre, l’ignorance ne
peut être utilisée comme défense (...) « , et de » crime contre
l’humanité " ;
le climatologue James Hansen, de renommée mondiale,
parlant de la disparition d’espèces vivantes, fait une comparaison dont
la référence humaine n’est pas un hasard : il dit que " si nous ne
pouvons pas stopper la construction supplémentaire de centrales à
charbon, ces trains transportant du charbon seront des trains de la mort, pas moins répugnants que s’il s’agissait de wagons à bestiaux se
dirigeant vers les fours crématoires, chargés d’un nombre incalculable
d’espèces irremplaçables « , et il ajoute par ailleurs que » les patrons
des entreprises produisant de l’énergie à partir de ressources fossiles
savent ce qu’ils font et sont conscients des conséquences à long terme
s’ils continuent sur ce chemin. A mon avis, ces patrons devraient être
jugés pour crimes contre l’humanité et la nature " ;
Joe Romm, un ancien de l’administration Clinton et excellent connaisseur des questions climatiques, parle également « d’un crime impardonnable contre l’humanité » ;
David Suzuki, écologiste très en vue au Canada, déclare que « quand vous dirigez un pays dont tous les grands scientifiques ou économistes vous disent qu’il faut agir et que vous ne faites rien, vous devez être jugé et peut-être même accusé de crime contre l’humanité » ;
enfin, parlant de l’« adaptation au dérèglement climatique » prônée par certains économistes, qui consiste à ne rien changer à nos modes de vie, le biologiste Tim Flannery estime qu’une « adaptation de cette sorte est un génocide » ;
les polytechniciens Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean préviennent que « si nous associons difficilement des milliards de morts à un changement climatique de grande ampleur, ce n’est pas que le risque est inexistant », et par rapport aux changements de société nécessaires, ils demandent s’il fallait « conserver les camps de concentration pour ne pas mettre au chômage tous ceux qui vivaient de la déportation ».
(Michel Rocard, France Inter, 22.7.09, cité par La Décroissance, 9.2009 ; Six Degrees, Mark Lynas, 2007 ; One Shot Left, George Monbiot, The Guardian, 25.11.08 ; Coal Mining : President and CEO, 21.11.07, et Global Warming Twenty Years Later : Tipping Points Near, 23.6.2008, James Hansen www.columbia.edu/~jeh1/ ; Pew Center : Bush team at Poznan doing « a very good job, actually, of representing US interests », comment on this dispatch by Joe Romm, Climate Progress, 13.12.08 ; David Suzuki, cité dans « David Suzuki, télé-écologiste », Martine Jacot, Le Monde, 10.9.09 ; The Weather Makers, Tim Flannery, 2005 ; Le plein s’il vous plaît !, Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean, 2006).
(7) Par contre, nous ne prétendons pas avoir le millième du courage
physique de ces gens qui savaient qu’ils risquaient la torture et la mort.
(8) La promesse de l’aube, Romain Gary, 1960.
(9) L’outil choisi pour opérer ces changements prend la forme d’un parti
politique parce que les associations d’environnement s’interdisent, de
par leurs statuts, d’accéder au pouvoir politique pour... pouvoir
changer les choses. De plus, leurs résultats jusqu’à présent sont
abysmaux. Ainsi, peut-être la « moins pire » des grosses associations en
France est Greenpeace, étant donné que ce sont des adhérents qui la
financent, et non les pires pollueurs de la planète, comme dans le cas
du WWF. Or la critique la plus déchirante qui puisse se faire à l’égard
de Greenpeace se lit... dans leur bulletin d’adhésion. Pour peu que l’on
prenne le temps de lire posément ce qui est écrit noir sur blanc.
En effet, ils nous y apprennent que " depuis 35 ans, Greenpeace (...)
agit pour protéger l’environnement " et que l’association bénéficie
d’une « efficacité reconnue ». Ce qui est un peu embêtant, c’est que
quelques lignes plus loin, ils nous apprennent que " près de 80 % des
forêts primaires de la planète ont été détruites ". Effectivement, avec
de tels chiffres, parler d’« efficacité reconnue » est tout-à-fait
justifié. Plus loin, ils ajoutent que " les flottes de pêche
industrielle ont déjà décimé 90 % des poissons les plus consommés ".
C’est clair, avec de tels résultats, qui oserait encore douter de l’« efficacité reconnue » de Greenpeace ? Et caetera (« Embarquez ! »,
Greenpeace, bulletin d’adhésion non daté distribué en juin 2009).
Nota bene : cette critique est également une auto-critique, étant écrite par une personne qui a travaillé pour Greenpeace et n’a pas fait mieux. La forme « parti politique » ne donne pas d’assurance de succès, mais au moins la direction est la bonne, à savoir le pouvoir politique à travers
le vote des citoyens. Les associations ont depuis longtemps sombré dans le « commentaire sportif » : elles jugent, s’insurgent, réclament, mais
s’interdisent, de par leurs statuts, d’avoir le pouvoir de changer les
choses.
(10) Voilà par exemple ce que peut d’ores et déjà dire une personne
vivant en Inde, s’adressant à nous : " L’incroyable injustice que vous,
les pays développés, avec une population d’un milliard, souhaitez faire,
nous remplit d’horreur (...). Vous les pays développés êtes vraiment
écoeurants dans votre incapacité à changer votre mode de vie
non-soutenable, rester chez vous, être content de la beauté autour de
vous, faire preuve d’intérêt pour vos voisins et leur prodiguer des
soins, et prendre au sérieux vos propres scientifiques (...) Si vous ne
baissez pas drastiquement [votre pollution par les gaz à effet de
serre], vous aurez tout simplement déclaré la guerre aux générations
présentes et futures, avec vos armes climatiques de destruction massive. Vous êtes des êtres humains pitoyables, pitoyables. " L’incroyable injustice, Anandi Sharan, Sujets d’actualité sur le climat, 17.7.09.